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Un anticholinergique dans la BPCO

Publié le 23 avril 2016
Par Anne Drouadaine
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Incruse, à base d’uméclidinium, est le 3e bronchodilatateur de longue durée d’action utilisable dans le traitement continu de la bronchopneumopathie chronique obstructive. Son dispositif d’inhalation, Ellipta, est le même que pour la spécialité Relvar (fluticasone, vilantérol) également indiquée dans la BPCO.

INDICATION

Composé d’un anticholinergique, l’uméclidinium Incruse est indiqué chez l’adulte en traitement bronchodilatateur continu pour soulager les symptômes de la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO).

En l’absence d’études, il ne doit en revanche pas être utilisé chez les patients souffrant d’asthme.

POSOLOGIE

• La dose recommandée est de une inhalation une fois par jour, correspondant à 55 µg d’uméclidinium, chaque jour à la même heure pour maintenir la bronchodilatation.

• Pour prendre une dose, faire glisser le couvercle vers le bas jusqu’à entendre un clic. Le médicament peut être administré et le compteur de doses affiche déjà une dose de moins. Tenir l’inhalateur éloigné de la bouche. Expirer autant que possible, puis serrer les lèvres autour de l’embout buccal. Inspirer profondément, puis retenir son souffle aussi longtemps que possible (au moins 3-4 secondes). Retirer l’inhalateur et expirer lentement et doucement. L’embout buccal peut ensuite être nettoyé à l’aide d’un chiffon sec. Puis, fermer le couvercle.

CONTRE-INDICATIONS

L’hypersensibilité à l’uméclidinium ou à un excipient (présence de lactose) contre-indique la prise d’Incruse.

GROSSESSE ET ALLAITEMENT

• L’utilisation d’Incruse chez une femme enceinte ne doit être envisagée que si les bénéfices attendus pour la mère justifient les risques éventuels pour le fœtus.

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• L’allaitement ou le traitement par Incruse doit être interrompu au regard du bénéfice de l’allaitement pour l’enfant par rapport au bénéfice du traitement pour la mère.

EFFETS INDÉSIRABLES

• Des signes respiratoires sont fréquemment rapportés: rhinopharyngite, infection des voies respiratoires supérieures, sinusite.

• Parmi les autres effets indésirables fréquemment mentionnés, on note l’apparition de céphalée, de toux, de tachycardie et d’infection urinaire.

• En raison du risque d’effets cardiovasculaires, Incruse doit être utilisé avec précaution chez les patients présentant une pathologie cardiovasculaire sévère, en particulier des arythmies cardiaques.

• Du fait de son activité antimuscarinique, utiliser Incruse avec prudence chez les patients présentant une rétention urinaire ou un glaucome à angle fermé.

INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES

• Du fait de la faible concentration plasmatique obtenue après administration par voie inhalée, le risque d’interactions médicamenteuses aux doses cliniques est faible.

• Cependant, l’utilisation d’autres antagonistes muscariniques de longue durée d’action (voir tableau ci-dessous) n’est pas recommandée en raison de la potentialisation du risque de survenue des effets indésirables.

CONSERVATION

• A une température ne dépassant pas 30 °C et à l’abri de l’humidité dans la barquette scellée jusqu’à la première utilisation.

• Si Incruse est gardé au réfrigérateur, le laisser à température ambiante pendant au moins une heure avant utilisation.

DITES-LE AU PATIENT

– Sortir l’inhalateur de sa barquette scellée seulement lorsque le patient est prêt à l’entamer. Indiquer la date à compter de laquelle l’inhalateur ne doit plus être utilisé, soit 6 semaines après l’ouverture de la barquette.

– Le patient peut ne pas ressentir le produit, ni son goût, même en cas d’utilisation correcte du dispositif.

– L’administration d’Incruse peut entraîner un bronchospasme paradoxal pouvant mettre en jeu le pronostic vital du patient. En cas d’apparition de bronchospasme, le traitement doit être interrompu.

– En cas de douleur ou gêne au niveau de l’œil (vision floue, halos visuels…), arrêter le traitement et consulter un médecin car il peut s’agir d’une crise de glaucome aigu à angle fermé.

FICHE TECHNIQUE

Poudre blanche pour inhalation, 55 µg de principe actif en récipient unidose (dans un inhalateur gris Ellipta avec un couvercle vert clair et un compteur de doses), liste I, remb. SS à 65 %.

Boîte de 1 inhalateur (30 doses), 30,47 €, AMM : 34009 300 046 4 7

GlaxoSmithKline : 01 39 17 80 00

Les prix sont mentionnés hors honoraires de dispensation.

L’AVIS DE LA HAS

• Service médical rendu important.

