Le calendrier vaccinal 2024 : quelles sont les nouveautés ?
Publié le 26 avril 2024, le nouveau calendrier vaccinal met à jour les recommandations vaccinales pour l’année à venir. Quels sont les changements opérés ? Quelles pathologies sont concernées ? De nouveaux vaccins sont-ils recommandés ? Que retenir pour le pharmacien ?
Faisant suite à la loi de financement de la Sécurité Sociale pour 2023, l’élargissement des compétences vaccinales du pharmacien lui a permis depuis août 2023 de prescrire et d’administrer les vaccins mentionnés au calendrier vaccinal chez les personnes âgées de 11 ans et plus. Quelques changements notables sont à prendre en compte par le pharmacien.
A savoir
Le carnet de vaccination électronique est désormais inclus dans l’espace numérique « Mon espace santé » et permet de faire le point sur les vaccins réalisés ainsi que sur les prochaines échéances.
De nouvelles recommandations et de nouveaux vaccins
Par rapport au calendrier vaccinal 2023, de nouvelles recommandations ont été émises par les autorités de santé. Elles concernent notamment 4 vaccinations :
- Covid-19 : alors qu’en 2023 les pharmaciens ont été amenés à suivre au jour le jour les recommandations dans le cadre du Covid-19, deux fenêtres de vaccination ont été ouvertes : l’une à l’automne pour les personnes âgées de 65 ans et plus ainsi que pour les personnes à risque de forme grave, et une autre au printemps pour une dose supplémentaire chez les personnes de 80 ans et plus, les personnes immunodéprimées et les résidents en EHPAD et USLD (unité de soins de longue durée).
- Méningocoques : dans un contexte d’augmentation des cas d’infections invasives à méningocoques, la vaccination tétravalente ACWY est désormais recommandée chez le nourrisson et les adolescents âgés de 11 à 14 ans, avec un rattrapage chez les 15 à 24 ans révolus. Jusqu’ici, seul le sérogroupe B était concerné.
- Pneumocoques : trois vaccins sont désormais disponibles, les vaccins conjugués 13 et 15 valents étant réservés à la vaccination du nourrisson, alors que le vaccin conjugué 20-valent doit être effectué préférentiellement chez l’adulte de plus de 18 ans à risque selon un schéma qui diffère des anciennes recommandations, ne comptant qu’une seule dose.
- Zona : auparavant recommandé entre l’âge de 65 et 74 ans, la vaccination contre le zona est aujourd’hui recommandée chez les 65 ans et plus sans limite d’âge supérieure. Un nouveau vaccin inactivé fait son apparition avec un schéma en deux doses contre une dose en 2023.
Que retenir pour le pharmacien d’officine ?
Ces nouveautés, aussi bien du point de vue des recommandations que des vaccins, rebattent les cartes pour le pharmacien d’officine.
Outre le Covid-19, pour lequel il devra se préparer en amont des fenêtres vaccinales, le pharmacien prescrira désormais dans la prévention des infections à méningocoques un vaccin tétravalent ACWY chez les 11 à 14 ans, contre un vaccin monovalent B en 2023.
Dans la lutte contre les infections à pneumocoques, le pharmacien doit cibler les personnes de 18 ans et plus à risque afin de prescrire et administrer le vaccin conjugué 20-valent, qui remplace l’ancienne recommandation constituée du vaccin conjugué 13-valent et du vaccin non conjugué 23-valent. En dose unique, le nouveau vaccin 20-valent simplifie la prise en charge des patients.
Sur la question du zona, le pharmacien voit son rôle s’élargir grâce à l’arrivée sur le marché d’un vaccin inactivé qu’il pourra alors prescrire et administrer, quel que soit le statut immunocompétent ou immunodéprimé du patient. Par ailleurs, la limite supérieure d’âge n’est plus d’actualité, rendant toutes les personnes de plus de 65 ans éligibles à cette vaccination.
Afin de communiquer efficacement, le pharmacien doit avant tout cibler les patients concernés et aborder la question avec une attitude d’ouverture et d’écoute. Certaines situations sont propices pour ouvrir la discussion.
Cibler les patients concernés
Avant tout, il convient de déterminer les patients concernés par la question du papillomavirus. De manière générale, elle concerne davantage les jeunes filles et les jeunes garçons. En effet, ces populations encore naïves du virus peuvent s’infecter et développer des années plus tard des cancers liés à ce virus (3). Également, afin de sensibiliser tous les acteurs, les parents doivent être informés de cette question. Par ailleurs, il convient de ne pas oublier les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes (HSH) qui sont aussi concernés puisque plus à risque de développer certains cancers (3).
Comment aborder la question du HPV ?
La question du HPV peut être abordée lors de certaines situations retrouvées régulièrement à la pharmacie. Cela peut, par exemple, être le cas lors des situations suivantes :
- Dispensation de préservatifs gratuits chez les moins de 26 ans : informer les adolescents et les adultes sur l’importance d’utiliser des préservatifs lors des rapports sexuels. Bien que les préservatifs ne fournissent pas une protection complète contre les papillomavirus, ils réduisent le risque de transmission (4).
