L’arnica - Porphyre n° 599 du 30/05/2023 - Revues
 
Porphyre n° 599 du 30/05/2023
 

Exercer

Phyto

Auteur(s) : Jean-Baptiste Gallé

L’arnica des montagnes est traditionnellement utilisé en application locale pour soulager hématomes et douleurs traumatiques bénignes. Sa renommée et des modifications de son habitat naturel sont responsables de sa régression. Heureusement, des alternatives existent !

Quelle est cette plante ?

L’arnica des montagnes (Arnica montana) est une plante vivace de 20 à 70 cm de haut appartenant à la famille des astéracées. Ses feuilles, ovales et légèrement velues, opposées, sont disposées en rosette basale, d’où part une hampe florale unique. Les fleurs sont organisées en capitules jaune orangé qui peuvent atteindre jusqu’à 8 cm de diamètre. Les fruits sont des akènes bruns surmontés d’une petite aigrette (pappus) donnant un aspect général qui peut évoquer les fruits du pissenlit.

• Où le trouver ? L’arnica des montagnes est principalement présent en Europe, où il s’étend du sud de la Norvège aux Balkans, et de l’Espagne à l’Ukraine. En France, on le trouve essentiellement au niveau des massifs montagneux, de 1 100 m d’altitude dans les Vosges à 2 200 m dans les Pyrénées. Il pousse dans les pelouses de montagne ensoleillées, sur des sols acides, pauvres en nutriments et moyennement drainants. Ces exigences écologiques particulières expliquent en partie la régression des populations d’arnica avec la modification des pratiques agricoles dans les zones montagnardes (voir « Une régression importante »).

• Quand le récolter ? L’arnica des montagnes est récolté au moment de la floraison, qui peut s’étaler du mois de juin à basse altitude, comme dans le massif des Vosges, au mois d’août, du Massif central, aux Pyrénées et aux Alpes.

• Où est-il vendu ? Le capitule d’arnica figure à la liste A des plantes médicinales et fait l’objet d’un monopole pharmaceutique en ce qui concerne la plante sèche. Des extraits issus de la plante peuvent toutefois être intégrés dans des produits cosmétiques.

Quels sont ses usages ?

En phytothérapie

• Utilisation. L’arnica des montagnes est employé sur une base traditionnelle pour soulager toute une série de manifestations traumatiques bénignes : hématomes, contusions, œdèmes, douleurs musculaires et tendineuses (foulures, entorses). Il est aussi connu pour soulager certaines douleurs articulaires, névralgies et inflammations consécutives à des piqûres d’insectes. Les préparations à base d’arnica, à l’exception de l’homéopathie, ne doivent pas être employées par voie orale, ni, par précaution, en cas de traumatisme ouvert en raison d’une certaine toxicité cardiaque.

Traditionnellement, l’arnica est également employé en bains de bouche pour soulager les douleurs buccales. Cet usage n’est plus à recommander et il est important de ne pas avaler la préparation.

• Partie utilisée : capitule ou plante entière.

• Principes actifs : les lactones sesquiterpéniques (hélénaline) sont tenues pour responsables des principales activités de l’arnica. Les flavonoïdes, les constituants de l’huile essentielle et les coumarines pourraient, eux aussi, contribuer à cette activité dans une moindre mesure.

• Posologie recommandée.

→ Forme semi-solide (gel, crème, pommade) à 20 % de teinture d’Arnica montana : appliquer une fine couche sur la zone concernée deux à trois fois par jour.

→ Teinture diluée à 10 % : appliquer localement en spray ou sous la forme de compresses deux à trois fois par jour.

→ Infusion (voie locale) : 2 g de fleurs dans 100 mL d’eau pendant 15 minutes. À appliquer sous forme de compresses.

• Contre-indications et précautions d’emploi : certaines sources préconisent de ne l’utiliser qu’à partir de 3 ans chez l’enfant. Certains laboratoires recommandent leurs produits à statut de médicament, avec une concentration plus faible en teinture d’arnica, à partir de 1 an (Arnigel Boiron à 7 % de teinture d’Arnica montana). La voie orale est à proscrire en raison d’un risque de toxicité cardiaque. Les lactones sesquiterpéniques, responsables de l’activité de la plante, sont également susceptibles de provoquer des dermatites de contact. Cette allergie peut être croisée avec d’autres plantes de la famille des astéracées.

