Les lecteurs de glycémie - Porphyre n° 579 du 24/09/2021 - Revues
 
Porphyre n° 579 du 24/09/2021
 

Savoir

Le matériel

Auteur(s) : Florence Dijon-Leandro

Dispositifs indispensables pour doser le taux de glucose dans le sang des patients diabétiques, ces lecteurs se différencient essentiellement par leur ergonomie et des fonctions annexes. Ils nécessitent tous une dispensation de qualité pour une prise en main optimale.

Définitions

• Un lecteur de glycémie est un dispositif médical de diagnostic in vitro, parfois appelé « glucomètre » par des soignants. Tous les lecteurs ont un marquage CE et respectent la norme ISO 15197, qui assure des mesures conformes aux valeurs de glycémie en laboratoire.

• Un lecteur mesure le taux de glucose dans le sang capillaire à partir d’une goutte de sang prélevée au bout d’un doigt avec un autopiqueur, et déposée ou « aspirée » sur un support appelé bandelette ou capteur/électrode.

• Les lecteurs donnent un résultat en mg/dL ou en mmol/L. Pour limiter le risque d’erreur dans l’interprétation des données, seuls les appareils dont l’affichage est limité à une seule unité de mesure, en mg/dL, sont pris en charge par l’Assurance maladie en ville. À savoir : certains lecteurs dosent aussi la cétonémie mais ils ne sont pas traités ici (voir Porphyre n° 528, décembre 2016-janvier 2017).

Principe de fonctionnement

Un lecteur utilise une réaction chimique entre un sucre, ici le glucose, et un système de réactifs associés situés sur une bandelette ou sur une électrode/un capteur. Deux procédés existent sur le marché.

• Par colorimétrie. Une réaction enzymatique a lieu sur la bandelette et conduit à l’apparition d’une coloration, dont l’intensité est proportionnelle à la glycémie. La quantité de lumière réfléchie sur la bandelette est mesurée selon un procédé identique à la cellule photoélectrique d’un appareil photo. Exemple de lecteur photométrique : Accu-Chek Mobile 4.

• Par électrochimie. Une réaction chimique d’oxydo-réduction conduit à la génération d’électrons, et donc d’un courant électrique capté par la bandelette, appelée pour cela électrode. Là encore, l’intensité du courant est proportionnelle à la glycémie. Exemple de lecteur ampérométrique : Glucofix Tech 2. À savoir : dans le langage courant, bandelettes et électrodes sont appelées bandelettes.

Description

Les lecteurs de glycémie se présentent sous la forme d’un petit boîtier muni d’un écran et équipé d’une fente destinée à recevoir la bandelette. Leurs spécificités techniques, ergonomiques et pratiques définissent leurs limites d’utilisation et les critères de choix.

• Critères techniques.

→ Durée de la mesure : de 3 à 5 secondes.

→ Volume de sang : une microgoutte de 0,3 ìL (Accu-Chek Mobile 4, FreeStyle Papillon Vision…) à 1 µL (OneTouch Select Plus).

→ Dépôt de la goutte : par capillarité après aspiration, ou par dépôt.

→ Température et altitude d’utilisation : entre 4-15 °C et 40-45 °C. Tous les appareils sont validés pour 2 200 m, mais certains sont utilisables à haute altitude, 4 000 m, tel Accu-Chek Mobile, intéressant pour les alpinistes…

→ Alimentation : piles boutons ou AAA pour Accu-Chek Mobile 4.

→ Système d’autocodage, dit « no coding ». Le support réactif inséré est automatiquement reconnu, sans devoir entrer ni code ni puce.

• Critères ergonomiques. Ils facilitent la préhension et la lecture : très grands chiffres (FreeStyle Papillon Vision), grip antidérapant (Accu-Chek Guide 7 ), système d’éjection de la bandelette (CareSens N Premier…), rétro-éclairage de l’écran (OneTouch Select Plus), allumage et extinction automatiques pour pratiquement tous les modèles, mode audio utile pour les malvoyants (AutoSense Voice 5 ).

La taille et le poids du lecteur sont aussi un critère pour les patients mobiles ou souhaitant de la discrétion. Exemple : 3 cm x 6,5 cm x 1 cm et 18,4 g pour MyStar Plus 6.

• Critères pratiques : date et heure préréglées, alertes programmables, fonction « mémoire » pour calculer des moyennes (1 000 mesures pour Mylife Unio Neva 3 ), marquage pour ajouter des informations sur la mesure (avant ou après le repas, avant ou après une activité physique…). La fonction « Second-Chance » permet d’ajouter du sang sur la bandelette en cours d’utilisation lorsque le premier échantillon est insuffisant, dans un délai de 60 secondes (Contour Plus 1 …). Le code couleur ColorSure de OneTouch Select Plus indique instantanément si les résultats sont dans l’objectif ou non. Il existe également des applications mobiles (Gluci-Chek, OneTouch Reveal, SmartLog Mobile pour CareSens N Premier, avec envoi par bluetooth des résultats sur son smartphone…) et des logiciels de gestion de la glycémie (Glucofacts Deluxe, Mylife Software…). Accu-Chek Mobile 4, seul lecteur « sans bandelette », intègre une cassette pour 50 tests, ce qui réduit le nombre de manipulations.