- Dispensation d’un contraceptif chez l’adolescente : rappeler les différents moyens de prévention en évoquant la nécessité d’un dépistage régulier.
- Dispensation d’un rappel vaccinal : Diphtérie-Tétanos-Poliomyélite (DTP), Coqueluche.
- Dispensation d’un traitement contre l’acné.
De manière générale, il convient d’insister sur certains points :
- Ne pas associer la vaccination ni au sexe ni à l’activité sexuelle : rappeler que la transmission des papillomavirus ne se fait pas uniquement lors de rapports sexuels (3).
- Les caractéristiques de l’infection à HPV : informer sur le fait que l’infection à HPV est une infection sexuellement transmissible très fréquente qui a lieu le plus souvent dans les premières années de la vie sexuelle, lors de rapports avec ou sans pénétration. Rappeler que le préservatif ne confère qu’une protection partielle (4).
- L’histoire de la maladie : rassurer sur le fait que l’infection est généralement asymptomatique et transitoire et qu’environ 70 à 90% se résolvent spontanément. Dans certains cas, l’on observe l’apparition de condylomes ou de lésions précancéreuses pouvant évoluer dans un délai de 10 à 30 ans vers un cancer invasif (5).
Comment parler aux parents et aux adolescents
Afin de communiquer efficacement, le pharmacien peut adopter une posture éducative reposant sur les notions suivantes :
- Empathie : comprendre les opinions et les inquiétudes des patients et de leurs parents en créant un environnement bienveillant et sans jugement où chacun se sentira à l’aise de s’exprimer.
- Ecoute active : pratiquer l’écoute active et poser des questions ouvertes pour encourager les patients à partager leurs opinions.
- Langage adapté : utiliser un langage simple et compréhensible en évitant les termes médicaux. S’assurer que le vocabulaire soit compréhensible des parents et des enfants.
- Objectivité de l’information : fournir une information factuelle provenant de sources fiables afin de permettre au patient de prendre une décision éclairée. Cette information doit être la plus complète possible et mettre en avant les avantages et les inconvénients.
- Personnalisation de l’information : adapter la communication en fonction des besoins spécifiques de chaque patient. Par exemple, les parents peuvent être sensibilisés à l’importance de la protection de la santé de leurs enfants et les adolescents à l’autonomie et à la prise de décision concernant leur santé.
- Information : encourager les patients à s’informer sur les papillomavirus en partageant des documents ou en favorisant la recherche d’informations.
- Suivi : renforcer la confiance et établir une relation de soins continu en s’assurant de rester disponible.
- Adopter une posture assertive : être capable d'affirmer sa position tout en restant ouvert aux arguments des patients. Cela se traduit par une confiance en son discours et l’utilisation de la 1ère personne du singulier. Par exemple, « Je vous conseille de faire vacciner votre enfant », « Je vais vous administrer le vaccin ». Avec le manque de temps au comptoir, il est nécessaire de convaincre dans un délai réduit. Il est donc important de ne pas questionner mais d’être affirmatif.
Question du consentement
Le consentement du patient repose sur des principes fondamentaux (6) :
- Libre : le consentement doit être donné librement, sans pression, coercition ou influence indue. Le patient doit être en mesure de prendre une décision sans se sentir obligé ou manipulé par un tiers, y compris les professionnels de santé. Le consentement peut être retiré à tout moment sans subir de conséquences négatives.
- Eclairé : le consentement éclairé est possible uniquement si le patient a reçu des informations complètes et compréhensibles. Ces informations doivent tenir compte des bénéfices attendus, des risques potentiels, des alternatives disponibles et des conséquences de l’acceptation ou du refus du traitement. Les informations doivent être délivrées en utilisant un langage adapté au niveau de compréhension du patient.
Ainsi, en veillant à fournir une information objective et en adaptant la communication aux patients dans une atmosphère d’empathie et en étant à l’écoute, le pharmacien favorise la relation de confiance et la participation active des patients dans leur propre prise en charge.
Sources
(1) Arrêté du 31 mars 2022 portant approbation de la Convention nationale organisant les rapports entres les pharmaciens titulaires d’officine et l’Assurance maladie.
(2) Institut National du Cancer, Stratégie décennal de lutte contre les cancers 2021-2030, Juin 2021, p.250.
(3) Haute Autorité de Santé. Recommandation vaccinale : Elargissement de la vaccination contre les papillomavirus aux garçons, Décembre 2019, p.177.
(4) Lam, J. U. H., Rebolj, M., Dugue, P. A., Bonde, J., von Euler-Chelpin, M., & Lynge, E. (2014). Condom use in prevention of Human Papillomavirus infections and cervical neoplasia: systematic review of longitudinal studies. Journal of medical screening, 21(1), 38-50.
(6) Mrozovski JM, Guerriaud M. Le pharmacien et le consentement éclairé [The pharmacist and informed consent]. Actual Pharm. 2021 Oct;60(609):57-58. French. doi: 10.1016/j.actpha.2021.06.038. Epub 2021 Sep 24. PMID: 34584340; PMCID: PMC8461788.
(8) Avis de la CNEDiMTS du 12 juin 2018 : Eden, préservatif masculin lubrifié, HAS. 2018.