“Je voudrais un produit efficace contre les ronflements” - Porphyre n° 572 du 18/02/2021 - Revues
 
Porphyre n° 572 du 18/02/2021
 

Exercer

Au comptoir

Auteur(s) : Nathalie Belin

1 Je questionne

Préciser la demande

« Avez-vous le nez bouché à cause d’un rhume ou d’une allergie… ? », « Le ronflement est-il occasionnel ou quotidien ? Léger ou important ? », « Avez-vous déjà réalisé un bilan avec un médecin oto-rhinolaryngologiste pour en déterminer l’origine ? » et/ou « Avez-vous déjà essayé quelque chose pour le limiter ? » tentent d’évaluer l’origine, l’impact du ronflement et les solutions éventuellement testées.

Rechercher des signes cliniques

« Êtes-vous fatigué ou somnolent en journée ? », « Avez-vous des maux de tête le matin ? » et « Votre conjoint a-t-il constaté des pauses dans votre respiration durant votre sommeil ? » font suspecter des apnées du sommeil, ainsi qu’un ronflement très bruyant, et nécessitent un avis médical.

Orienter à bon escient

« Êtes-vous suivi pour une pathologie cardio-vasculaire comme un diabète, une hypertension… ? » incite à prendre un avis médical, surtout en cas de maladie non équilibrée ou non contrôlée.

2 J’évalue

Le ronflement léger et/ou occasionnel peut être amélioré par plusieurs solutions, dont certaines ont prouvé leur efficacité, en complément de conseils d’hygiène de vie, dont la perte de poids si besoin.

Un ronflement quotidien nécessite un avis médical pour éliminer par exemple une obstruction des voies respiratoires (voir Condiv) pouvant nécessiter une intervention chirurgicale. En outre, s’il est très bruyant ou s’accompagne de pauses respiratoires et/ou de répercussions en journée, la recherche d’apnée du sommeil est nécessaire.

L’apnée du sommeil, ou plus largement le syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS), se caractérise par des pauses respiratoires d’au moins 10 secondes et anormalement fréquentes. L’obstruction du passage de l’air, complète (apnée) ou non (hypopnée), entraîne une baisse d’oxygène dans le sang et un retentissement cardio-vasculaire. Ces pauses respiratoires provoquent des microréveils à l’origine d’une fatigue et d’une somnolence diurnes.

3 Je passe en revue

Les solutions varient selon le niveau de l’obstruction, plutôt au niveau nasal ou plutôt à l’étage pharyngé.

Contre le ronflement nasal

• Spray nasal. Il renferme des agents hydratants et lubrifiants tels que gomme xanthane, acide hyaluronique, glycérine… Ces derniers limitent les vibrations lors du passage de l’air entre les tissus en diminuant les résistances. Sont souvent associées des huiles essentielles à visée décongestionnante, menthe poivrée, eucalyptus… Leur durée d’action est relativement courte. Précautions : non recommandés chez la femme enceinte ou allaitante. Employer avec précaution en cas d’asthme ou d’antécédents de convulsions.

• Dilatateurs et bandelettes. Ces dispositifs visent à écarter les ailes du nez pour augmenter le flux d’air et améliorer la respiration nasale.

→ Dilatateur nasal. Aussi appelé écarteur nasal, il est en plastique ou en silicone souple, lavable à l’eau et au savon et réutilisable environ trois mois. Il s’insère dans le nez et maintient les ailes du nez écartées grâce à ses propriétés élastiques. Il réduit les ronflements et améliore la ventilation chez les sportifs(1). Précautions : gêne ou irritations sont possibles.

→ Bandelettes nasales. En tissu souple et munies d’une partie flexible à effet ressort, elles se posent sur le nez. À usage unique, elles sont également une alternative en cas d’inconfort du dilatateur. Précautions : irritations possibles liées à l’adhésif.

• Orthèse nasale. Constituée d’un tube souple siliconé préformé, muni de petits trous pour éviter que le tube se collapse, l’orthèse Nastent Classic s’insère dans une narine jusqu’à atteindre le voile du palais à proximité de la luette. En ouvrant la bouche, on doit voir l’orthèse passer à l’arrière du pharynx. Le dispositif facilite le passage de l’air au niveau nasal mais aussi buccal, en créant un vide à l’arrière du pharynx. Prescrit par des ORL, il est également utilisable en automédication. « Des études montrent qu’il peut être aussi efficace que la pression positive continue (PPC) chez certains patients qui ne la supportent pas ou plus, explique le Pr Jean-Marc Thomassin, ORL à Marseille (13). Son avantage est d’être discret, simple à utiliser, sans les inconvénients de la PPC ou de l’orthèse mandibulaire, souvent inconfortables ». Effets indésirables : possible irritations de la muqueuse, maux de gorge, toux. En pratique : chaque dispositif est à usage unique. « Les patients le réutilisent deux ou trois fois après l’avoir lavé et relubrifié. Au-dela, il peut perdre son efficacité », remarque le Pr Thomassin. Le kit d’initiation Starter kit renferme six tubes de longueur différente afin de déterminer la taille adéquate efficace sans provoquer de gêne. Disponible en version narine droite ou gauche, il faut choisir la plus perméable, c’est-à-dire celle avec laquelle on respire le mieux, en les bouchant l’une après l’autre celle. Contre-indications : rhume et irritations nasales.

