Une injection d’acide hyaluronique pour une gonarthrose - Porphyre n° 571 du 18/01/2021 - Revues
 
Porphyre n° 571 du 18/01/2021
 

Savoir

L’ordo

Auteur(s) : Nathalie Belin

Mr P., 60 ans, souffre d’arthrose du genou depuis des années. Les crises douloureuses s’intensifiant, le rhumatologue propose une injection intra-articulaire d’acide hyaluronique et renouvelle les autres traitements.

Ce que je dois savoir

Législation

Go-On One, en injection intra-articulaire d’acide hyaluronique, et Chondrosulf, anti-arthrosique symptomatique d’action lente (AASAL), ne sont par remboursés par l’Assurance maladie.

Condiv

C’est quoi ?

• L’arthrose, affection articulaire chronique fréquente, se caractérise par une dégénération progressive du cartilage, associée à des lésions osseuses et à une inflammation de la membrane synoviale (voir Dico+). Les articulations les plus concernées sont la colonne vertébrale, la main, le genou et la hanche. Quand le pouce est touché, il s’agit d’une rhizarthrose, quand c’est le genou, c’est une gonarthrose et quand c’est la hanche, c’est une coxarthrose.

• Typiquement, la douleur arthrosique apparaît lors d’efforts et est calmée par le repos. Elle peut devenir chronique, avec une gêne quotidienne, accentuée lors de poussées inflammatoires au cours desquelles l’articulation est très douloureuse, parfois rouge, chaude, voire gonflée. Elle s’accompagne d’un enraidissement progressif de l’articulation, puis de déformations articulaires.

• Les lésions du cartilage sont irréversibles mais l’évolution est très variable d’un individu à l’autre, très rapide à beaucoup plus lente.

Quelle prise en charge ?

• Le socle repose sur des traitements non pharmacologiques : perte de poids si besoin, activité physique régulière qui entretient l’articulation et limite l’enraidissement, aides techniques telles que canne, genouillère, semelles… qui réduisent les contraintes s’exerçant sur l’articulation.

• Les médicaments n’ont qu’une action symptomatique visant à calmer la douleur : antalgiques, anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), injection intra-articulaire de corticoïde en cas de forte poussée inflammatoire ou d’acide hyaluronique, et anti-arthrosiques symptomatiques d’action lente, tels la chondroïtine, la glucosamine, la diacéréine et les insaponifiables d’avocat et de soja.

→ Les AINS topiques, mieux tolérés que par voie orale, sont si possible privilégiés.

→ Les injections d’acide hyaluronique ont une certaine efficacité sur la douleur et la fonction articulaire, mais jugée insuffisante pour une prise en charge par l’Assurance maladie. De même pour les anti-arthrosiques symptomatiques d’action lente qui, dans tous les cas, n’agissent qu’après plusieurs semaines de prise.

Objectifs

• Soulager rapidement une poussée douloureuse grâce aux AINS sous forme topique ou per os.

• Espacer les crises douloureuses grâce aux injections d’acide hyaluronique.

• Agir potentiellement au long cours grâce à la chondroïtine.

Dispositif médical

Go-On One

Ce dispositif médical renfermant une solution viscoélastique d’acide hyaluronique est indiqué en injection intra-articulaire dans le genou en viscosupplémentation. La structure et le poids moléculaire de l’acide hyaluronique permettent une mono-injection au lieu d’un protocole à trois injections hebdomadaires par exemple.

Médicaments

Diclofénac gel 1 %

AINS topique du traitement symptomatique des poussées douloureuses d’arthrose.

Ibuprofène 400 mg

AINS par voie orale indiqué dans le traitement des douleurs modérées d’arthrose.

Chondrosulf (chondroïtine sulfate)

Cet AASAL renfermant de la chondroïtine sulfate, constituant du cartilage, est indiqué dans le traitement symptomatique à effet différé de l’arthrose du genou et de la hanche.

Repérer les difficultés

• Éclairer les informations données par le médecin sur la viscosupplémentation : expliquer le geste, ce qu’il faut en attendre et les précautions à prendre après l’injection.

• Gérer l’usage des AINS : afin de sécuriser leur prise et de limiter les effets indésirables.

• Faire comprendre l’importance de l’activité physique : avec la correction d’un surpoids, c’est l’un des moyens les plus efficaces pour contrôler l’évolution de l’arthrose.

