Méningiomes : désogestrel et lévogestrel finalement à risque ?

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Méningiomes : désogestrel et lévogestrel finalement à risque ?

Publié le 2 juillet 2025
Par Ophélie Milert
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Dans la lignée des évaluations des progestatifs en cours depuis plusieurs années, le groupement d’intérêt scientifique Epi-Phare a publié, en juin, une étude évaluant le risque de méningiome associé au désogestrel et au lévonorgestrel.

En décembre 2024, des données présentées à l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), suggéraient l’absence de surrisque de méningiome chez les utilisatrices de contraceptifs à base de lévonorgestrel mais évoquaient une légère hausse chez les femmes de plus de 45 ans utilisant le désogestrel sur de longues durées. Une nouvelle étude, publiée dans la revue BMJ le 11 juin 2025, vise à préciser cette évaluation, en tenant compte de la durée d’utilisation et des antécédents des patientes.

Une étude française pour évaluer le désogestrel et le lévonorgestrel

Réalisée à partir d’une cohorte de plus de 8 000 femmes opérées d’un méningiome entre 2020 et 2023, l’étude confirme que :

  • le lévonorgestrel, seul ou combiné à un œstrogène, n’est pas associé à un risque significatif de méningiome,
  • le désogestrel présente un risque modéré après plus de 5 ans d’utilisation continue, notamment chez les femmes déjà exposées à d’autres progestatifs à risque,
  • ce risque disparaît après l’arrêt du traitement par désogestrel ou en cas d’utilisation de courte durée.

Les méningiomes observés étaient en grande majorité bénins sur le plan histologique, mais localisés de façon caractéristique (base antérieure ou moyenne du crâne, ou localisations multiples), ce qui renforce la piste du lien de causalité.

Vers une évolution des recommandations ?

Selon les auteurs, il faudrait exposer 67 000 femmes au désogestrel pour qu’un cas de méningiome nécessite une chirurgie, et 17 000 en cas d’usage prolongé. 

Ainsi, des mesures de prévention peuvent d’ores et déjà être mise en place :

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  • le rapport bénéfice-risque doit être évalué au cas par cas,
  • une surveillance est recommandée chez les femmes de plus de 45 ans ou exposées plus de cinq ans,
  • le lévonorgestrel pourrait être préféré pour les contraceptions prolongées, et des méthodes non hormonales envisagées pour les patientes à risque.

Cette étude réaffirme l’importance d’une prescription individualisée, axée sur les antécédents médicaux, l’âge et la durée d’exposition, afin d’assurer une contraception sûre et efficace. Reste à voir si l’ANSM produira de nouvelles recommandations concernant ces molécules.