Contre le ronflement pharyngé

• Sprays, pastilles, languettes. Comme le spray nasal, ces références renferment des agents qui lubrifient et humidifient les muqueuses : hydrogel, gommes végétales, acide hyaluronique, glycérine… S’y ajoutent parfois des extraits de plantes ou des huiles essentielles à action « tonifiante » : aloe vera, huile essentielle de menthe… Certaines disposent de galéniques à libération prolongée. Leur durée d’action relativement courte les rend surtout utiles sur des ronflements légers en début de nuit. Précautions : non recommandés en cas de grossesse et d’allaitement.

• Dispositifs positionnels… La thérapie positionnelle vise à inciter le ronfleur à dormir sur le côté ou le ventre plutôt que sur le dos, position faisant « tomber » la langue vers l’arrière, ce qui obstrue le passage de l’air. Elle a prouvé son efficacité pour réduire les ronflements et les apnées du sommeil(2) induits par la position dorsale. Parmi ces dispositifs, citons des oreillers « bombés » sur le dessus (Quies…), des ceintures voire des sacs à dos gênant la position sur le dos (Ronfless, Pasuldo sur Internet…), ou des patchs qui vibrent quand on est sur le dos (Somnibel sur Internet…). En pratique : certains sont encombrants et/ou gênants, ce qui nuit à l’observance. L’oreiller est utile… à condition de dormir dessus et de ne pas le repousser dans la nuit ! La ceinture Ronfless a fait l’objet d’une étude clinique montrant son efficacité pour diminuer ronflements et apnées du sommeil.

• L’orthèse d’avancée mandibulaire (OAM). Elle vise à maintenir la mâchoire inférieure en position légèrement avancée durant le sommeil pour libérer le passage de l’air à l’arrière du pharynx. Elle a prouvé son efficacité pour réduire les ronflements et les épisodes d’apnées du sommeil, pour lesquels l’OAM est indiquée en première intention dans les formes légères ou modérées et en alternative au dispositif de pression positive continue dans les apnées modérées à sévères.

Les OAM d’automédication sont pour la plupart thermoformables pour s’adapter aux arcades dentaires, avec plusieurs niveaux d’avancée permettant le meilleur compromis entre confort et efficacité. Certaines sont articulées afin de parler ou bâiller sans que l’orthèse tombe. Leur durée de vie varie de six à dix-huit mois selon les références. Exemples : Oniris, Douce nuit, Quies… Précautions : contre-indiquées en cas de pathologie parodontale, de prothèse dentaire amovible et/ou de dents manquantes. En pratique : après trempage dans l’eau chaude, l’orthèse est mise en bouche pour être modelée à la denture du patient. Une fois modelée, la régler sur une faible avancée au début, puis augmenter progressivement si les ronflements persistent. Nettoyage à l’eau avec une brosse à dents sans dentifrice, car trop abrasif, mais avec des produits d’entretien pour prothèses dentaires. Effets indésirables : douleur de la mâchoire, hypersalivation ou sécheresse buccale, irritation gingivale surtout en début de port. À savoir : l’OAM sur mesure réalisée au cabinet dentaire est rembour sée sur prescr iption d’un médecin spécialiste du sommeil, cardiologue, ORL, pneumologue… dans certaines formes d’apnée du sommeil. Oniris Pro est la seule orthèse d’automédication remboursable sur prescription médicale dans certaines apnées du sommeil lorsqu’elle est placée par un chirurgien dentiste, qui en assure aussi le suivi.