Ce que je dis au patient

J’ouvre le dialogue

« À quel moment l’injection intra-articulaire est-elle prévue ? », « Le médecin vous a-t-il fait des recommandations particulières de repos après l’injection ? » recensent les informations reçues. « Comment utilisez-vous les anti-inflammatoires habituellement ? Sur quelques jours ? En privilégiant la crème ? » vérifient le bon usage des AINS. « Savez-vous qu’il est important de conserver une activité physique régulière ? » ouvre sur l’éducation à la santé et l’hygiène de vie.

J’explique le traitement

Mécanismes d’action

• L’acide hyaluronique est un composant du liquide dans lequel baigne l’articulation. Il agit comme lubrifiant. Il va réduire la douleur et améliorer la mobilité du genou.

• L’anti-inflammatoire topique pénètre la peau et atteint les articulations superficielles du genou ou des doigts, à une concentration suffisante pour agir.

• L’anti-inflammatoire par voie orale agit plus longtemps que sous forme locale mais expose à davantage d’effets indésirables.

• La chondroïtine sulfate remplace la glucosamine. Elle aide à soulager de façon modeste la douleur mais après au moins six à huit semaines de prise.

Modes d’utilisation

• Acide hyaluronique : l’injection réalisée par le médecin après désinfection cutanée n’est en général pas douloureuse. Une anesthésie locale est parfois proposée.

• AINS topique : en massage trois à quatre fois par jour en cas de douleur, sans dépasser sept à quatorze jours. Se laver les mains après emploi.

• AINS oral : si l’AINS en crème ne suffit pas, le prendre lors d’un repas, à dose minimale efficace et pour la durée la plus courte possible.

• Chondroïtine : à diluer dans un demi-verre d’eau au cours d’un repas.

Effets indésirables

• Acide hyaluronique : douleur légère et passagère possible après injection.

• Diclofénac gel : érythème et prurit possibles.

• Ibuprofène : hémorragies et ulcérations digestives, effets cardio-vasculaires au long cours.

• Chondroïtine sulfate : nausées, vomissements possibles, voire prurit, érythème…

J’accompagne

Injection d’acide hyaluronique

L’application de froid peut limiter la douleur. Mettre le genou au repos les 24-48 heures après, en excluant sport ou marche prolongée. Le soulagement est progressif mais parfois rapide dans les jours suivant l’injection. L’amélioration des symptômes, avec moins de gêne et de douleur, peut perdurer de six mois à un an.

Vie quotidienne

• Lors d’une poussée douloureuse, il est impératif de mettre l’articulation au repos.

• En dehors des poussées, l’exercice physique quotidien favorise et entretient la mobilité articulaire, et renforce le tonus musculaire, qui participe à la solidité globale de l’articulation. Aucun sport n’est contre-indiqué, dans la limite de la douleur.

Vente associée

Une genouillère pour stabiliser l’articulation et atténuer la douleur à la marche ou à la reprise d’une activité sportive après une poussée.

Prescription

Dr R., rhumatologue. Alain P., 60 ans, 73 kg.

• Go-On One 1 injection à rapporter au cabinet médical.

• Diclofénac 1 % gel 3 à 4 fois par jour en cas de douleur. 2 tubes.

• Ibuprofène 400 mg 1 cp maximum 3 fois par jour si besoin. 1 boîte.

• Chondrosulf 1 200 mg

1 sachet par jour pendant 3 mois à la place de Flexea.

Dico +

→ Le cartilage recouvre l’ensemble de l’articulation, qui est entourée d’une capsule, sorte de sac dont la paroi interne est tapissée de la membrane synoviale. Cette membrane sécrète le liquide synovial qui « nourrit » et lubrifie le cartilage.

Info +

→ Les AINS par voie orale peuvent, lorsqu’ils sont pris dans un condiv infectieux, être à l’origine d’aggravation d’infections.

L’interruption des prises et un avis médical sont recommandés, en particulier en cas de suspicion de Covid-19.

→ L’acide hyaluronique est un constituant du liquide synovial.

Le patient me demande

« Le médecin m’a prescrit des semelles orthopédiques. Est-ce vraiment utile ? »

Oui, elles peuvent aider à corriger une posture inadéquate et mieux répartir la charge s’exerçant sur le genou. Il faut les associer à des chaussures à semelles épaisses et souples, qui amortissent les chocs. Tout est bon pour soulager le genou et pouvoir bouger ! Le cartilage est ainsi mieux nourri et oxygéné, les muscles sont plus toniques et, au final, l’ensemble de l’articulation est mieux protégé.

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