Tatie Danièle change de traitement contre la BPCO - Porphyre n° 569 du 01/12/2020 - Revues
 
Porphyre n° 569 du 01/12/2020
 

Savoir

L’ordo

Auteur(s) : Anne-Gaëlle Harlaut

Danièle P. souffre d’une BPCO mais elle ne supporte plus les tremblements occasionnés par Oxeol (voir Dico+). Sa pneumologue opte donc pour un nouveau traitement inhalé, que sa nièce vient chercher.

Ce que je dois savoir

Législation

Le dosage de fluticasone/salmétérol en flacon pressurisé n’a pas d’indication dans la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), au contraire des dispositifs Diskus, mais un syndrome de chevauchement asthme-BPCO légitime sa prescription. La chambre d’inhalation est prise en charge à la liste des produits et prescription (LPP) avec un tarif également prix limite de vente, donc sans dépassement à faire payer à la patiente.

Condiv

Cette ordonnance prend en charge la BPCO.

La BPCO est une affection respiratoire chronique, avec obstruction permanente et progressive des voies aériennes qui entraîne une diminution lente et peu réversible des débits respiratoires. Le tabagisme en est l’une des causes. « Tatie Danièle a arrêté de fumer depuis trois ans suite à une complication respiratoire », vous raconte sa nièce.

Les mécanismes en cause sont une inflammation chronique des bronches, une réduction du calibre des bronchioles et un emphysème, qui est une dilatation des alvéoles pulmonaires pouvant conduire à leur destruction. Pour Danièle P., la pneumologue évoque une composante asthmatique dans la BPCO.

Les symptômes, longtemps absents ou discrets, débutent par une toux chronique avec expectorations. Apparaît ensuite une dyspnée (essoufflement), d’abord à l’effort, puis aussi au repos. L’aggravation évolue vers une insuffisance respiratoire chronique. Des poussées aiguës, avec exacerbations ponctuelles des symptômes lors d’épisodes infectieux, de forte pollution…, peuvent conduire à des hospitalisations et à des complications cardiaques ou neurologiques mettant en jeu le pronostic vital.

La prise en charge associe la réduction des facteurs de risque, dont l’arrêt du tabac prioritaire, et selon le stade de gravité (voir Dico+), un traitement pharmacologique symptomatique, la réhabilitation respiratoire (voir Dico+), l’oxygénothérapie.

L’évolution dépend de la précocité de la prise en charge, qui peut stopper l’aggravation, voire améliorer un peu la fonction respiratoire, mais l’obstruction bronchique est définitive.

Objectifs

Le but de la prescription est quadruple :

prévenir et contrôler les symptômes ;

réduire la fréquence des exacerbations ;

améliorer la tolérance à l’exercice ;

faciliter l’observance.

Médicaments

Fluticasone + salmétérol

Un glucocorticoïde anti-inflammatoire local au niveau de la muqueuse bronchique est associé à un agoniste des récepteurs bêta-2 adrénergiques, qui produit une bronchodilatation de longue durée de douze heures.

Ventoline (salbutamol)

Cet agoniste des récepteurs bêta-2 adrénergiques à action rapide et de courte durée est prescrit ici en traitement aigu des symptômes de la BPCO à l’effort et en préventif.

Cétirizine

Cet antagoniste des récepteurs H1 périphériques bloque les récepteurs à l’histamine. Il est prescrit ici dans le cadre de la composante allergique.

Dispositif médical

AeroChamber Plus

Cette chambre d’inhalation en polycarbonate de 150 ml est dotée d’un embout buccal avec capuchon, d’un clapet anti-retour et d’un sifflet qui contrôle la vitesse d’inspiration. Elle facilite l’administration d’aérosol-doseur en cas de difficultés de coordination entre inspiration et action de la main. C’est le cas de Danièle P.

Repérer les difficultés

Tatie Danièle n’est pas une « pro » de l’observance… Réexpliquer l’intérêt du traitement, insister sur les conseils de prise pour limiter les effets indésirables.

Expliquer les différences entre traitement de fond et prise à la demande lors de la délivrance.

Faire manipuler la chambre d’inhalation.

Ce que je dis à sa nièce

J’ouvre le dialogue

« Le traitement pour les bronches est désormais en spray. Sait-elle comment utiliser la chambre d’inhalation ? » sonde les difficultés de prise. « Vous verrez, ce sera plus facile, dites-lui qu’il suffit de respirer » rassure et crée l’adhésion. « Les deux sprays se prennent différemment, l’un deux fois par jour, l’autre à la demande. Vous pourrez vérifier avec elle ? » teste les connaissances.

