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Covid-19 & santé mentale : où en est-on ?

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L’épidémie de Covid-19 et ses conséquences sanitaires, économiques et sociales ont un impact sur la santé mentale des populations. Depuis le début de la crise, les équipes officinales sont en première ligne. Quels sont ses troubles, comment accompagner les patients, que nous apprend l’étude CoviPrev de Santé Publique France ? Vous trouverez les réponses ici !

Quels troubles psychiques ?

Depuis bientôt un an, le monde entier vit au rythme de l’épidémie de Covid-19. Gestes barrières, télétravail, état d’urgence, confinement, couvre-feu… : ces termes sont devenus familiers pour la plupart d’entre nous. Cependant, la mise en place des différentes mesures et l’incertitude face à l’avenir s’accompagnent de l’apparition ou de l’aggravation d’un certain nombre de troubles psychiques.

La crise sanitaire, économique et sociale que nous traversons a également des conséquences sur notre santé mentale : stress, anxiété, troubles du sommeil, baisse des performances cognitives, instabilité émotionnelle, dépression... Aucune tranche d’âge, aucun milieu socio-professionnel ne semble épargné.

En ces temps de pandémie, plusieurs études épidémiologiques se sont intéressées à la santé mentale. Ainsi, l’enquête Coclico (Coronavirus containment policies and impact on the population’s mental health) est un projet international visant à évaluer l’impact du confinement sur la santé mentale. En France, la première vague d’enquête en population générale a été menée entre le 3 et 14 avril 2020. 3 200 adultes âgés de 18 ans ou plus ont répondu au questionnaire proposé : la survenue d’une détresse psychologique est observée chez 33 % des répondants, dont 12 % présentent une détresse d’intensité sévère(1). Deux autres vagues d’enquête ont été menées en population générale (respectivement du 27 avril au 6 mai 2020 et du 22 au 30 juin 2020) mais les résultats ne sont pas encore connus. En parallèle, l’enquête Coclico s’est focalisée sur les personnes vivant avec une maladie chronique ou un handicap, au cours d’une vague unique d’enquête du 21 avril au 11 mai 2020. 1 195 adultes âgés de 18 ans ou plus ont répondu au questionnaire proposé : la survenue d’une détresse psychologique est observée chez 57 % des répondants, dont 24 % présentent une détresse d’intensité sévère(2).

De même, l’enquête CoviPrev, menée par Santé Publique France depuis le 23 mars 2020, suit l’évolution des comportements et de la santé mentale pendant l’épidémie de Covid-19 et les compare aux résultats obtenus hors épidémie. La vague d’enquête du 18 au 20 janvier 2021 montre que 75,8 % des personnes interrogées sont satisfaits de leur vie actuelle (vs 84,5 % hors épidémie), 19,2 % souffrent d’anxiété (vs 13,5 % hors épidémie), 19,5 % souffrent de dépression (vs 10 % hors épidémie), et 67 % souffrent de troubles du sommeil (vs 49,4 % hors épidémie)(3).

ÉVOLUTION DES INDICATEURS DE SANTÉ MENTALE PENDANT L’ÉPIDÉMIE DE COVID-19

D’après les données de l’enquête CoviPrev - Santé Publique France, France métropolitaine, janvier 2021(3)
Tableau 1 « Prévalences et évolutions des indicateurs de santé mentale pendant l’épidémie de COVID-19 »


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La pandémie de Covid-19 a un impact direct sur l’évolution des troubles de la santé mentale des Français, impact qui semble s’accentuer en 2021.

QUELLES PLAINTES AU COMPTOIR ?

« Je ne dors plus », « Je n’ai plus envie de rien », « Je n’ai plus de patience avec mes enfants », « Je n’arrive plus à me concentrer au travail », « J’ai peur de perdre mes proches ». Ces quelques phrases, vous les entendez tous les jours au comptoir, mais aussi au sein de votre équipe ou de votre famille.

QUE DIRE AUX PATIENTS ?

Que l’on soit patient ou soignant, quelques conseils peuvent aider à lutter contre le stress et se sentir mieux : prendre du recul, respirer, méditer ; échanger avec ses proches, la parole libère et apaise ; garder un mode de vie sain, manger équilibré, pratiquer une activité physique régulière, dormir suffisamment ; être indulgent avec soi-même et les autres, chacun vit la situation différemment ; demander de l’aide si besoin, à un proche ou un professionnel de santé.

SOURCES
1. Gandré C., Coldefy M., et Rochereau T. (2020). « Les inégalités face au risque de détresse psychologique pendant le confinement. Premiers résultats de l’enquête COCLICO du 3 au 14 avril 2020. » Questions d’économie de la santé, n° 249, juin. Disponible sur : https://www.irdes.fr/recherche/questions-d-economie-de-la-sante/249-les-inegalites-face-au-risque-de-detresse-psychologique-pendant-le-confinement-premiers-resultats-enquete-coclico.pdf 2. Gandré C., Espagnacq M., Coldefy M., Radoszycki L. et Testa D. (2021). « Détresse psychologique pendant le premier confinement lié à la Covid-19 : des facteurs de vulnérabilité spécifi ques aux personnes vivant avec une maladie chronique ou un handicap. » Questions d’économie de la santé, n° 255, février. Disponible sur : https://www.irdes.fr/recherche/questions-d-economie-de-la-sante/255-detresse-psychologique-pendant-le-premier-confinement-lie-a-la-covid-19.pdf 3. https://www.santepubliquefrance.fr/etudes-et-enquetes/coviprev-une-enquete-pour-suivre-l-evolution-des-comportements-et-de-la-sante-mentale-pendant-l-epidemie-de-covid-19#block-249162 consulté à la date du 12 février 2021.

