“Je voudrais un bain de bouche”

1 Je questionne

Préciser la demande

« Est-ce pour vous ou pour un enfant ? », « Y a-t-il une raison particulière ? » et « Avez-vous une douleur, ou des gencives qui saignent ? » identifient le condiv et orientent vers une référence adaptée.

Rechercher certains critères

Selon le cas, « Êtes-vous enceinte ? » guide le choix. « Avez-vous consulté un dentiste récemment ? » ou « Est-ce prévu ? » et « Quelles sont vos habitudes en matière d’hygiène bucco-dentaire ? Vous utilisez des brossettes, du fil dentaire, une brosse souple… » évaluent les pratiques et les conseils à donner.

2 J’évalue

Un bain de bouche n’est pas indispensable à une bonne hygiène bucco-dentaire mais il peut être utile en complément du brossage (voir Condiv) ou en traitement d’appoint de soins dentaires, de pathologies gingivales ou d’affections à type d’aphtes, de douleurs en attendant une consultation dentaire. Gencives rouges et enflées, saignements, mauvaise haleine, tout changement doit inciter à consulter un dentiste. Chez l’enfant, les bains de bouche s’utilisent sur recommandation du dentiste, à partir de 6 ans pour certains, et seulement si l’enfant sait recracher.

3 Je passe en revue

Deux types de bains de bouche sont disponibles : ceux à visée thérapeutique, avec le statut de médicament, et ceux « de confort », utilisables au quotidien.

Avec antiseptique à visée thérapeutique

Les bains de bouche « médicaments » sont indiqués dans le traitement local d’appoint des infections de la cavité buccale et des soins post-opératoires en stomatologie. Ils renferment des antiseptiques : chlorhexidine, hexétidine, benzoate ou salicylate de sodium, povidone iodée… Ces derniers diminuent la prolifération bactérienne, ce qui réduit la formation de la plaque dentaire et l’inflammation gingivale. Exemples : Eludril, Hextril, Paroex… Certains contiennent des huiles essentielles. Exemples : Alodont, Hextril… Les bains de bouche contenant au moins 0,12 % de chlorhexidine, et ceux associant chlorhexidine 0,1 % et chlorobutanol, antiseptique et légèrement analgésique, sont remboursés. Exemples : Paroex, Prexidine, EludrilPério 0,2 %, Eludril Gé ; Eludril Pro, équivalent d’Eludril Gé, n’est pas remboursé. Précautions : l’alcool, souvent présent, s’avère irritant à la longue et asséchant pour la muqueuse buccale. Les antiseptiques sont susceptibles à terme de déstabiliser le microbiote buccal, et ne doivent pas être utilisés plus d’une à deux semaines. La chlorhexidine, à ces concentrations en cas d’usage prolongé, peut colorer la langue, des dents ou des prothèses, mais ce phénomène est réversible à l’arrêt.

À visée « confort »

Ces produits ont un statut de cosmétique ou de dispositif médical. Selon les composants, les allégations de santé varient.

• Gencives sensibles. Ils renferment de la chlorhexidine à faible concentration, 0,04 à 0,06 %, ou autres antiseptiques tels que hexétidine, cétylpyridinium…, des huiles essentielles (HE) aux propriétés antiseptiques et/ou analgésiques, tel l’eugénol, des actifs anti-inflammatoires ou apaisants, avec aloe vera, provitamine B5, bisabolol, acide glycyrrhétinique, eau thermale…, des agents anti-tartre comme le chlorure de zinc, des fluorures d’étain et d’amines qui limitent la formation de la plaque dentaire. Le fluorure d’étain réduirait la solubilisation de l’hydroxyapatite constitutif de l’émail dentaire.

