Les genouillères articulées

Définition

Les genouillères articulées sont des dispositifs médicaux de classe 1 réunis dans la catégorie des orthèses articulées de genou. Elles sont parfois également nommées attelles articulées bien qu’elles ne visent pas, en général, une immobilisation totale de l’articulation.

Description

Leur présentation est très hétérogène. Elle va de la forme tubulaire de type « manchon », en textile plus ou moins élastique, aux modèles ajourés en matériaux rigides. Toutes ont en commun un même tarif de prise en charge à la LPP (voir Prise en charge) et des renforts latéraux articulés.

→ Ces renforts latéraux articulés sont le plus souvent métalliques et pour la plupart polycentriques à engrenage, c’est-à-dire avec plusieurs centres de direction. En stabilisant l’articulation, ces renforts respectent son mouvement naturel tout en limitant le tiroir antéro-postérieur, soit les mouvements du genou vers l’avant et l’arrière, physiologiquement limités lorsque les ligaments sont sains (voir photo ).

→ Certains modèles intègrent un système de limitation de l’amplitude des mouvements en flexion/extension pour contrôler la cicatrisation et assurer une rééducation progressive. Il peut s’agir de vis, de cales, de crémaillère… Une crémaillère est un élément mécanique constitué d’une tige ou d’une barre garnie de crans ou de dents, et d’une roue dentée.

Une butée anti-recurvatum peut limiter l’hyperextension du genou, soit un angle entre le tibia et le fémur supérieur à 180°, notamment possible en cas de rupture des ligaments.

→ Parmi les modèles les plus techniques, les genouillères « 4 points » d’appui comprennent une embrasse rigide antérieure au niveau de la cuisse – quelque chose qui enserre – et une postérieure au niveau du mollet. Les forces exercées en quatre points (voir schéma ci-contre) amènent le fémur vers l’avant et le tibia vers l’arrière et limitent ainsi le mouvement du tiroir antérieur, c’est-à-dire le dérobement du genou en cas de déficience des ligaments croisés.

→ Toutes peuvent présenter des adjonctions qui :

→ assurent leur mise en place : sangles latérales auto-agrippantes, bandes antiglisse…;

→ renforcent ou ciblent le maintien : évidement/ anneau rotulien, bandes de renfort type strapping, ressorts, gonflage…;

→ apportent du confort : coussin de mousse, silicone, renforts thermoformables…;

→ soulagent : coussin de gel pour cryothérapie.

Mode d’action

• L’orthèse stabilise l’articulation du genou et de ses ligaments en limitant les mouvements de rotation latérale et de tor sion, voire de flexion/extension.

• Elle compense une déficience pour améliorer et sécuriser le mouvement, favorise la cicatrisation des structures lésées et le contrôle proprioceptif, c’est-à-dire l’adaptation de la posture par perception inconsciente de la position du membre.

• Les modèles textiles peuvent de plus avoir un effet thermique antalgique et anti-œdémateux.

• Par rapport aux autres orthèses de genou.

→ Leur action est similaire à celle des orthèses de genou non articulées, mais avec un degré supérieur de stabilisation car le rôle des renforts latéraux prime sur celui de contention. Ce degré est néanmoins très variable selon les modèles articulés, d’où des objectifs thérapeutiques très divers.

→ La frontière n’est pas toujours évidente avec les or thèses élastiques simples les plus contentives munies de renforts latéraux (voir Porphyre N° 566, septembre 2020).

→ Certaines orthèses articulées avec systèmes de limitation des mouvements s’approchent des fonctionnalités et partagent certaines indications des attelles d’immobilisation du genou de type Zimmer.

Classification

Il n’existe pas de classification « officielle » de ces orthèses. Elles sont inscrites sous l’appellation « Genou, attelle et orthèse articulée » à la liste des produits et prestations (LPP). Les classifications commerciales sont hétérogènes. Deux produits similaires peuvent revêtir des appellations, voire des indications différentes. Schématiquement, deux grands sous-groupes peuvent être définis

• Les genouillères articulées « textiles ».