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Comment mieux accompagner les patients au comptoir ?

L’épidémie de Covid-19 et ses conséquences sanitaires, économiques et sociales ont un impact sur la santé mentale des populations (voir notre article précédent). Depuis le début de la crise, les équipes officinales sont en première ligne et constatent chaque jour une augmentation du stress, de l’anxiété, des troubles du sommeil, ainsi qu’une baisse de la motivation, de la concentration, des performances. Comment réagir, que dire, que faire face à la détresse psychologique des patients ?

Ce qui est sûr, c’est que recevoir les émotions d’autrui n’est jamais facile. Chaque patient est différent et vit la pandémie à sa manière…

Thierry, 75 ans, retraité
« J’ai peur de tomber malade et de mourir du Covid-19 »
Estelle, 35 ans, infirmière
« Je suis exténuée, aussi bien sur le plan physique que psychologique »
Sarah, 21 ans, étudiante
« Je déprime complètement devant mes cours en visio »
Pierre, 43 ans, entrepreneur
« Je dors très mal en ce moment. L’avenir me semble si incertain ! »

À FAIRE :

  • S’adapter au patient que l’on a en face de soi
  • Faire preuve d’empathie :
    « je comprends ce que vous ressentez »
  • Écouter… et surtout entendre ce que le patient nous dit
  • Faire preuve d’empathie tout en restant technique : la protection des plus fragiles et le respect des gestes barrières doivent rester la priorité de l’officine.

À NE SURTOUT PAS FAIRE :

  • Minimiser : « ce n’est rien, ça va passer »
  • Parler de ses propres émotions :
    « moi aussi, je dors mal en ce moment, les patients sont difficiles… »
  • Donner son avis sur la pandémie ou les mesures gouvernementales
  • Tenir un discours pessimiste :
    « on en a encore pour des mois ! »

DITES LEUR EGALEMENT :

1
De faire des pauses de quelques minutes pour mieux repartir
2
D’en parler autour de soi pour se sentir moins seul
3
De partager ses solutions pour aider d’autres personnes en situation de mal-être
4
Savoir se faire aider quand le besoin se fait sentir

L’officinal apporte un soutien psychologique important aux patients mais il doit également apprendre à passer la main à des professionnels du secteur de la santé mentale.



PO8631-02/21

Des chiffres éloquents !

Covid-19, quels changements dans le comportement des Français ?

L’enquête CoviPrev(1), menée par Santé Publique France depuis le début de la crise sanitaire en mars 2020, a mis en évidence une évolution des comportements, parfois à contre-courant des recommandations pour une vie saine. Le pharmacien joue un rôle essentiel dans l’éducation à la santé et la prévention.

Ci-dessous, quelques chiffres obtenus pendant le premier confinement :

Consommation de tabac

  • 27 % déclarent qu'elle a augmenté
  • 55 % déclarent qu'elle est stable
  • 19 % déclarent qu'elle a diminué

Consommation d'alcool

  • 11 % déclarent qu'elle a augmenté
  • 65 % déclarent qu'elle est stable
  • 24 % déclarent qu'elle a diminué

Evolution du poids

  • 27 % déclarent qu'elle a augmenté
  • 11 % déclarent qu'elle est stable
  • 62 % déclarent qu'elle a diminué

Grignotage entre les repas

  • 22 % déclarent grignoter plus que d'habitude
  • 17 % déclarent moins que d'habitude
  • 61 % n'ont rien changé

Evolutions dans les activités physiques

  • 57,6 % ont fait moins des 30 min jour d’activité physique recommandées pendant le confinement
  • 47,4 % des personnes ont déclaré une diminution de leur activité physique dans son ensemble comparé à leurs pratiques d'avant le confinement

Marche

  • 58,9 % des personnes ont déclaré une diminution de la marche comparée à leurs pratiques d'avant le confinement

Activité sportive

  • 37,1 % des personnes ont déclaré une diminution de leur activité sportive comparée à leurs pratiques d'avant le confinement

Temps passé assis

  • Pendant le confinement, le temps moyen passé assis a été de 6h19 par jour
  • Une augmentation du temps passé assis a par ailleurs été perçue par 61,4 % des personnes.

Temps d’écran

  • Le temps moyen passé devant un écran pendant le temps libre a été de 5h par jour
  • Une augmentation du temps d’écran pendant le temps libre a été déclarée par 59,0 % des personnes

Et aussi des chiffres positifs !

Cuisiner des plats-maison

  • 37 % déclarent cuisiner des plats-maison plus que d’habitude
  • 4 % moins que d’habitude
  • 59 % n’ont rien changé


PO8653 – 02/21