L’hamamélis - Porphyre n° 575 du 25/05/2021 - Revues
 
Porphyre n° 575 du 25/05/2021
 

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Phyto

Auteur(s) : Jean-Baptiste Gallé

L’arrivée de l’été et des premières chaleurs signe aussi le retour des problèmes de jambes lourdes. L’occasion de s’intéresser à l’hamamélis de Virginie, une plante majeure dans les cas d’insuffisance veineuse.

Quelle est cette plante ?

L’hamamélis de Virginie, de son nom scientifique Hamamelis virginiana, également appelé noisetier des sorcières, appartient à la famille des Hamamélidacées, comme le parrotie de Perse, ou arbre de fer, et le liquidambar, ou copalme d’Amérique.

• Où la trouver ? Cette plante est originaire de la côte est de l’Amérique du Nord, à des latitudes s’étendant de la Nouvelle-Écosse au nord de la Floride. Adapté au climat tempéré, l’hamamélis s’est bien acclimaté en Europe, où il pousse essentiellement à l’état cultivé. C’est un arbuste qui peut atteindre 7 mètres de haut et dont la forme des feuilles et le port peuvent faire penser au noisetier. On recense également des espèces d’hamamélis originaires d’Asie, mais ces dernières sont principalement utilisées pour leur intérêt ornemental. Les hamamélis, dont il existe aussi de nombreuses variétés horticoles, ont la particularité de fleurir à l’automne ou en hiver, égayant une nature un peu morne de leurs couleurs souvent assez vives.

• Une erreur de nom… Le nom vernaculaire « noisetier des sorcières » est une traduction littérale du nom commun anglais de l’hamamélis : witch hazel. Malheureusement (!), ce nom évocateur ne serait pas lié à de quelconques propriétés magiques mais, de manière plus terre à terre, à une erreur linguistique. Le terme « witch », sorcière, se serait en effet substitué au fil du temps au terme « wiche », qui signifiait souple en anglais médiéval, une propriété du bois de l’hamamélis mise à profit dans la fabrication des arcs, mais aussi des baguettes… de sourcier.

• Où est-elle vendue ? Les feuilles et l’écorce de tige de l’hamamélis de Virginie sont inscrites à la liste A de la pharmacopée française, et font donc partie du monopole pharmaceutique. Elles sont toutefois autorisées à entrer dans la composition de certains compléments alimentaires.

Quels sont ses usages ?

En phytothérapie

• Utilisation : les feuilles et l’écorce de tige de l’hamamélis sont principalement employées pour leur richesse en tanins, qui leur confère des propriétés veinotoniques et hémostatiques. La plante peut s’utiliser à la fois par voie orale ou locale dans les manifestations de l’insuffisance veineuse, comme les jambes lourdes et les troubles hémorroïdaires. Les tanins de l’hamamélis, responsables de son astringence, calment également les inflammations mineures au niveau de la peau, sous forme de pommades, de lotions…, et de la muqueuse buccale en bains de bouche et gargarismes.

• Partie utilisée : feuilles et écorces des tiges.

• Principes actifs : tanins et flavonoïdes.

• Posologie recommandée.

→ Adultes.

Tisane : réaliser une infusion prolongée de 10 à 15 minutes - afin de bien en extraire les tanins - à partir de 2 à 3 g de feuilles ou d’écorce de tige pour une tasse, à boire deux à trois fois par jour en cas de problèmes liés à l’insuffisance veineuse. Boire cette infusion de préférence à distance des repas car les tanins peuvent complexer certains nutriments et oligo-éléments, empêchant ainsi leur bonne assimilation.

Médicaments à base de plantes : on retrouve l’hamamélis, associé à d’autres plantes ou substances actives, dans des solutions buvables ou des comprimés pour lutter contre les symptômes de l’insuffisance veineuse (jambes lourdes, hémorroïdes…) dans des spécialités comme Climaxol, Histofluine, Jouvence de l’abbé Soury. Il entre aussi dans la composition de pommades telles que HEC, dans le traitement des brûlures légères et de l’épistaxis, et Inotyol, pour soulager les dermites irritatives. L’hamamélis est également présent dans un certain nombre de spécialités homéopathiques, pour usage interne ou local dans les mêmes indications.

