Faire ses premiers pas en oncologie

Qui est à l’origine de ce serious game ?

L’Association francophone des soins oncologiques de support (Afsos), via sa section formation Afsos Form, a décidé d’en proposer un sur l’accompagnement des chimiothérapies orales pour les pharmaciens. Son président m’a sollicité. Formateur impliqué de longue date en cancérologie et membre de l’Afsos, j’ai monté cette formation sous la forme d’un serious game intitulé « Prérequis à la mise en place de l’entretien pharmaceutique en oncologie ». Cette formation a le soutien du laboratoire La Roche-Posay mais je l’ai construite en toute indépendance, avec les relectures attentives de plusieurs spécialistes : oncologue, dermatologue et officinal. Je me suis servi des fiches de l’Afsos et de l’Inca, des référentiels Asco (American Society of Clinical Oncology) et de différents sites d’oncologie. La formation est gratuite, ouverte aux pharmaciens et préparateurs, sur inscription sur le site de l’Afsos.

Pourquoi l’appeler « Prérequis » ?

L’oncologie est une discipline vaste qui nécessite beaucoup de connaissances. Durant la pandémie de Covid-19, les officinaux ont eu des difficultés pour se former. Au sein de l’Afsos, nous avons pensé qu’il fallait malgré tout des bases pour débuter les entretiens en cancéro, d’où le terme de prérequis. Cela explique ce qu’il faut savoir pour être plus à l’aise afin de mener des entretiens. Et pour les préparateurs, qui ne les conduisent pas mais peuvent y assister, cela permet de mieux comprendre les patients et le déroulé de ces entretiens.

Quel est l’intérêt du serious game ?

Un « jeu sérieux » permet d’apprendre de manière ludique, tout en étant plus impliqué dans un environnement, ici une officine, avec des personnages qui parlent, des quiz, des jeux : « Jeoparty », « Qui veut répondre aux questions ? »…

Comment est construit ce jeu ?

Il y a quatre modules de 30 minutes environ avec, pour chacun, un support PDF résumant les points clés. Dans le module 1, par exemple, le préparateur apprendra par quoi débute le parcours de soins du patient et ce qui se cache derrière les sigles RCP et PPS (réunion de concertation pluridisciplinaire et programme personnalisé de soins, NDLR), des termes que les patients emploient. Les thérapies cancéreuses du module 2 l’aideront à dégrossir les chimiothérapies, l’hormonothérapie, les thérapies ciblées et l’immunothérapie. Si M. Durand vient chercher son traitement avec un inhibiteur de tyrosine kinase, le préparateur comprendra mieux de quoi il s’agit. Le module 3 aborde les effets indésirables principaux, comme les toxicités unguéales, cutanéo-muqueuses, hématologiques et digestives notamment, ainsi que les conseils à donner a minima. Enfin, le module 4 aborde les trois sortes d’entretiens que mènent les pharmaciens, avec des conseils sur la communication. Bien entendu, ce sont des prérequis. Si le préparateur désire aller plus loin, il devra suivra d’autres formations en présentiel afin de travailler sur des cas cliniques.

Pourquoi la cancéro fait-elle peur ?

Quand on ne sait pas, on a peur et on n’ose pas. Parfois, le patient en sait plus que nous. De plus, le cancer est une bombe qui lui tombe sur la tête, une épée de Damoclès. Quant à nous, derrière le comptoir, pour peu que nous connaissions bien le patient, nous avons peur de montrer que nous sommes très sensibles à sa situation. Je dis toujours « Restez dans l’empathie, ne soyez pas dans l’hypersensibilité ».