Une régression inquiétante

L’engouement autour de l’arnica et sa difficulté à la cultiver ont conduit à des prélèvements importants parmi les populations sauvages pour les besoins des industriels du secteur. Sur le seul massif du Markstein, dans les Vosges, qui concentre près de 90 % de la récolte en France, pas loin de onze tonnes d’arnica ont pu être récoltées certaines années. Mais la plante doit aussi faire face à d’autres types de pressions, en particulier la modification des pratiques agricoles dans les zones de montagne. Les fauches plus précoces ne permettent pas aux graines d’arriver à maturité avant de se ressemer, et l’apport de fumier, de chaux et d’engrais afin d’accroître le rendement des prairies modifie les paramètres du sol, conduisant à la disparition de la plante. Pour cette raison, dans les Vosges, une convention a été signée en 2007 afin de réglementer à la fois les cueillettes et les pratiques agricoles des zones concernées et tenter de préserver la ressource. Malgré ces efforts, la floraison de l’arnica se fait rare depuis plusieurs années. Les causes pourraient être multiples : un prélèvement trop important ne permettant pas assez la régénération des populations, malgré l’instauration de quotas de récolte, mais aussi le changement climatique, avec une raréfaction du manteau neigeux en hiver, des printemps secs et des canicules estivales. Quoi qu’il en soit, il est peut-être temps de réfléchir à des alternatives si nous voulons préserver cette plante et ses habitats (pour en savoir plus : cueillettes-pro.org/communique-presse-arnica-montana.html).

Des alternatives

Voici quelques plantes présentant des indications similaires et qui peuvent être utilisées comme alternatives à l’Arnica montana.

• L’arnica américain (Arnica chamissonis) - capitules et parties aériennes fleuries. Ce cousin nord-américain, plus petit, a une floraison abondante et se cultive très facilement. Si sa composition n’est pas tout à fait la même que celle de l’arnica des montagnes, il en partage les propriétés contre les traumatismes cutanés. Certains fabricants comme la Cooper l’ont déjà substitué à l’Arnica montana, en l’associant à plusieurs huiles essentielles, dans la crème Arnican 4 %.

• La pâquerette (Bellis perennis) - capitule. Cette plante commune, presque banale, est traditionnellement utilisée de la même manière que l’arnica. Délaissée au profit de ce dernier, elle revient petit à petit dans un certain nombre de préparations, à juste titre.

• L’hélichryse (Helichrysum italicum) - parties aériennes fleuries. L’hélichryse est reconnue pour ses propriétés, qui lui valent parfois le titre de « super-arnica ». Cette plante connaît un fort engouement, avant tout pour son huile essentielle. Facile à cultiver, elle fait cependant l’objet d’une cueillette sauvage, en particulier dans les Balkans, dans des conditions sociales et environnementales critiquables. Plus de 2 kg de plantes sont nécessaires pour produire l’équivalent d’un flacon de 5 mL d’huile essentielle ! Rapporté au nombre de consommateurs potentiels, cela représente des quantités vertigineuses. L’huile essentielle ne s’utilisant pas pure, il vaut mieux privilégier des produits dilués ou des macérats huileux, obtenus à partir de plantes d’origine cultivée, de manière à préserver cette ressource qui pourrait rapidement devenir fragile à son tour.

Les parties aériennes d’arnica (Arnica montana) sont utilisées traditionnellement en cas :

→ d’hématomes, de contusions, d’œdèmes, de douleurs musculaires et tendineuses ;

→ de douleurs articulaires, de névralgies, de piqûres d’insectes.

À partir de 3 ans.

Gels, crèmes, pommades à 20 % de teinture d’Arnica montana : appliquer en fine couche 2 à 3 fois par jour.

Teinture diluée à 10 % : appliquer localement ou en compresses 2 à 3 fois par jour.

Infusion : 2 g de fleurs dans 100 mL d’eau (15 minutes). Appliquer en compresses 2 à 3 fois par jour.

Contre-indications et précautions d’emploi : voie orale à proscrire (toxicité cardiaque). Ne pas utiliser sur des traumatismes ouverts. Peut provoquer des dermatites allergiques de contact. Risques d’allergie croisée avec d’autres astéracées.

D’autres plantes peuvent être employées dans les mêmes indications :

→ l’arnica américain (Arnica chamissonis) ;

→ la pâquerette (Bellis perennis) ;

→ l’hélichryse (Helichrysum italicum).

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