• Pas d’amélioration du service médical rendu (ASMR V) par rapport aux autres bronchodilatateurs anticholinergiques de longue durée d’action.

• Population cible estimée à 2 400 000 patients.

LA BPCO

Qu’est-ce que c’est ?

La bronchopneumopathie chronique obstructive, ou BPCO, est une maladie respiratoire chronique. La BPCO se manifeste par des signes d’insuffisance respiratoire liés à une obstruction des voies aériennes : dyspnée, toux et expectorations. Le fait que la dyspnée survienne dans un premier temps uniquement à l’effort explique que la maladie soit souvent ignorée par le patient à ses débuts. La dyspnée s’aggrave ensuite progressivement jusqu’à survenir également au repos. La BPCO évolue sous la forme d’exacerbations, définies par une augmentation brutale des symptômes, et ce soit pendant plus de 48 heures, soit nécessitant un changement de traitement. Les exacerbations, qui aggravent la maladie, sont souvent liées à une infection bactérienne ou virale.

Comment la diagnostique-t-on ?

Les recommandations GOLD (Global initiativ for chronic Obstructive Lung Disease) se basent sur la « mise en évidence, après administration d’un bronchodilatateur, d’un rapport volume expiratoire maximal par seconde [VEMS] sur capacité vitale [CV] inférieur à 70 % ». La sévérité de la BPCO dépend de la valeur du VEMS : léger (supérieur à 80 %), modéré (entre 50 et 80 %), sévère (entre 30 et 50 %) ou très sévère (inférieur à 30 % ou à 50 %) avec insuffisance respiratoire chronique).

Qui touche-t-elle ?

Selon les estimations, environ 3 à 3,5 millions de personnes en France. La BPCO concerne essentiellement les patients fumeurs de plus de 40 ans ; avec l’augmentation du tabagisme chez les femmes, ces dernières sont de plus en plus concernées. Dans 20 à 25 % des cas, les patients sont toutefois non fumeurs. En dehors ou en plus du tabagisme, la BPCO peut avoir pour origine une exposition professionnelle à certains produits toxiques : personnes travaillant dans le bâtiment, l’industrie minière, l’agriculture, le textile…

DELPHINE GUILLOUX

PHARMACOLOGIE

1 Comment agit la molécule ?

• L’uméclidinium est un antagoniste des récepteurs muscariniques à l’acétylcholine (dont on connaît 5 types, notés M1 à M5) : il appartient au groupe des médicaments que caractérisent leurs propriétés « anticholinergiques ». Ce dérivé de la quinuclidine agit sur de nombreux sous-types de récepteurs cholinergiques muscariniques mais particulièrement sur les récepteurs M3 des bronches.

• Il exerce son activité bronchodilatatrice par inhibition compétitive de la liaison de l’acétylcholine aux récepteurs cholinergiques M3 exprimés au niveau des fibres musculaires lisses bronchiques. Couplés à la phospholipase C, ces récepteurs expliquent la bronchoconstriction induite par l’acétylcholine.

• La réversibilité de l’action de l’uméclidinium est relativement lente, ce qui explique son action prolongée.

2 Son action est-elle originale ?

• L’uméclidinium a le même mode d’action que d’autres médicaments déjà commercialisés, indiqués dans le traitement symptomatique de l’asthme ou de la BPCO (voir p. 22).

• Il existe déjà des anticholinergiques de longue durée d’action (glycopyrronium, tiotropium) : cette molécule nouvellement commercialisée ne constitue pas une innovation, mais une simple alternative.

3 Quel est le verdict des études cliniques ?

• L’efficacité et la tolérance de l’uméclidinium ont été évaluées dans deux études pivot de phase III versus placebo et deux études post-AMM versus deux bronchodilatateurs anticholinergiques de longue durée d’action (tiotropium 18 µg/j et glycopyrronium 44 µg/j), toutes étant randomisées et réalisées en double aveugle (sauf pour l’étude versus glycopyrronium).

• Les études versus placebo ont montré la supériorité de l’uméclidinium en terme de variation du volume expiratoire maximal par seconde (VEMS) pré-dose moyen après 12 et 24 semaines. Le VEMS pré-dose est mesuré avant l’inhalation du traitement et permet d’évaluer à long terme son bénéfice sur la capacité respiratoire.

• L’uméclidinium a été par ailleurs non inférieur au tiotropium en terme de variation du VEMS pré-dose moyen à la semaine 24 (il est même supérieur mais la différence observée n’est pas cliniquement pertinente). Il est, de même, non inférieur au glycopyrronium en terme de variation du VEMS pré-dose moyen à la semaine 12.

DENIS RICHARD