Autres

• Bandeau ou mentonnière anti-ronflements : vise à maintenir la bouche fermée afin de respirer par le nez. Exemples : Quies…

• Bague d’acupression. Elle viserait à réduire les ronflements par stimulation de points spécifiques d’acupression au niveau d’un doigt, ici l’auriculaire, en lien avec l’appareil respiratoire. Cette technique issue de la médecine chinoise consiste à porter la nuit un anneau métallique avec deux bosses internes renfermant chacune un aimant qui exerceront une pression sur différents points du doigt du ronfleur durant son sommeil. Ces pressions tonifieraient le flux énergétique et réduiraient le ronflement. Exemples : Aimantix, Lanaform, Peaceful Night…

4 Je choisis

En fonction de la plainte

• Ronflement léger et/ou occasionnel : orienter vers dilatateur, bandelettes, sprays, pastilles ou languettes buccales +/- dispositifs de thérapie positionnelle.

• Ronflement quotidien et/ou important : en cas d’échec des solutions précédentes, une orthèse d’avancée mandibulaire en expliquant ses limites telles qu’inconfort et difficulté d’adaptation, et en attendant un avis médical.

En fonction des préférences

• Discrétion : spray nasal plutôt que dilatateur ou bandelettes, pastilles, languettes plutôt que spray buccal.

• Produit nomade : pastilles, languettes buccales, dilatateur et bandelettes nasales sont peu encombrants.

5 J’explique

Hormis les orthèses d’avancée mandibulaire, les solutions d’automédication ne sont efficaces qu’en cas de ronflement léger et occasionnel, éventuellement en les combinant, et après avoir recherché et agi sur les autres causes possibles du ronflement, le surpoids notamment.

6 Je conseille

Utilisation

• Spray buccal, pastilles et languettes : ne pas manger ni boire après utilisation.

• Si utilisation conjointe d’un spray nasal et buccal. Pulvériser le spray nasal en premier car, en coulant un peu dans l’arrièregorge, il pourrait compromettre l’efficacité du spray buccal s’il est utilisé après celui-ci.

• Bandelette nasale et dilatateur : également employés par les sportifs dans le but d’augmenter leur performance !

• Orthèse d’avancée mandibulaire. Un temps d’adaptation est nécessaire. Conseiller un port de quelques heures seulement par nuit au début. Si une gêne importante persiste, recommander un avis médical et l’essai d’une orthèse sur mesure, dont l’efficacité et la tolérance sont meilleures, avant de conclure à l’échec de cette méthode.

Hygiène de vie

• Encourager le contrôle du poids car, en cas de surpoids, les tissus mous pharyngés augmentent de volume et diminuent le diamètre des voies aériennes supérieures.

• Dormir la tête surélevée peut aider à dégager les voies respiratoires. Recommander un oreiller ferme ou ergonomique.

• Inciter à l’arrêt du tabac, qui favorise une irritation et un œdème des voies respiratoires.

• Éviter la prise d’alcool avant le coucher et encourager le sevrage des hypnotiques car ils diminuent le tonus musculaire.

Avec l’aimable participation du Pr Jean-Marc Thomassin, ORL à Marseille (13).

(1) P. Kerr et al., Journal of Otolaryngology 21 :3, 1992 – étude J. Ulfberg, 1997.

(2) PR. Srijithesh, R. Aghoram, A. Goel, J. Dhanya, Positional therapy for obstructive sleep apnoea, Cochrane Database of Systematic Reviews 2019, Issue 5, Art. N° CD010990, www.doi.org/10.1002/14651858.CD010990.pub2

Le condiv

Mécanisme du ronflement. Le rétrécissement des voies respiratoires pendant le sommeil cause une résistance au passage de l’air. Le flux d’air est accéléré pour continuer à alimenter les poumons en oxygène. Cet air qui passe durant l’inspiration fait vibrer les parois tissulaires et cause le bruit du ronflement.

Ce rétrécissement peut se situer :

→ au niveau nasal : congestion liée à un rhume ou une allergie, épaississement de la muqueuse des cornets (structures osseuses nasales) en cas de rhinite chronique, déviation de la cloison nasale. Un orifice étroit des valves nasales est plus rare ;

→ et/ou au niveau de l’arrière-gorge, le plus fréquent après 40 ans : relâchement ou épaississement des tissus mous, voile du palais et luette, basculement de la langue vers l’arrière lors du sommeil. Âge, surpoids, tabac, alcool, anxiolytiques/hypnotiques diminuent le tonus musculaire.

Un ronflement moyen génère un son de 45 à 60 dB, comme le bruit de la voix.

Un ronflement majeur peut atteindre 95 dB, voire plus, ce qui équivaut au passage d’un camion !

Le ronflement n’est pas grave en soi, mais attention ! Ronflements très bruyants, quotidiens et/ou avec fatigue ou somnolence en journée, céphalées matinales, troubles de la mémoire ou de la libido, et/ou si le conjoint détecte des pauses respiratoires durant le sommeil, font suspecter des apnées du sommeil.

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