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Déprescription : les psychotropes au cœur de la stratégie
L’agence régionale de santé (ARS) et l’Omédit du Grand Est ont organisé le 20 mars 2025 à Strasbourg (Bas-Rhin) un colloque sur la déprescription. Cette pratique qui a fait irruption dans la convention médicale de 2024 en appelle à la contribution des pharmaciens d’officine.
Les médicaments psychotropes constituent un objectif prioritaire de déprescription. « Cela doit se faire lentement et avec méthode si possible de manière hyperbolique », indique Fabrice Berna, professeur au CHRU de Strasbourg. Selon lui, les antipsychotiques ne sont pas nécessairement des traitements à vie : on peut tenter de les déprescrire dans différentes situations.
Pour ce qui concerne les antidépresseurs, Nadine Bertoni, psychiatre à Nancy (Meurthe-et-Moselle) rappelle d’abord que seuls les états dépressifs d’intensité modérée à sévère nécessitent la prescription d’un médicament. « Pour déprescrire, la démarche doit être progressive en s’adaptant aux particularités pharmacocinétiques de l’antidépresseur, à la durée de traitement, à la dose et au patient lui-même », précise-t-elle. Les facteurs de risque d’un syndrome de sevrage sont notamment une demi-vie courte (paroxétine et venlafaxine), des posologies élevées, une réduction des doses rapides. À ce stade, il est important de distinguer syndrome de sevrage et rechute dépressive, qui se manifestent tous deux par l’anxiété et la dégradation de l’humeur. Dans le sevrage, ces symptômes sont transitoires. Ils surviennent rapidement, soit 24 à 72 heures après l’arrêt ou la réduction de dose et l’amélioration est rapide (sous 1 à 3 jours). Quant à la rechute dépressive, elle survient le plus souvent plus de 2 à 3 semaines après l’arrêt et les symptômes s’aggravent de manière progressive. Pour l’aide au sevrage, Fabrice Berna estime qu’il est possible d’avoir recours à un placebo présenté comme tel au patient.
Des appuis non pharmacologiques
Pour les benzodiazépines et hypnotiques, les doses sont réduites de manière graduée en accord avec le patient. C’est en ce sens qu’une pratique de la déprescription accompagnée en pharmacie d’officine vient d’être généralisée en Belgique. Initiée sans urgence et à un moment opportun pour le patient, la réduction de dose peut être de 25 % toutes les deux semaines et de 12,5 % en arrivant en fin de traitement. À ce stade, il est possible de planifier des jours sans prise de médicament. Insomnie, anxiété, sudation et troubles gastro-intestinaux peuvent survenir, de manière légère et pendant quelques jours à quelques semaines.
Pour gérer l’insomnie, une approche non pharmacologique est proposée. Basées sur la relaxation, les habitudes de sommeil et aussi un contrôle de la pensée, les techniques de thérapie cognitivo-comportementales de l’insomnie (TCCi) entrent en jeu. Si les symptômes réapparaissent, un maintien de la dose de benzodiazépine est envisagé pendant 1 à 2 semaines, puis la réduction des doses est reprise de manière graduelle.

