D’après l’analyse du GRAINS, aucune des études actuellement disponibles
ne permet d’établir un lien entre les AINS et le risque d’infection ou
d’aggravation de la Covid-19.
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L’exposition aux AINS n’a pas été associée à une augmentation des
risques d’hospitalisation chez les patients atteints du COVID-19(1);
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La prise d’ibuprofène ou de naproxène est significativement
retrouvée chez les patients qui n’ont pas présenté une forme grave de
l’infection(2).
Dr Laurent Grange, rhumatologue au CHU Grenoble Alpes
(38000), membre du GRAINS : « Dans le prisme de la
rhumatologie, une étude montre même un moindre risque
de décès lié à la Covid-19 chez les patients atteints de la
polyarthrite rhumatoïde traités avec des AINS(3) ».
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Encourager un recours exclusif au paracétamol pour traiter les
symptômes des patients atteints de la Covid-19 pourrait par ailleurs les
inciter à utiliser des doses plus élevées. Les experts s’inquiètent ainsi du
risque lié à d’éventuels surdosages en paracétamol(4).
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Dans leur pratique, les experts du GRAINS constatent une aggravation
de l’état pathologique et un impact psychologique important dans un
contexte où les patients ne trouvent plus de réponse thérapeutique
satisfaisante. Rebonds de céphalées, décompensations de pathologies
rhumatismales inflammatoires... les prescripteurs ont rapidement
évolué en faveur de la reprise d’AINS. En officine, le vide thérapeutique
impacte durablement le conseil.
Yorick Berger, pharmacien titulaire (75013), membre du
GRAINS : « L’Ibuprofène est une molécule très intéressante
dans les migraines, l’arthrose, les règles douloureuses...
on est un peu démuni pour soulager efficacement nos
patients, déjà stressés par la situation ».
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Unanimement, les experts adoptent la même position : il n’y a aucune
raison de se priver davantage de l’arsenal thérapeutique des AINS à la
lumière d’une hypothèse non prouvée par les études.
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Dans l’attente d’une évolution des recommandations françaises, ils se
veulent rassurants et proposent de s’aligner sur la position de l’Agence
Européenne du Médicaments(5) et de l’Organisation Mondiale de la Santé(6) :
quand les AINS sont nécessaires, il est possible de les utiliser en cas de
fièvre et de douleurs, même en période de Covid.
Dr Laurent Grange : « Il faut dédramatiser mais respecter
les précautions habituelles avec les AINS, on ne va pas les
utiliser larga manu parce qu’ils ne montrent pas de risque
particulier durant la Covid ».
Informer et sécuriser l’utilisation des AINS est une action que le GRAINS
entend inscrire dans le temps. Prochaine étape : la mise à disposition de
documents de bon usage à destination des professionnels et du grand public.