Compléments alimentaires : la feuille et l’écorce d’hamamélis sont autorisées dans les compléments alimentaires.

Posologies : se conformer aux recommandations des fabricants.

Produits cosmétiques : en dehors des formes cutanées à statut médicamenteux, l’hydrolat et les extraits fluides d’hamamélis entrent dans la composition de certaines formes cosmétiques. Ils contribuent à apaiser les légères irritations et à réguler la production de sébum.

→ Enfants.

L’utilisation par voie interne de l’hamamélis n’est pas recommandée chez les enfants. L’application cutanée est envisageable dès l’âge de 6 ans pour les feuilles et de 12 ans pour l’écorce. L’usage en bain de bouche est, lui, possible à partir de 12 ans.

• Contre-indications et précautions d’emploi : l’hamamélis ne présente pas de risques connus aux doses habituellement utilisées en phytothérapie. L’astringence des tanins peut, dans de rares cas, provoquer des irritations au niveau digestif ou cutané chez des personnes sensibles, et il peut être déconseillé de l’utiliser en cas de gastralgie. L’emploi interne n’est pas recommandé chez la femme enceinte ou allaitante.

Un cousin de notre noisetier

L’hamamélis et le noisetier (Corylus avellana) partagent non seulement certaines caractéristiques morphologiques, mais également des propriétés médicinales très proches, principalement liées à la présence de tanins. Il est d’ailleurs assez surprenant que l’emploi de l’hamamélis ait à ce point supplanté celui du noisetier en Europe. L’attrait d’un certain exotisme du Nouveau Monde peut-être…

• Où est-il vendu ? Les feuilles du noisetier sont inscrites à la liste A de la pharmacopée française, et font donc partie du monopole pharmaceutique. Elles sont toutefois autorisées à entrer dans la composition de certains compléments alimentaires.

• Partie utilisée : feuille.

• Principes actifs : tanins et flavonoïdes.

• Indications principales : les feuilles de noisetier possèdent les mêmes propriétés que celles d’hamamélis, essentiellement liées à la présence de tanins et auxquelles elles peuvent se substituer.

• Posologie : réaliser une infusion de 2 à 3 g de feuilles de noisetier par tasse pendant 10 à 15 minutes. Boire une tasse deux à trois fois par jour entre les repas.

• Contre-indications et précautions d’emploi : elles sont identiques à celles de l’hamamélis.

Des questions ou des envies de sujets ? phyto@porphyre.fr

L’essentiel

Les feuilles et l’écorce de tige d’hamamélis sont utilisées en cas :

→ de manifestations de l’insuffisance veineuse (jambes lourdes, hémorroïdes) ;

→ d’irritations cutanées et de la muqueuse buccale.

Adultes

Tisane : infusion de 10-15 minutes de 3-4 g de feuilles ou d’écorce de tige par tasse, à boire 2 à 3 fois par jour entre les repas.

Médicaments et compléments alimentaires : se référer aux indications des fabricants.

Enfants

Usage interne non recommandé. Application cutanée dès 6 ans pour les feuilles et 12 ans pour l’écorce. Bain de bouche à partir de 12 ans.

Contre-indications et précautions d’emploi : usage interne non recommandé chez la femme enceinte ou allaitante. Peut causer des irritations digestives ou cutanées chez certaines personnes sensibles.

Noisetier

Ses feuilles sont utilisées dans les mêmes indications que celles d’hamamélis.

Adultes

Tisane : infusion de 10-15 minutes de 3-4 g de feuilles par tasse, à boire 2 à 3 fois par jour entre les repas.

Mêmes précautions que pour l’hamamélis.

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