→ Leur présentation est proche de celle des genouillères ligamentaires simples. Les baleines articulées sont enchâssées dans un manchon textile ou en néoprène, qui est un tissu en caoutchouc synthétique, mais plus long à enfiler, ou ouvert avec un panneau de tissu qui se referme sur lui-même. En général, elles s’ajustent et sont maintenues par deux ou quatre sangles latérales auto-agrippantes.

→ Certaines sont évolutives. Les renforts rigides peuvent être ôtés pour devenir une genouillère de contention simple telle que Donjoy PlayXpert Sleeve.

Exemples. BSN Medical : Actimove Attelle de genou ; 1 Bauerfeind : GenuTrain S ; Salva : Genouillère ligamentaire articulée fermée ou ouverte ; 2 Donjoy : Tru-Pull et Tru-Pull Lite avec insert rotulien, 6 PlayXpert Wrap ouvert et Sleeve (tubulaire), Playmaker Wrap II ; Sober : Ezy Wrap Orthotape articulée; Orliman : Flexilig, Cryopump articulée avec système de gonflage ; 7 Gibaud : Genugib Arthrose 8, Genugib Open ; Lohmann & Rauscher : Velpeau Ligaction City et Pro ; Thuasne : Genu Ligaflex Rom ouverte ou fermée et Action Reliever 4… À ouverture totale. Cizeta : GL 120 Open 3 ; Gibaud : Genugib Pro… Avec limitation d’amplitude. Bauerfeind : GenuTrain S Pro; Sober : Ezy Wrap Stabilig, Stabilig GAC ; Orliman : Altitude 5 ; Gibaud : Genugib Balnéo en néoprène ; Medi France : genouillère articulée polycentrique D.TEX… Avec système « 4 points d’appui ». Bauerfeind : SofTec Genu…

• Les genouillères articulées « rigides ». Souvent nommées « attelles » articulées, elles ne sont pas dotées d’un manchon mais constituées d’une armature ajourée rigide en aluminium, fibre de carbone…, en général maintenue par des bandes auto-agrippantes réglables à plusieurs niveaux du membre.

Ce sous-groupe comprend la majorité des orthèses type « 4 points » et/ou à limitation d’amplitude. Exemples. Bauerfeind : SecuTec Genu (4 points d’appui) ; Cizeta : Cirom 14 ; Donjoy : SE 4 Points 11, ACL Everyday 10, Armor 4 points 12, Defiance III 4 points ; Sober : Ezy Wrap Stabilig Active et Centro ; Orliman : Genuflex Rom 15 et Neo, Medi France : Medi Protect ST Pro et M.4s ; Neut : Rehab avec limitation d’amplitude ; Thuasne : GenuControl ; Gibaud : Genugib Poly-C ; BSN Medical : Actimove Post-Op Rom 16…

Parmi les modèles ci-dessus, certains présentent des spécificités.

→ Les genouillères articulées fémoro-patellaires. Elles sont munies d’un insert qui exerce une pression correctrice et limite davantage le risque de mouvements délétères au niveau de la rotule. Exemples : Donjoy : Reaction, Gibaud : Genugib Patella ; Thuasne : Pattela Reliever 18 ; Orliman : Gonartec Plus 9… ;

→ Les genouillères articulées pour « gonarthrose ». Elles intègrent des systèmes d’appui qui permettent de corriger le valgus (déviation vers l’extérieur) ou le varus (vers l’intérieur), à l’origine de l’arthrose, et de décharger la pression sur les structures lésées. Exemples. Bauerfeind : SecuTec OA (rigide) ; Donjoy : OA Nano ; Thuasne : Rebel Reliever 13…

Indications

Là encore, la frontière entre les différents modèles et les indications proposées par les fabricants est floue, d’où l’intérêt de bien faire préciser le modèle par le prescripteur. Néanmoins, certaines généralités se dégagent.

• Les modèles « textiles » les moins sophistiqués sont plus particulièrement prescrits en cas d’entorse bénigne à grave, d’instabilité légère à modérée du genou, de rééducation post-opératoire ou post-traumatique, pour la reprise du sport, en cas d’arthrite, de lésions du ménisque.

