Homéopathie : les critères d’évaluation pour le remboursement enfin fixés

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Homéopathie : les critères d’évaluation pour le remboursement enfin fixés

Publié le 18 mars 2019
Par Anne-Hélène Collin
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La commission de la transparence de la Haute Autorité de santé (HAS) peut s’attaquer au fond du problème : les règles d’évaluation et de prise en charge des médicaments homéopathiques viennent d’être fixées par décret et publiées dans le Journal Officiel du 17 mars 2019. Et le chantier sera important puisque la commission devra évaluer tous les médicaments homéopathiques pris en charge par l’Assurance maladie à ce jour.

La commission pourra rendre un avis global commun à l’ensemble des médicaments homéopathiques, ou à un ensemble de médicaments homéopathiques regroupés par catégorie homogène (le cas échéant en fonction de situations thérapeutiques). « L’appréciation du bien-fondé de la prise en charge prend principalement en compte l’efficacité des médicaments concernés, leurs effets indésirables, leur place dans la stratégie thérapeutique, notamment au regard des autres thérapies disponibles, la gravité des affections auxquelles ils sont destinés et leur intérêt pour la santé publique », précise le décret.

Toutefois, des restrictions sont déjà imposées. L’Assurance maladie ne remboursera pas les médicaments homéopathiques :

– dont le bien-fondé de la prise en charge n’est pas établi,

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– dont le conditionnement, l’étiquetage ou la publicité auprès des professionnels de santé font mention d’une utilisation non thérapeutique,

– susceptibles d’entraîner des hausses de consommation ou des dépenses injustifiées ou ne respectant pas les lois et règlements relatifs à la publicité,

– dont le prix ne serait pas justifié eu égard à l’amélioration thérapeutique qu’ils apportent,

– dont les forme, dosage ou présentation ne sont pas justifiés par l’utilisation thérapeutique.

Alors que la menace de déremboursement des médicaments homéopathiques continue de planer, le groupe Boiron a publié le 13 mars 2019 un résultat opérationnel pour 2018 en baisse de 15,2 % par rapport à 2017. Une perte que le leader du marché homéopathique explique par un recul des ventes et une hausse des coûts de production et de promotion.

Au laboratoire et à ses salariés qui s’inquiètent de la perte d’emplois que pourrait engendrer un déremboursement de ces produits, « je n’y crois pas ! » a répondu sans hésitation Agnès Buzyn, ministre de la Santé, aux micros du Grand Jury de RTL, Le Figaro, LCI le dimanche 17 mars, estimant que 80 % de la production française homéopathique était destinée à l’exportation. « D’autre part je rappelle que ce sont des produits très peu chers, qui sont parfois de l’ordre de 1 ou 2 €, et donc ceux qui voudront les acheter pourront continuer à les acheter. » A condition que les laboratoires n’augmentent pas leurs prix, comme c’est souvent le cas après déremboursement.