Pourquoi vacciner les ados contre la Covid-19 ? - Porphyre n° 576 du 30/06/2021 - Revues
 
Porphyre n° 576 du 30/06/2021
 

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Décryptage

Auteur(s) : Thierry Pennable

La vaccination contre la Covid-19 est ouverte aux 12-15 ans depuis le 15 juin. Selon la HAS(1), elle permet de « diminuer la circulation virale, de retrouver une vie sociale plus normale et de maintenir l’accès à l’éducation ».

Pourquoi les ados sont-ils concernés ?

Face à des variants plus transmissibles du SARS-CoV-2 et la crainte de devoir appliquer à nouveau des mesures contraignantes de prévention, l’élargissement aux ados vise à « poursuivre la campagne de vaccination dans les meilleures conditions et à maintenir son rythme élevé, tout en assurant une distribution rapide et homogène dans la population », explique Dominique Le Guludec, présidente de la Haute Autorité de santé (HAS)(1). Avec, en ligne de mire, une immunité collective qui préviendrait la circulation des nouveaux variants parmi des groupes non vaccinés et permettrait enfin de sortir de la pandémie. Parvenir à cette immunité collective nécessiterait de vacciner environ 90 % des 12 à 100 ans. Cet objectif, qui ne peut être atteint même en vaccinant la quasi-totalité des adultes, peut s’envisager en combinant une vaccination massive des adultes et des ados et l’immunité acquise par les personnes ayant déjà été infectées. La France rejoindrait sur ce point les dispositions envisagées dans de nombreux autres pays.

Quels intérêts pour cette vaccination ?

« Les bénéfices de la vaccination des ados sont de trois ordres. Ils sont individuels, collectifs et concernent aussi la protection de leurs proches vulnérables qui ne peuvent être vaccinés ou ne répondent pas bien à la vaccination », explique Élisabeth Bouvet, spécialiste des maladies infectieuses et tropicales, présidente de la Commission technique des vaccinations de la HAS(1). Les bénéfices de la vaccination sont individuels et directs pour des jeunes qui peuvent aussi développer des formes graves de Covid-19, même si elles sont plus rares que chez les adultes (voir Repères). Ils sont aussi en lien avec la rupture des relations sociales, les fermetures de classes, qui ont un impact avéré en termes de santé mentale et de ruptures d’apprentissage dans cette tranche d’âge. D’un point de vue collectif, cette vaccination joue un rôle majeur vis-à-vis de la propagation de variants bien plus contagieux, tel le variant Delta, dit « indien », qui pourrait entraîner une nouvelle vague d’infections et le retour de mesures sanitaires contraignantes à l’automne.

Pour quels ados ?

« La HAS préconise d’ouvrir la vaccination à tous les adolescents de 12 à 15 ans, en donnant la priorité à ceux présentant une comorbidité ou appartenant à l’entourage d’une personne immunodéprimée ou vulnérable », précise Élisabeth Bouvet. La majorité des formes sévères chez les enfants et adolescents est associée à la présence d’une comorbidité dans 45 à 75 % des cas(3). Il en va de même pour les rares décès imputables à la Covid-19 dans cette tranche d’âge. Les comorbidités considérées comme des facteurs de risque de développer une forme grave sont globalement assez similaires à celles observées chez les adultes : obésité, immunodéficience, très jeune âge entre 0 et 3 mois, pathologies pulmonaire, cardiaque ou neurologique, et plus rarement diabète.

Avec quel (s) vaccin (s) ?

Seul Comirnaty de Pfizer-BioNTech, qui avait déjà une AMM dès 16 ans en Europe, a reçu, le 28 mai, une extension d’indication chez les 12-15 ans. Administré en deux doses, il induit une réponse humorale robuste un mois après la seconde injection chez les 12-15 ans(2). D’autres vaccins sont à l’étude, notamment celui à ARNm de Moderna, pour lequel « une extension de l’AMM est attendue avant la fin juillet », estime Dominique Le Guludec. Les essais chez l’enfant du Vaxzevria d’AstraZeneca et du Covid-19 Vaccine Janssen ont, eux, été suspendus suite à l’apparition de syndromes thrombotiques-thrombocytopéniques chez l’adulte.

Avec quelle sécurité ?

Les données chez 2 260 adolescents de 12 à 15 ans montrent un profil de tolérance du vaccin Comirnaty globalement satisfaisant(2). Comme chez les adultes, les événements les plus fréquents sont des douleurs au point d’injection ou des symptômes généraux (fatigue, céphalée, frissons, douleurs musculaires, fièvre) légers à modérés, un peu plus marqués lors de la seconde dose. « Au vu des études et des données qui remontent très vite des États-Unis et du Canada, nous estimons qu’il n’y a pas à avoir d’états d’âme quant à la vaccination des adolescents compte tenu des bénéfices attendus », conclut Élisabeth Bouvet.

(1) Propos recueillis lors de la conférence de la Haute Autorité de santé du 14 juin 2021.

(2) Stratégie de vaccination contre la Covid-19, HAS, 2 juin 2021.

(3) Covid-19 : la vaccination des adolescents présente des bénéfices individuels et collectifs, HAS, 3 juin 2021.

NOS EXPERTES INTERROGÉES(1)

→ Pr Dominique Le Guludec, spécialisée en biophysique et en médecine nucléaire, présidente du collège de la Haute Autorité de santé (HAS).

→ Pr Élisabeth Bouvet, spécialiste des maladies infectieuses et tropicales, présidente de la Commission technique des vaccinations de la HAS.

(1) Propos recueillis lors de la conférence de la Haute Autorité de santé du 14 juin 2021.

Repères

Depuis mars 2020, la Covid-19 est responsable(2) de :

→ 2 598 hospitalisations d’enfants de 0 à 10 ans, dont 445 en soins critiques ;

→ 1 697 hospitalisations d’ados de 11 à 17 ans, dont 302 en soins critiques ;

→ 10 décès d’enfants et 3 autres possiblement imputables à la Covid-19 : 2 décès chez les moins de 3 ans, 2 chez les 3 à 5 ans, 2 chez les 6 à 10 ans, 2 chez les 11 à 14 ans et 5 chez les 15-17 ans ;

→ dont 8 décès chez des enfants avec facteurs de risque médicaux.

(2) Stratégie de vaccination contre la Covid-19, HAS, 2 juin 2021.

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