Livtencity, traitement de l’infection à CMV

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Livtencity, traitement de l’infection à CMV

Publié le 17 mai 2025
Par Yolande Gauthier
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Le médicament orphelin Livtencity, qui a bénéficié d’autorisations temporaires d’utilisation puis d’un accès précoce, est un traitement de dernier recours contre les infections à cytomégalovirus.

Premier de sa lignée, Livtencity (maribavir) inaugure une nouvelle classe d’antiviraux, celle des dérivés benzimidazolés ribosides.

Indications

Traitement de l’infection et/ou de la maladie à cytomégalovirus (CMV) réfractaire (avec ou sans résistance) à un ou plusieurs traitements antérieurs, y compris le ganciclovir, le valganciclovir, le cidofovir ou le foscarnet chez les patients adultes ayant reçu une greffe de cellules souches hématopoïétiques ou une greffe d’organe solide.

Mode d’action

Le maribavir est un inhibiteur compétitif de la protéine kinase UL97 qui cible spécifiquement la sérine/thréonine kinase impliquée dans différentes étapes du cycle de vie du CMV. Il inhibe ainsi la réplication, la maturation, l’encapsidation et la sortie nucléaire de l’ADN du CMV.

Posologie

Deux comprimés à prendre 2 fois par jour, soit une dose quotidienne de 800 mg, pendant 8 semaines. Cette durée de traitement peut être individualisée selon les caractéristiques cliniques de chaque patient.

Dites-le au patient

  • Si une dose est oubliée et que la prochaine prise est prévue dans les 3 heures qui suivent, poursuivre le traitement selon le schéma habituel sans rattraper la dose omise.
  • Le comprimé peut être pris avec ou sans nourriture, entier ou écrasé, éventuellement par sonde nasogastrique ou orogastrique.

Contre-indications

Coadministration avec le ganciclovir ou le valganciclovir (antagonisme d’action).

Hypersensibilité à l’un des composants.

Grossesse et allaitement

Livtencity n’est pas recommandé pendant la grossesse ni chez les femmes en âge de procréer qui n’utilisent pas de contraception.

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L’allaitement devra être interrompu durant le traitement.

Effets indésirables

Une altération du goût, des nausées, de la diarrhée, des vomissements et de la fatigue surviennent très souvent durant le traitement.

Interactions médicamenteuses

Association avec les inducteurs puissants du CYP3A (rifampicine, rifabutine, millepertuis, etc.) non recommandée : risque de diminution de l’efficacité du maribavir. Si la coadministration avec des inducteurs puissants ou modérés du CYP3A (carbamazépine, phénobarbital, phénytoïne, etc.) ne peut pas être évitée, la posologie de Livtencity doit être augmentée à 1 200 mg 2 fois par jour.

Éviter l’administration concomitante avec des substrats sensibles du CYP1A2 à marge thérapeutique étroite (théophylline, par exemple), dont l’efficacité peut être réduite.

Surveillance fréquente des concentrations des immunosuppresseurs substrats du CYP3A/de la glycoprotéine P (P-gp) à marge thérapeutique étroite (tacrolimus, ciclosporine, etc.) : risque d’augmentation de leur concentration.

Prudence avec les substrats sensibles de la P-gp (digoxine, dabigatran, notamment), de la BCRP, dont la rosuvastatine, ou de l’OAT3 (ciprofloxacine, entre autres).

L’avis de la HAS

– Service médical rendu important.

– Amélioration du service médical rendu mineure (ASMR IV).

– Population cible estimée à 2 150 patients par an au maximum.

Délivrance

– Liste I.

– Médicament soumis à prescription hospitalière.

Fiche technique

Maribavir 200 mg pour un comprimé pelliculé bleu et ovale, flacon de 28, 5 789,22 €, remb. SS à 65 %, AMM : 34009 302 624 9 8.

Takeda : commande directe au 01 40 67 34 34

Les prix sont mentionnés hors honoraires de dispensation.

L’infection à cytomégalovirus

Le cytomégalovirus (CMV) est un virus responsable d’infections le plus souvent asymptomatiques, mais qui peut avoir de graves conséquences chez la femme enceinte (risque malformatif pour l’enfant à naître) et chez les personnes immunodéprimées. On parle d’infection à CMV en cas de réactivation asymptomatique du virus et de maladie à CMV en cas de réactivation symptomatique.

Qu’est-ce que le CMV ?

Le cytomégalovirus est un virus à ADN de la famille des Herpesviridae, au même titre qu’Herpes simplex, le virus varicelle-zona, celui d’Epstein-Barr, etc. Après la primo-infection, le CMV entre en phase de latence. Il peut alors se réactiver à tout moment, particulièrement chez les patients immunodéprimés. La transmission du virus, strictement interhumaine, se fait essentiellement par contact rapproché via les liquides biologiques : salive principalement mais également lait maternel, urines, sperme, etc. ou encore par voie transplacentaire. En cas de greffe, l’infection peut être due à la réactivation du virus déjà présent dans l’organe transplanté.

Comment se manifeste l’infection à CMV ?

La primo-infection est le plus souvent asymptomatique ou paucisymptomatique chez le patient immunocompétent. Elle est toutefois symptomatique dans 10 % des cas environ avec l’apparition d’un syndrome mononucléosique pouvant associer fièvre, fatigue, pharyngite et adénopathies. Chez le patient immunodéprimé, la maladie à CMV se manifeste généralement par des céphalées, des douleurs abdominales avec diarrhées, des arthralgies et/ou des éruptions cutanées, et peut être associée à des manifestations viscérales qui touchent l’organe transplanté ou d’autres organes. En effet, lorsque la réplication virale s’étend dans un organe, la maladie peut se traduire, selon l’organe concerné, par une hépatite, une pneumopathie, une encéphalite… La gravité du CMV chez le patient immunodéprimé est également due au déficit immunitaire induit par le virus et qui favorise la survenue d’autres infections.

Delphine Guilloux