Précautions d’emploi

→ Les bandelettes doivent être compatibles avec le lecteur. Vérifier la date de péremption. Les bandelettes usagées se jettent avec les ordures ménagères.

→ Laisser l’appareil et les réactifs revenir à température ambiante avant utilisation.

→ Le poser sur un support plat de préférence.

→ Respecter le mode opératoire pour le dépôt de la goutte de sang. Certains appareils permettent un délai pour compléter la goutte si besoin. Respecter le temps de lecture.

En pratique

• Manipulation. Se laver les mains à l’eau et au savon. Bien les sécher. Pas de gel hydro-alcoolique car cela risque de fausser les mesures. D’autres substances ou des paramètres biologiques (hématocrite…) sont susceptibles d’interférer avec les résultats. Se conformer à la notice de l’appareil.

• Contrôle. La solution de contrôle, dans les kits ou offerte sur demande auprès du laboratoire, s’assure du bon fonctionnement de l’appareil, en particulier en cas de chute ou de résultat discordant. La solution se dépose sur la bandelette à la place de la goutte de sang.

• Entretien. Nettoyer le lecteur avec un chiffon non pelucheux légèrement humidifié d’eau savonneuse, d’alcool ou d’eau de Javel diluée, et la fente d’insertion de la bandelette avec un coton-tige.

• Conservation du lecteur dans sa pochette, dans un endroit frais et sec, à l’abri de la lumière.

• Surveillance glycémique.

→ Le rythme de l’autosurveillance glycémique (ASG) dépend du type de diabète et du mode de vie : de deux fois par semaine à plusieurs fois par jour.

→ Le médecin doit préciser le rythme des ASG, les objectifs glycémiques (voir encadré) et la conduite à tenir selon les résultats : resucrage, adaptation des doses…

Législation

• Prescription. Possible par tout médecin. À savoir : dans le cadre d’un renouvellement à l’identique, les infirmiers peuvent seulement prescrire les bandelettes, mais pas les lecteurs.

• Inscription à la LPP. Les lecteurs sont inscrits au titre I « Dispositifs médicaux pour traitements, aides à la vie, aliments et pansements » > « DM matériels et produits pour le traitement de pathologies spécifiques » > « DM pour auto-traitement, auto-contrôle et auto-mesure » > « Dispositifs d’autosurveillance » > « Systèmes d’autosurveillance de la glycémie ». Chaque lecteur bénéficie d’un code individuel d’inscription à la LPP commençant par un chiffre 6. Les sets d’autosurveillance de la glycémie, ou kits complets, comprennent au moins un lecteur, dix bandelettes, un autopiqueur et dix lancettes.

• Prise en charge LPP. Oui. Un lecteur tous les quatre ans chez l’adulte et deux chez l’enfant de moins de 18 ans. La prise en charge concerne le lecteur seul ou inclus dans un kit avec autopiqueur, bandelettes et lancettes.

Les lecteurs sont garantis au minimum quatre ans. Pour un remplacement avant ce délai, le patient doit se rapprocher du laboratoire, et non de son médecin. D’où l’intérêt de remplir le bon de garantie lors de la délivrance.

• Tarifs LPP.

→ Lecteur seul : 34,87 €.

→ Lecteur inclus dans un kit : 51,91 €.

→ Accu-Chek Mobile : 96,80 €, lot de deux cassettes de 50 tests : 32,94 €.

Ce sont des prix limites de vente (PLV), donc pas de dépassement à faire régler au patient.

Info +

→ En laboratoire, la glycémie est mesurée tous les six mois(1) sur du plasma veineux et elle ne doit pas varier de plus de 20 % de la glycémie capillaire.

Objectifs glycémiques(2)

→ Diabète de type 1 : 70-120 mg/dl avant le repas, < 160 mg/dl en post-prandial ou deux heures après le repas.

→ Type 2 : 70-120 mg/ dl avant le repas, < 180 mg/dl en postprandial.

→ Gestationnel : < 95 mg/dl à jeun, < 120 mg/dl en post-prandial.

(1) Bon usage des dispositifs médicaux - Indications et prescription d’une autosurveillance glycémique chez un patient diabétique , Haute Autorité de santé, octobre 2007.

(2) Bon usage des technologies de santé - L’autosurveillance glycémique dans le diabète de type 2 : une utilisation très ciblée , Haute Autorité de santé, avril 2011.

(3) www.codage.ext.cnamts.fr/codif/tips/

Mémento de la délivrance

→ Prescription sur une ordonnance à part.

→ Substitution interdite, sauf si accord du prescripteur.

→ Vérifier la compatibilité entre le lecteur et les bandelettes.

→ Insister sur l’importance de l’autosurveillance glycémique dans la prise en charge du diabète.

→ Remplir ou faire remplir le bon de garantie.

→ Expliquer le mode d’emploi et faire manipuler. Puis, contrôler la bonne manipulation au moins une fois en votre présence au cours de la première année d’utilisation.

→ Rappeler l’intérêt d’une vérification avec la solution ou l’électrode de contrôle.

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