• Sensibilité dentaire avec des agents :

→ protégeant l’émail avec effet anti-érosion : fluorures de sodium et/ou d’étain, d’amines, de calcium, chlorure d’étain ;

→ obturant les canalicules dentinaires sur les collets exposés : complexe arginine-carbonate de calcium, fluorure d’étain… ;

→ réduisant la sensibilité des mécanorécepteurs de la pulpe dentaire : nitrate de potassium.

• Protection caries. Des composés fluorés renforcent l’émail et limitent l’adhésion de la plaque dentaire si la concentration est d’au moins 200 ppm. « Il n’y a pas de risque de surdosage avec le fluor contenu dans les dentifrices », note Christophe Lequart, chirurgien-dentiste à Sorigny (37), porte-parole de l’Union française pour la santé bucco-dentaire (UFSBD).

• Halitose : le lactate et l’acétate de zinc neutralisent les composés sulfurés volatils à l’origine de la mauvaise haleine, les huiles essentielles de menthe et d’eucalyptus sont à visée rafraîchissante. « Les bains de bouche pour dents sensibles et ceux destinés au problème d’halitose, à base d’acétate ou de lactate de zinc, sont également un plus. En revanche, ceux à visée blancheur ont peu d’intérêt », souligne le Dr Lequart. Précautions : attention, certains contiennent de l’alcool et d’autres sont plus concentrés en antiseptiques, et ne sont donc pas recommandés au quotidien. Exemples : Alodont Protect, Curasept ADS 220 ou 212… Les dérivés terpéniques des huiles essentielles, tels eugénol, menthol, thymol, ne sont pas recommandés en cas de grossesse et d’antécédents de convulsions ; des confusions sont possibles chez les personnes âgées. La chlorhexidine à faible dose ne colore pas les dents en général.

4 Je choisis

En fonction de la plainte

• Saignements gingivaux, douleurs en attendant un avis dentaire : bain de bouche à visée thérapeutique.

• Autres : en cas de mauvaise haleine et de sensibilité dentaire, choisir un « protection gencives » en relais de bains de bouche médicamenteux et un fluoré pour prévenir un risque carieux en cas de brossage inadapté, de grignotages entre les repas, d’appareil orthodontique…

• Pour un usage quotidien : bain de bouche « confort », sans alcool.

En fonction du patient

• Âge : à vérifier systématiquement, certaines références étant contre-indiquées avant 12 ans ou réservées à l’adulte.

• Grossesse, enfant : un bain de bouche sans alcool.

• Grossesse, antécédents de convulsions : pas d’huiles essentielles.

5 J’explique

Un bain de bouche ne remplace pas l’action mécanique de la brosse à dents ni du fil dentaire ou des brossettes. Il peut toutefois renforcer l’action du brossage grâce à ses actifs qui, non rincés, atteignent des zones difficilement accessibles. Un bain de bouche concentré en antiseptique s’emploie une à deux semaines maximum, sauf recommandation médicale.

6 Je conseille

Utilisation

Un bain de bouche s’utilise pur le plus souvent, ou dilué pour certaines références médicamenteuses.

Après brossage des dents et rinçage à l’eau, garder le produit en bouche au moins 30 secondes, si besoin en s’y reprenant à plusieurs fois, avant de le recracher. Ne pas se rincer la bouche ensuite.

Prévention

• Employer un dentifrice adapté au trouble, ainsi qu’une brosse à dents souple. Les brins durs ou medium pénètrent moins bien entre les espaces interdentaires et incitent à trop appuyer sur la brosse, ce qui est délétère pour l’émail et les gencives. Ne pas se rincer la bouche après le brossage, sauf s’il est suivi d’un bain de bouche.

• Éviter les grignotages entre les repas, la consommation excessive de boissons ou d’aliments acides, tels que sodas, agrumes…, qui favorisent les attaques acides, et donc les caries et l’érosion dentaire.

• Sauf problème particulier, une visite annuelle chez le dentiste est recommandée pour détecter à temps une carie débutante et pour éliminer la plaque dentaire calcifiée afin de prévenir les pathologies gingivales.