L'acide hyaluronique l’allié contre la sécheresse vulvo-vaginale - Solutions - Le Moniteur des pharmacies.fr

Quels sont les signes de la SVV ?

La sécheresse commence par une baisse de la lubrification. Elle se ressent dans un premier temps pendant et après les rapports sexuels (dyspareunies) puis devient progressivement constante. À ce stade, elle s’accompagne souvent d’un prurit, de douleurs vulvo-vaginales spontanées ou lors de la miction et parfois de saignements lors des rapports sexuels.

Ces symptômes peuvent être évoqués à la pharmacie par des femmes de tout âge. Ils nécessitent souvent l’achat régulier de lubrifiants, de topiques ou soins lavants hydratants. Mais le sujet est encore tabou. Créer le dialogue afin de réaliser un questionnement plus poussé est donc indispensable. Il permettra de les orienter au besoin vers leur gynécologue ou sage-femme.

Ce dialogue aidera aussi à identifier la ou les causes potentielles de la SVV.

La SVV, un trouble multifactoriel

Les causes pouvant engendrer ou aggraver la sécheresse vulvo-vaginale sont nombreuses :

Hormonales : la carence oestrogénique est la première d’entre elles et s’observe à la ménopause, en post-partum, pendant l’allaitement ou après une ovariectomie.
Pathologiques : diabète, troubles psychiques ou neurologiques (dépression, sclérose en plaques…) ou dermatoses (allergiques ou irritatives).
Médicamenteuses : chimiothérapie, radiothérapie, contraceptifs oraux micro-dosés ou progestatifs seuls, antidépresseurs, antihypertenseurs, isotrétinoïne …
Environnementales : tabac, stress, fatigue, abstinence sexuelle, mauvaises règles hygiéno-diététiques

En 2016, 40% des femmes souffrant de sécheresse vaginale déclaraient ne pas connaître l’existence de traitements pour les soulager (2).

Comment prendre en charge la SVV ?

En France, la prise en charge symptomatique est recommandée en première intention. Elle consiste en l’application d’un lubrifiant lors des rapports sexuels et d’un topique hydratant à base d’acide hyaluronique. Le lubrifiant tapisse la zone intime et atténue les frottements, l’agent hydratant agit plus en profondeur dans les tissus.

En seconde intention, surtout chez les femmes ménopausées, si ce n’est pas contre-indiqué, la prescription d’un traitement hormonal peut être envisagée pour palier la carence oestrogénique. L’application vaginale des oestrogènes est privilégiée à la voie orale car elle allie efficacité et innocuité. L’hormonothérapie peut s’associer à l’utilisation de lubrifiants ou d’hydratants intimes.

Focus sur l’acide hyaluronique, un actif clé de l’hydratation vaginale

L’acide hyaluronique (un glycosaminoglycane) rentre dans la composition de la matrice extracellulaire des tissus conjonctifs et épithéliaux.
Il peut fixer jusqu’à 1000 fois son poids en eau. Administré localement, il forme un film visco-élastique protecteur sur la muqueuse vaginale (3). Il maintient ainsi une bonne hydratation de la muqueuse intime, favorise la régénération et la réparation des tissus et soulage l’inconfort.

Il se présente comme une alternative efficace et sans ordonnance aux oestrogènes topiques avec une sécurité plus élevée et peut aussi être associé à ces derniers en cas de symptômes persistants.

Adapté aux femmes de tout âge en cas de sécheresse intime, démangeaisons, sensations de brûlure, rapports douloureux, il peut être utilisé par voie locale associée ou non à une forme orale.

Le microbiote vaginal, un allié de taille

Le déséquilibre du microbiote intime se caractérise par une raréfaction des lactobacilles naturellement protecteurs au profit d’agents pathogènes et peut entrainer une dysbiose associée à un ralentissement de la cicatrisation de la muqueuse.

