Surveiller sa consommation de coumarine - Porphyre n° 575 du 25/05/2021 - Revues
 
Porphyre n° 575 du 25/05/2021
 
NUTRIVIGILANCE

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Actus

Auteur(s) : Christine Julien

Composé naturel odorant présent dans diverses plantes, telle la cannelle, la coumarine est utilisée dans l’alimentation comme épice ou ingrédient aromatisant. À forte dose, elle peut causer des atteintes hépatiques.

L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) recommande un apport de coumarine via les compléments alimentaires inférieur à 4,8 mg par jour pour un adulte de 60 kg. Soit 80 % de la dose journalière tolérable (DJT) de coumarine, fixée à 0,1 mg/kg par jour par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa). Par ailleurs, l’Anses déconseille la consommation d’aliments riches en cannelle et de compléments alimentaires contenant de la coumarine par les personnes ayant des antécédents de maladie du foie.

Hum, la cannelle, mais attention !

La coumarine est une substance naturelle aromatique volatile à l’odeur de foin coupé, présente en grande quantité dans la fève de Tonka ou les écorces de tige de canneliers (cannelles). Ces plantes sont employées comme substances aromatisantes dans des produits cosmétiques et ménagers (parfums, désodorisants d’intérieur…) et alimentaires : condiments (herbes, épices), sauces, viennoiseries, pâtisseries, gâteaux, biscuits sucrés. Environ 40 % des adultes et 43 % des enfants sont exposés à la coumarine à travers leur alimentation, à une dose jusqu’à 20 % de la DJT, hors prise de compléments alimentaires.

La teneur en coumarine dans la cannelle, la fève de Tonka et le mélilot ou leurs huiles essentielles est très variable. Ces plantes sont utilisées dans les compléments alimentaires sans qu’aucune teneur limite en coumarine ne soit indiquée, à la différence de l’alimentation, où les doses sont limitées. En considérant une teneur moyenne en coumarine de 3 000 mg/kg de cannelle pour le cannelier de Chine (Cinnamomum cassia), les doses recommandées de certains compléments alimentaires peuvent correspondre à des apports de 3 à 24 mg de coumarine par jour, soit largement au-dessus de la DJT !

Les huiles essentielles de cannelle sont à l’origine de la majorité des effets indésirables (16 cas sur 28 analysables) recensés par le dispositif de nutrivigilance, tels que des symptômes hépatiques (cytolyse, hausse des enzymes hépatiques) et gastro-entérologiques (nausées, vomissements, douleurs). Si les données toxicologiques disponibles confirment la toxicité hépatique de la coumarine à des doses supérieures à 25 mg par jour chez l’homme, elle n’est ni cancérogène, ni génotoxique. La dose de 0,1 mg/kg par jour garantit la sécurité d’utilisation, avec un dépassement de cette dose considéré comme non préoccupant pour une durée d’une à deux semaines.

(1) Avis relatif à l’évaluation du risque d’hépatotoxicité lié à la teneur en coumarine de certaines plantes pouvant être consommées dans les compléments alimentaires ou dans d’autres denrées alimentaires, Anses, 30 mars 2021.

Les usages de la coumarine

Les dérivés coumariniques sont très courants dans plusieurs familles de plantes (Fabacées, Astéracées, Rutacées, etc.), mais la coumarine seule est plus rare. La fève de Tonka et les écorces de tige de canneliers (cannelles) la concentrent de manière plus importante. La coumarine et les coumarines simples présenteraient des propriétés veinotoniques qui seraient dues à leur capacité à diminuer la perméabilité capillaire. L’emploi de plantes contenant des coumarines telles que le mélilot ou l’écorce de marronnier d’Inde en tant que veinotoniques est admise en phytothérapie. Les compléments alimentaires à base de cannelle indiquent la mention « Maintien d’une glycémie normale ». Il s’agit d’un usage de la « médecine traditionnelle asiatique », mais attention ! la coumarine, les plantes à coumarine ou les cannelles ne sont pas inscrites sur la liste des substances ou denrées pour lesquelles des allégations de santé sont autorisées (règlement UE n° 432/2012).

Les coumarines simples ne présentent pas de propriétés anticoagulantes, contrairement au dicoumarol, produit lors de la fermentation du mélilot en cas de contamination fongique.

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