Première poussée d’her pès génital pour Océane - Porphyre n° 599 du 30/05/2023 - Revues
 
Porphyre n° 599 du 30/05/2023
 

Savoir

L’ordo

Auteur(s) : Nathalie Belin

Océane, 28 ans, a consulté en urgence son gynécologue en raison de sensations cuisantes au niveau vulvaire s’intensifiant depuis deux jours. Le médecin a diagnostiqué un herpès génital.

Ce que je dois savoir

Législation

Rien de particulier à signaler.

Condiv

C’est quoi ?

• Cette ordonnance prend en charge un herpès génital, infection sexuellement transmissible liée à des herpes simplex virus (HSV), en général de type 2, mais de plus en plus souvent de type 1 (de 10 à 40 % selon les études), via les pratiques oro-génitales à l’origine de l’herpès buccal. La transmission se fait par contact direct lors des poussées car le virus est présent dans les lésions et les sécrétions buccales et génitales. La pénétration n’est pas nécessaire à la contamination car les lésions peuvent siéger sur le pourtour des organes génitaux.

• La primo-infection génitale est souvent asymptomatique mais bruyante chez la femme. Après une incubation de six à sept jours, des vésicules en bouquet apparaissent sur la vulve et/ou son pourtour, qui, en se rompant, forment des ulcérations douloureuses. Œdème vulvaire, difficultés mictionnelles et fièvre sont possibles. Non traitée, la poussée dure de dix à vingt jours.

• Après guérison, le virus persiste à l’état latent dans les ganglions sensitifs sacrés et peut se réactiver, induisant une récidive ou récurrence en cas de fièvre, stress, immunosuppression, menstruations, rapports sexuels. Les signes cliniques sont atténués, plus brefs - cinq à dix jours -, souvent précédés de prodromes : prurit, picotements, parfois brûlures mictionnelles…

• Le diagnostic est clinique, en général confirmé lors d’une première poussée en recherchant le virus et le type viral à partir d’un prélèvement des lésions. Le résultat est obtenu en 48 heures.

• Douloureuse, dérangeante et invalidante, la maladie est bénigne en l’absence d’immunosuppression. Sa gravité est liée à sa survenue chez un nouveau-né, via une transmission maternelle en cas de poussée lors de l’accouchement ou à partir de lésions d’un bouton de fièvre.

Quelle prise en charge ?

• Elle repose sur un antiviral pendant dix jours, en général lors d’une primo-infection, cinq jours en cas de récurrence. Le valaciclovir et le famciclovir sont préférés à l’aciclovir, aux modalités de prise contraignantes (cinq par jour).

• Un antalgique de palier 2 peut être justifié en cas de douleurs importantes.

• Des bains de siège sont proposés pour apaiser et assécher les lésions, voire prévenir leur surinfection. Des émollients apaisent et soulagent l’inconfort.

Objectifs

Limiter rapidement la douleur par l’antalgique et l’émollient, et réduire la durée de la poussée et la période de contagion grâce à l’antiviral.

Médicaments

Valaciclovir (Zelitrex)

Analogue nucléosidique, prodrogue de l’aciclovir nécessitant pour être actif une triphosphorylation par la thymidine kinase, enzyme virale. Entrant en compétition avec les nucléotides naturels, il inhibe l’ADN polymérase virale et bloque la réplication de l’ADN viral.

Paracétamol et codéine (Codoliprane)

C’est une association d’antalgiques de palier 1, le paracétamol, et de palier 2, la codéine, opiacé faible d’action centrale dont l’action analgésique est due à sa conversion en morphine. Du fait de particularités métaboliques génétiques, il existe une grande variabilité individuelle de la réponse à la codéine.

Dakin

L’hypochlorite de sodium à 0,5 % est un antiseptique à large spectre utilisé pur en compresses imbibées ou bains locaux.

Cosmétique

Vea Olio

C’est une huile composée de vitamine E pure aux propriétés émollientes et anti-inflammatoires, proposée pour favoriser la cicatrisation et la sécheresse vulvo- ou ano-vaginales.