L’utilisation de prébiotiques aide à restaurer la flore intime en stimulant la croissance des lactobacilles bénéfiques qui permettraient ainsi d’améliorer la qualité de la cicatrisation (4,5). L’apport de probiotiques adaptés per os peut également avoir un impact positif sur la composition du microbiote vaginal et l’aider à maintenir un pH idéal (3,8 à 4,5) (6).

La pharmacie, un lieu de premier recours pour soulager la SVV

« J’ai des bouffées de chaleur et je souhaiterais un traitement pour me soulager »

Les questions à poser :
Pour déterminer la récurrence :

Depuis combien de temps ?

Quand cela vous arrive-t-il ?

Combien de fois par jour ?

Pour comprendre le contexte physiologique :

Quels autres symptômes ressentez-vous ? (Penser : troubles de l’humeur et/ou du sommeil, inconforts et gênes intimes, douleurs articulaires…)

Pour savoir si un diagnostic a été posé et une prise en charge amorcée :

Avez-vous consulté un gynécologue ?

Pour sécuriser votre accompagnement :

Êtes-vous sous traitement actuellement ? Avez-vous des allergies ?

« Je suis actuellement sous chimiothérapie et j’ai depuis des douleurs au niveau vaginal »

Les questions à poser :
Pour déterminer la récurrence :

Depuis combien de temps ?

À quels moments les ressentez-vous ?

Sont-elles ponctuelles ou permanentes ?

Pour comprendre le contexte physiologique :

Quels autres symptômes ressentez-vous ? (Confi rmer l’absence de cystite, mycose ou vaginose bactérienne)

Avez-vous de la température ?

Pour sécuriser votre accompagnement :

Si les symptômes persistent ou lors de votre prochaine consultation, n’hésitez pas à en parler à votre médecin.

Avez-vous d’autres traitements ? Avez-vous des allergies ?

Moins de 40% des femmes concernées par la SVV osent aborder le sujet avec leur médecin (2). L’équipe officinale se présente alors comme le premier interlocuteur potentiel. Il est donc important d’instaurer le dialogue. L’orientation vers un médecin ou une sage-femme permettra de poser le diagnostic. L’utilisation d’un lubrifiant et d’un hydratant topique à base d’acide hyaluronique, associés ou non à une forme orale, aideront à soulager les symptômes. Il est important de rappeler à ces patientes des règles simples à suivre (7) :

Utiliser des produits lavants spécifiques, au pH physiologique, sans savon ni parfum et les rincer abondamment
Privilégier les sous-vêtements en coton
Effectuer 1 à 2 toilettes intimes par jour maximum
Éviter le port de vêtements trop serrés
Bannir les douches vaginales qui sont délétères pour les muqueuses et le microbiote
Préférer les protections hygiéniques en coton

Focus sur la voie orale

-76 % de symptômes de sécheresse vaginale après 8 semaines
et -80 % après 16 semaines versus le groupe contrôle.

L’efficacité de l’acide hyaluronique pris par voie orale sur la sécheresse vaginale, a été récemment démontrée dans un essai clinique randomisé et contrôlé*. 200mg d’acide hyaluronique pris chaque jour pendant 8 semaines améliorent significativement l’indice de santé vaginale ainsi que les symptômes de l’atrophie et de la sécheresse vaginales. Ces résultats se maintiennent dans le temps puisqu’ils restent significatifs encore 8 semaines après l’arrêt.

* Bertozzi E, Nobile V, Tursi F, Vicariotto F (2023) A Sodium Hyaluronate-Based Oral Formulation as Adjuvant for Radiofrequency with Radioporation Treatment in Women with Vulvovaginal Atrophy: a Preliminary Study. J Nurs Women’s Health 8: 194. https://doi.org/10.29011/2577-1450.100094

Questions/réponses avec Dr Letombe, gynécologue et sexologue

« Pourquoi, en ne parlant pas de leur sécheresse vulvo-vaginale, les patientes entrent-elles dans un cercle vicieux ? »

« Quels sont les différents profils de patientes concernées ? »

« Que pensez-vous du conseil de probiotiques en association des traitements de la sécheresse vulvo-vaginale ? »