Préparation de la grossesse

Risques généraux

Lors de l’entretien, le médecin traitant ou le gynécologue ou une sage-femme évalue les facteurs généraux pouvant impacter la grossesse de Lola et propose si besoin une prise en charge : antécédents médicaux personnels et familiaux, traitements en cours, habitudes alimentaires, addictions, précarité… L’examen clinique évalue la corpulence, la tension artérielle et les seins. L’examen gynécologique vérifie l’absence d’anomalie de l’appareil génital et dépiste le cancer du col de l’utérus en l’absence de contrôle depuis plus de trois ans.

Risques infectieux

Le médecin demande des sérologies pour vérifier l’absence ou l’immunisation contre des maladies infectieuses à risque durant la grossesse, pour Lola ou l’enfant.

• La toxoplasmose. Due à Toxoplasma gondii, cette parasitose très répandue est transmise à l’homme par les animaux de compagnie, notamment le chat, par contact avec leurs excréments ou par ingestion de viande contaminée. Le plus souvent bénigne chez l’individu sain, elle peut affecter le développement de l’enfant si Lola la contracte juste avant ou durant la grossesse. On parle alors de toxoplasmose congénitale, avec un risque de faussecouche et de séquelles neurologiques ou oculaires graves. Il n’y a pas de vaccin mais le statut sérologique de Lola doit être connu car il implique des précautions en cas de séronégativité (voir p. 22).

Le saviez-vous ? Environ 50 % de la population française est immunisée contre la toxoplasmose. Le dépistage sérologique est obligatoire chez les femmes enceintes, sauf preuve écrite de l’immunité, durable après une infection antérieure.

• La rubéole. Si la mère la contracte durant la grossesse, cette virose contagieuse due au Rubivirus expose l’enfant à des complications graves : retard de croissance, surdité, malformations cardiaques, voire mort fœtale. La sérologie est systématique, sauf si la mère justifie avoir reçu deux doses du vaccin rougeole-oreillons-rubéole (ROR). D’autres sérologies sont proposées selon les risques personnels ou professionnels :

• l’hépatite B : sérologie à la recherche de l’antigène Hbs si Lola n’est pas vaccinée, ou vérification du taux d’anticorps anti-HBS en cas de vaccination antérieure ;

• VIH 1 et 2, hépatite C et syphilis : selon son mode de vie, l’absence de test antérieur, des antécédents de transfusion sanguine.

Supplémentations

• Hors régimes particuliers tels que végan, végétarien…, seule la supplémentation en folates, ou acide folique (vitamine B9), est systématiquement recommandée pour prévenir des anomalies congénitales de fermeture du tube neural de l’enfant, qui a lieu lors de la quatrième semaine du développement embryonnaire.

Le saviez-vous ? Le spina bifida est l’une des anomalies de fermeture du tube neural. Lors de la croissance fœtale, les arcs vertébraux protecteurs de la mœlle épinière ne se forment pas correctement. Il en résulte des anomalies des structures osseuses vertébrales, des téguments, avec retentissement sur le tissu nerveux médullaire. La gravité dépend de l’endroit où la mœlle épinière est exposée : perte de sensibilité, paraplégie, incontinence… Lola prendra 0,4 mg d’acide folique par jour (Acide folique CCD, Speciafoldine…), à débuter idéalement quatre semaines au moins avant la conception, donc avant l’arrêt de la contraception, et à poursuivre les huit premières semaines de grossesse. Lola peut en parallèle manger des aliments riches en folates : pois chiches, épinards, melon, levure en paillettes, noix…

Le saviez-vous ? La posologie d’acide folique passe à 5 mg par jour en cas d’antécédents d’anomalie de fermeture du tube neural ou de prise d’anti-épileptiques responsables d’une déficience en folates : phénobarbital, primidone…

• Une supplémentation en vitamine D, fer, calcium ou iode peut être nécessaire avant ou en cours de grossesse, au cas par cas, mais l’avis d’un médecin est préférable.

Vaccinations

La visite préconceptionnelle est l’occasion de vérifier et de compléter si besoin les vaccinations de Lola et de son entourage pour protéger l’enfant lors de la grossesse et à la naissance quand il est vulnérable, car non vacciné. Lola doit penser à prendre son carnet de vaccination pour vérifier les vaccinations recommandées en population générale, notamment diphtérie, tétanos, poliomyélite, hépatite B, et celles contre des infections particulièrement à risque durant la grossesse, notamment :

• la coqueluche. Cette infection bactérienne à Bordetella pertussis n’est pas transmise au fœtus si elle est contractée par la mère durant la grossesse. En revanche, fortement contagieuse, elle peut être diffusée par voie respiratoire au nouveau-né en fin de grossesse ou après l’accouchement si elle est contractée par son entourage. Or, tant que le nouveau-né n’est pas vacciné, la coqueluche est potentiellement grave chez lui, avec un risque de pneumonie, d’atteintes neurologiques, voire de décès.

Le saviez-vous ? La coqueluche est la première cause de mortalité bactérienne chez le nourrisson.

Le médecin vérifie que Lola est vaccinée et a reçu un rappel à 25 ans, comme prévu dans le calendrier vaccinal. Sinon, il fera un rappel avec un vaccin tétravalent à doses réduites d’antigènes coquelucheux dTcaPolio (BoostrixTetra, Repevax). Il encouragera la stratégie du cocooning, qui consiste à vacciner – ou faire un rappel –, avant ou durant la grossesse, le conjoint et l’entourage de Lola en contact étroit avec son bébé dans ses six premiers mois de vie, délai assurant une immunité suffisante après vaccination obligatoire initiée dès l’âge de 2 mois ;

• la rubéole. Née après 1980, Lola a dû recevoir les deux doses du vaccin trivalent ROR. Elle est considérée immunisée contre la rubéole quel que soit le résultat de la sérologie si elle est pratiquée. Sinon, un rattrapage doit être envisagé ;

• la varicelle. Outre des complications pulmonaires pour Lola, contracter la varicelle durant la grossesse expose le bébé à un risque de malformations neurologiques et oculaires, ou pulmonaires graves à la naissance. Si Lola n’a pas d’antécédent clinique de varicelle documenté, ou en son absence, un contrôle sérologique peut être pratiqué. Si elle n’est pas vaccinée, le médecin recommandera la vaccination avant la grossesse, à raison de deux doses espacées de quatre à huit semaines (Varivax) ou de six à dix semaines (Varilrix) ;

• la Covid-19. L’infection étant plus à risque chez une femme enceinte, la vaccination est recommandée avec le vaccin à ARMm de Pfizer car elle a moins de 30 ans.

Groupe sanguin

Si Lola n’a pas de carte de groupe sanguin complète (A, B, O rhésus, Kell), le médecin prescrira une détermination, qui prévient notamment une incompatibilité entre les groupes sanguins du père et de la mère. Si Lola est rhésus négatif et le père et l’enfant rhésus positif, elle peut produire des anticorps contre les globules rouges du fœtus, avec un risque de maladie hémolytique. Pour l’éviter, un traitement par gammaglobuline durant la grossesse peut être nécessaire.