Ce que je dis à la patiente

J’ouvre le dialogue

« C’est une première poussée d’herpès ? J’imagine que c’est très douloureux mais ces traitements vont vous apaiser » et « Un prélèvement a-t-il été réalisé ? » s’assurent que le traitement antiviral n’est débuté qu’après. « Que vous a dit le médecin ? » et « A-t-il évoqué le risque de transmission ? » permettent de compléter au besoin. Le cas échéant, « A-t-il proposé la recherche d’autres infections sexuellement transmissibles ? » est recommandé en cas de changement de partenaire, de partenaires multiples…

J’explique le traitement

Mécanismes d’action

• Valaciclovir. Cet antiviral raccourcit la durée des symptômes et la période de contagion.

• Codoliprane. Ce médicament soulage davantage les douleurs que le seul paracétamol.

• Dakin. Cet antiseptique, actif sur des bactéries, champignons et virus, peut s’appliquer sur les muqueuses, y compris intimes. Il limite le risque de surinfection les premiers jours.

• Vea Olio. Ce soin riche en corps gras apaise les sensations de brûlures et l’inconfort.

Mode d’administration

• Valaciclovir : matin et soir, indifféremment par rapport aux repas.

• Codoliprane : 1 comprimé si douleur importante, à renouveler six heures après si besoin.

• Dakin : imbiber 1 compresse et l’appliquer sur les lésions quelques minutes après la toilette.

• Vea Olio : aussi souvent que nécessaire.

Effets indésirables

• Valaciclovir : céphalées, nausées, diarrhées, sensations de vertiges, éruptions cutanées telles que prurit, photosensibilité, rares troubles neurologiques, avec agitation, confusion, hallucinations, tremblements…, voire insuffisance rénale aiguë favorisée par une hydratation insuffisante.

• Codoliprane : sédation, somnolence, nausées, vomissements, constipation, sécheresse buccale. Confusion, dépression respiratoire, et rétention urinaire sont possibles. Au long cours, dépendance.

• Dakin : sensations de brûlures ou d’irritations possibles, le plus souvent passagères.

J’accompagne

Traitement

• Respecter la posologie de l’antiviral assure son efficacité. Bien s’hydrater facilite l’élimination de la molécule. Se protéger - vêtement ou crème SPF 50+ - en cas d’exposition solaire, une photosensibilisation étant possible.

• En complément des antalgiques, appliquer des compresses froides dans la journée pour soulager ; uriner sous la douche apaise la douleur.

Prévention

• Éviter les rapports sexuels durant les poussées. Le préservatif, qui ne recouvre pas toujours les lésions, est insuffisant pour protéger l’autre. En dehors des poussées, le risque de contamination est possible mais beaucoup plus faible.

• La fréquence des poussées varie selon les personnes. En général, elles s’espacent avec le temps. Si elles sont fréquentes - plus de cinq par an -, du valaciclovir à 500 mg par jour est proposé en traitement de fond antiviral préventif.

Vente associée

Un lavant doux non parfumé : Cavaillès Intime extra-doux, Saforelle Fraîcheur, IntimaPro Sensible… À la place de Vea Olio, un autre soin émollient, apaisant et cicatrisant : crèmes Cicatridine, Cicalfate +, pommade Deumavan…

Prescription

Dr G., gynécologue

Océane P., 28 ans, 1,58 m, 55 kg

Ordonnance

Le 22 mai 2023

• Valaciclovir 500 mg (Zelitrex)

1 cp 2 fois par jour pendant 10 jours.

• Paracétamol 500 mg + codéine 500 mg (Codoliprane)

1 cp si douleur.

• Dakin

En compresse humide pendant 5 jours.

• Huile Vea Olio spray

2 à 3 fois par jour.

La patiente me demande

« En cas de récidive, puis-je utiliser la crème Zovirax de mon ami ? »

Non, l’aciclovir en crème n’est plus recommandé dans le traitement de l’herpès génital* car il n’a pas fait la preuve de son efficacité dans ce cas. De plus, il pourrait favoriser l’apparition de souches virales résistances. Seul un traitement antiviral oral sur cinq jours, à prendre le plus tôt possible, dès l’apparition des prodromes, est recommandé. Il s’agit de sensations de picotements, d’envies d’uriner, de démangeaisons… Prescrit en préventif à cet effet par le médecin, il peut enrayer rapidement une poussée.

(*) Aciclovir, avis de la Commission de la transparence de la HAS, 2018.

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