J’explique le traitement

Mécanismes d’action

Fluticasone + salmétérol calme l’inflammation et ouvre les bronches de façon durable. Ce traitement se prend tous les jours pour mieux respirer. En cas de besoin, Ventoline ouvre davantage et plus rapidement les bronches pour éviter d’être essoufflée à l’effort ou en cas de toux. Le comprimé agit, lui, contre l’allergie, qui joue un rôle dans l’inflammation des voies ariennes.

Mode d’administration

AeroChamber Plus. Enlever le capuchon de l’embout buccal. Déboucher et agiter l’aérosoldoseur, puis l’insérer dans l’adaptateur arrière de la chambre. Expirer normalement, puis placer l’embout de la chambre dans la bouche. Presser une fois sur l’aérosol, puis inspirer lentement et profondément par la bouche en ralentissant si le sifflet se met en route. Respirer deux ou trois fois en gardant l’embout. Réitérer si besoin pour une seconde bouffée après 30 secondes.

Fluticasone + salmétérol : 2 bouffées matin et soir, tous les jours. Se rincer la bouche à l’eau et la recracher après pour éviter une mycose.

Ventoline : 1 à 2 bouffées en prévention des essoufflements avant un effort ou en cas de toux, sans dépasser 8 bouffées par jour.

Cétirizine : 1 comprimé par jour. À prendre le soir si somnolence.

Effets indésirables

Fluticasone + salmétérol : candidose buccale et pharyngée, bronchite, maux de tête, raucité de la voix, rhino-pharyngite, crampes, arthralgies, myalgies.

Ventoline : céphalées, tremblements, tachycardie, réaction au site d’injection, céphalées, syndrome pseudo-grippal, nausées.

Cétirizine : somnolence, fatigue, vertiges, céphalées.

Surveillance

Si le nombre de bouffées de Ventoline dépasse huit par jour, appeler le médecin.

J’accompagne

Traitement

Nettoyer la chambre avant la première utilisation, puis une fois par semaine. Enlever l’adaptateur et le capuchon de l’embout, faire tremper toutes les pièces quinze minutes avec du liquide vaisselle. Rincer et laisser sécher à l’air libre.

Différencier les aérosols : écrire sur la boîte, faire un trait au marqueur…

Ventoline : garder le flacon sur soi. Attention, il n’y a pas de compteur de doses.

Vie quotidienne

Proscrire antitussifs et mucolytiques, non recommandés en cas de BPCO.

Éviter les atmosphères enfumées, sèches…

Consulter rapidement en cas de fièvre, de toux ou d’essoufflement exacerbé.

Bien respecter les gestes barrières.

Vente associée

Proposer un thermomètre facile d’utilisation.

Prescription

Dr B., pneumologue. Mme Danièle P., 77 ans, 62 kg, 1,62 m.

Ordonnance 1

Fluticasone + salmétérol 250 microgrammes/ 25 microgrammes/ dose suspension pour inhalation (Sérétide)

2 inhalations matin et soir.

Ventoline 100 microgrammes/ dose

À la demande, 1 à 2 bouffées, 8 par jour maximum. 2 bouffées avant effort et 2 bouffées en cas de toux plus fréquente dans la journée.

Cétirizine 10 mg 1 cp le soir. QSP 6 mois. Appeler en cas d’aggravation de la toux.

Ordonnance 2

AeroChamber Plus 1 unité.

Dico +

→ Oxeol en comprimés est un bronchodilatateur bêta-2 mimétique à action retardée et de longue durée par voie orale.

→ La sévérité de la BPCO est classée en stades I à IV selon la mesure du volume expiratoire maximal par seconde (VEMS).

→ La réhabilitation respiratoire est un ensemble de traitements non médicamenteux indiqués dans la prise en charge de la BPCO : réentraînement à l’exercice, éducation thérapeutique, suivi nutritionnel, psychologique…

La nièce de la patiente me demande

« La pneumologue a parlé de vaccins. Lesquels doit-elle faire ? » En plus des vaccinations habituelles, il est très important qu’elle se fasse vacciner contre les infections respiratoires, qui peuvent provoquer une dégradation aiguë de sa maladie et abîmer davantage ses bronches. Deux vaccins sont indispensables. Celui de la grippe, chaque année dès sa mise à disposition, et les deux vaccins contre les pneumocoques(1), tous les cinq ans. Il faut vérifier si elle est à jour, mais je vois que c’est le cas. Donc, qu’elle fasse celui contre la grippe.

  • (1) 13-valent (Prévenar) et 23-valent (Pneumovax).

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