• Les modèles à structure rigide sont plutôt prescrits en cas d’entorse de genou modérée à grave, de rééducation post-opératoire et post-traumatique, d’instabilité des ligaments latéraux, y compris lors de la reprise d’activités intenses.

• Les modèles de type « 4 points » sont plus particulièrement indiqués en cas d’instabilité modérée à grave des ligaments croisés, notamment en cas de rupture, et pour la reprise du sport.

• Les modèles à limitation d’amplitude conviennent particulièrement en post-traumatique ou post-opératoire (suture/greffe du ménisque, fracture de la rotule…), les fémoro-patellaires en cas d’instabilité et subluxation rotulienne, tendinopathies ou affections du ménisque, les « gonarthroses » dans le traitement des gonarthroses légères, modérées ou graves, associées ou non à des instabilités ligamentaires.

Mesures et essayage

• Les mesures sont différentes selon les laboratoires. Le plus souvent, il faut mesurer le tour de cuisse à la hdiv précisée par le fabricant, en général à 15 cm de la rotule, voire du mollet, et au niveau de la rotule le genou en position légèrement fléchie.

• La plupart des modèles sont « gauche » ou « droit », certains sont bilatéraux, comme Velpeau Ligaction City, à ouverture totale.

• L’essayage permet de vérifier la taille.

→ Les modèles textiles s’enfilent et se centrent de la même façon que les genouillères simples.

→ Les modèles à ouverture totale se posent sur le genou, avant de les fermer par des bandes auto-agrippantes.

→ En cas d’adjonctions de type strapping, il faut suivre les instructions du fabricant pour en connaître le sens. Attention de serrer sans effet garrot. Une fois l’attelle en place, plier le genou plusieurs fois pour vérifier la tenue.

→ Pour les « 4 points », les sangles peuvent être positionnées différemment selon le type de ligaments atteints et doivent être serrées suivant un ordre précis ; en général, elles sont numérotées.

• Une connaissance de la pathologie s’impose donc pour la mise en place, sinon en laisser le soin au médecin. De même pour les systèmes de limitation d’amplitude, angles et degré de limitation, qui dépendent d’indications médicales précises.

Entretien

• Parties textiles : laver à l’eau tiède et au savon. Laisser sécher à plat à l’air libre. Ne pas utiliser de détergents, adoucissants ou de produits chlorés. Ne pas repasser.

• Montants rigides : se conformer aux instructions du fabricant selon les matériaux. En général, nettoyer avec un chiffon sec uniquement. Quand l’attelle est utilisée dans l’eau, il peut être nécessaire de lubrifier les mécanismes avec un spray type Teflon, à base d’huile sèche.

Prise en charge

• Prescription. Par un médecin seulement, sur une ordonnance à part qui doit désigner l’article en nom de marque ou fonction et, idéalement, préciser la finalité médicale.

• Inscription LPP. Ces genouillères sont inscrites à la LPP au Titre II, Orthèses et prothèses externes > Chapitre 1 : Orthèses > Sous-chapitre 6 : Appareils divers de correction orthopédique > Genou, attelle et orthèse articulée. Le code générique 2152211 définit des indications pour tout appareil divers de correction orthopédique, à savoir corriger des déformations des membres, limiter ou immobiliser en extension ou flexion leurs articulations, permettre éventuellement leur rééducation.

Toutes les orthèses de genou doivent être inscrites à la LPP avec un code individuel d’identification par fabricant (lire Porphyre N° 571, février 2021) commençant par 7. C’est ce code individuel qu’il faudra tarifer pour bénéficier de la prise en charge à partir du 1^er juillet 2021. Au 10 février, 33 marques sont inscrites.

À savoir : le code générique 2152211 demeure à la LPP car il définit les indications, mais il ne servira plus à tarifer.

• Tarif LPP. Le tarif de prise en charge est identique pour toutes les marques. Il est de 102,29 €. Ce n’est toutefois pas un prix limite de vente, il est donc possible de faire payer un dépassement au client.