Fluoroquinolones : une enquête ouverte sur les effets indésirables

Ciprofloxacine, levofloxacine, ofloxacine, par exemple, sont des antibiotiques prescrits depuis plus de trente ans. Mais après le dépôt d’une vingtaine de plaintes, l’an dernier, dénonçant des prescriptions abusives pour des pathologies bénignes comme des infections urinaires, des otites ou des sinusites, le pôle Santé Publique du parquet de Paris a décidé d’ouvrir une enquête pour blessures involontaire et tromperie, les fluoroquinolones ayant entraîné des effets secondaires trop nombreux et parfois irréversibles.

Des prescriptions hors AMM

En 2023, une étude de l’agence européenne du médicament (EMA) évaluait à 2/3 le nombre de prescriptions hors indications prévues par les recommandations. « Compte tenu de la gravité de certains de ces effets, comme une atteinte du système nerveux, des troubles neuropsychiatriques, une affection du système musculosquelettique (douleurs et gonflements au niveau des articulations, inflammation voire rupture des tendons, douleurs et/ou faiblesse au niveau des muscles), et de leur caractère durable dans le temps, invalidant et potentiellement irréversible, l’EMA a réévalué en 2018-2019 le rapport bénéfice/risque des fluoroquinolones. Cette réévaluation a conduit notamment à restreindre leurs indications thérapeutiques et à actualiser leur profil de sécurité d’emploi. »

La société française de pharmacologie appelle à justifier chaque prescription

Le 13 février 2023, la Société française de pharmacologie thérapeutique avait émis un communiqué préconisant d’éviter les fluoroquinolones en pratique courante. Si la Société savante listait les nombreux les nombreux effets indésirables. Elle rappelait également les risques d’antibiorésistance liés à ces antibiotiques : « Ils vont être actifs sur de nombreux types de bactéries, avec pour conséquence l’apparition de résistance aux antibiotiques (antibiorésistance). C’est une des raisons supplémentaires de réserver les fluoroquinolones uniquement aux infections sévères. Depuis cette demande des messages apparaissent dans le logiciel d’aide à la prescription. » Aujourd’hui, la société française de pharmacologie thérapeutique (SFPT) maintient ces positions. « Le rapport bénéfice/risque est défavorable dans les infections prises en charge en ville. Ces médicaments ne doivent pas être prescrits en première intention mais uniquement s’il n’y a pas d’alternative thérapeutique ou dans des cas d’infection bactérienne compliquée en milieu hospitalier. », explique Laurent Chouchana, pharmacologue et membre de la (SFPT).