Protoxyde d’azote : un document pour identifier les intoxications

© Getty Images - partydrugs with nitrous oxide

Protoxyde d’azote : un document pour identifier les intoxications

Publié le 18 avril 2025
Par Yolande Gauthier
Mettre en favori
L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) et Santé Publique France alertent de nouveau sur les risques liés à l’usage détourné du protoxyde d’azote. Une fiche pour aider les professionnels de santé à détecter les intoxications est proposée.

Le protoxyde d’azote, dit « gaz hilarant » ou « proto », est consommé en grande majorité par des adolescents ou des jeunes adultes qui en ignorent très souvent les dangers. Son usage détourné à des fins récréatives ne cesse d’augmenter depuis quelques années.

Des chiffres en hausse

En 2023, les centres d’évaluation et d’information sur la pharmacodépendance-addictovigilance (CEIP-A) ont reçu 472 signalements liés à la consommation de protoxyde d azote, et les centres antipoison et de toxicovigilance (CAP-TV) 305. Soit respectivement 30 % et 20 % de plus par rapport à 2022. L’analyse des cas montre une augmentation du nombre de femmes consommatrices, ainsi qu’une hausse des usages répétés et prolongés. La moitié des déclarants font part d’une consommation quotidienne, et 9 sur 10 utilisent des bonbonnes de grand volume ou des doses élevées. Pour la première fois, deux signalements ont concerné des nouveau nés présentant des troubles neurologiques à la naissance suite à un usage de leur mère pendant la grossesse.

Les signes d’alerte

Le document « Usage détourné du protoxyde d’azote » élaboré par l’ANSM dresse la liste des symptômes inexpliqués qui doivent faire penser à une inhalation de gaz. En premier lieu, des signes neurologiques évoquant une atteinte centrale ou périphérique comme des troubles de la marche, une paresthésie, une hypoesthésie, une ataxie, des déficits sensitivomoteurs, une myélopathie ou encore des céphalées, vertiges, malaises ou troubles cognitifs.

Des manifestations psychiatriques telles que des hallucinations visuelles ou auditives, de l’agitation, de l’agressivité, de l’anxiété, un état confusionnel, délirant ou amnésique et des troubles de la vigilance mettent également la puce à l’oreille, tout comme des signes thrombotiques veineux, des troubles du rythme cardiaque, une sensation d’oppression ou de douleur thoracique. Des accidents de la voie publique par perte de réflexes ou de sensations et des brûlures liées au froid sont aussi révélateurs.

La vitamine B12, fausse bonne idée

Le protoxyde d’azote est interdit de vente aux mineurs depuis 2021. Le gouvernement est favorable à une interdiction plus large pour tous les particuliers. En cas d’effet indésirable ou de danger, les centres antipoison ou les services d’urgence doivent être rapidement contactés.

Publicité

« Se supplémenter en vitamine B12 n’est pas suffisant pour contrer les effets néfastes du protoxyde d’azote », prévient l’agence de santé. Car elle sera systématiquement neutralisée si l’inhalation de gaz persiste. Les consommateurs dépendants doivent être orientés vers une prise en charge si possible pluridisciplinaire et addictologique.