Se déconfiner sans se relâcher - Porphyre n° 563 du 27/05/2020 - Revues
 
Porphyre n° 563 du 27/05/2020
 

Comprendre

enquête

Auteur(s) : Magali Clausener

Les officines ont poursuivi, à de rares exceptions, leur activité durant le confinement. Le plan général de reprise d’activité ne s’applique donc pas totalement aux pharmacies car elles ont déjà pris des mesures de prévention. Pour autant, les équipes doivent rester vigilantes…

C’était un mardi de mars. Le 17, à midi exactement. Ce jour-là, le confinement débutait en France pour une durée indéterminée. Une liste interminable de commerces fermait alors au public. Hormis celles des centres commerciaux, gares et aéroports, les pharmacies sont restées ouvertes. Et se sont organisées tant bien que mal pour protéger leurs équipes et leurs clients. Puis, le 11 mai, la France entrait dans une phase de déconfinement. C’était un lundi.

Depuis, les quelques officines fermées ont rouvert leurs portes. Toutes doivent assurer encore et toujours la protection des personnes, car déconfinement ne doit pas rimer avec relâchement…

Marques au sol, masques, désinfection

« Le nombre de patients au sein de l’officine est limité. Nous avons créé des marquages au sol pour indiquer les sens de circulation, mis des croix pour matérialiser les distances de sécurité. Les comptoirs sont équipés d’une protection en plexiglas, mais nous avons ajouté des rubans souples à un mètre pour que les patients ne s’approchent pas des comptoirs, que nous nettoyons régulièrement, détaille Brigitte Bouzige, titulaire aux Salles-du-Gardon (Gard), qui travaille avec six préparatrices. Les claviers et les lecteurs de cartes bancaires sont "filmés" (avec du film alimentaire, NDLR) et nous changeons les films deux ou trois fois par jour en plus des désinfections. Chacun est responsable de son espace. Bien entendu, nous portons des masques et nous avons placé du gel hydroalcoolique à chaque comptoir et à l’entrée. » La titulaire gardoise n’a rien changé pour le déconfinement, mais a ajouté d’autres mesures, comme l’installation d’une colonne de solution hydroalcoolique.

« Nous avons renforcé les mesures au fur et à mesure durant la période de confinement. Nous avons mis au point des procédures de lavage des mains, de désinfection des claviers, etc. Je pense que, maintenant, nous sommes au point, explique Olivier Rozaire, titulaire à Saint-Bonnet-le-Château (Loire). De plus, les patients sont plutôt disciplinés. Ils attendent dehors que les personnes sortent avant d’entrer, alors que, sur les sept postes de travail espacés d’un mètre cinquante et dotés de plexiglas, trois sont libres. »

Grégory Tempremant, titulaire à Comines (Nord), a, lui, mis en œuvre des protocoles de désinfection toutes les heures, en plus d’une limitation à quatre du nombre de patients dans la pharmacie, marquage au sol, sens de circulation, plexiglas sur les comptoirs et bandeau pour délimiter un mètre devant, solution hydroalcoolique à l’entrée, masques… « Auparavant, les membres de l’équipe pouvaient tourner sur les postes. Depuis le confinement, chaque personne garde son poste toute la journée et signe un document après l’avoir désinfecté toutes les heures. Nous évitons également de manipuler les cartes bancaires », souligne-t-il. Pour le déconfinement, il a conservé son organisation et repris ses horaires d’ouverture, qu’il avait réduits depuis le 17 mars.

S’adapter aux comportements

À l’inverse, Nathalie Bailly, titulaire à Cabannes (Bouches-du-Rhône), a complètement revu son organisation. « Au départ, nous avons mis en place un parcours à sens unique et demandé aux patients d’attendre à l’extérieur. Nous n’avons pas pu avoir des plexiglas mais nous avions tous des masques. Nous avons tenu 48 heures car la clientèle ne respectait pas les règles ! Des patients Covid-19 entraient dans l’officine sans masque et nous ne pouvions pas leur en donner, faute de dotation de l’État. Nous avons donc servi les patients dehors, ceux qui avaient commandé et les urgences. En revanche, nous avons proposé un service gratuit de livraison des médicaments à domicile », relate la titulaire. La pharmacie a fonctionné ainsi jusqu’au 25 avril, lorsque Nathalie Bailly a pu, enfin, recevoir des plexiglas pour les comptoirs. L’officine a alors de nouveau accueilli les patients, mais pas plus de trois à la fois.

Des procédures ont été mises en œuvre, avec désinfection des comptoirs et lecteurs de cartes bancaires après chaque patient et des locaux tous les soirs. Les bacs où sont posés les ordonnances et les lecteurs de carte Vitale sont aussi régulièrement désinfectés. « En fait, tout ce que peuvent toucher les patients est nettoyé », résume Nathalie Bailly.

Des préconisations officielles

Toutes ces mesures font partie des recommandations de la fiche « Travail en pharmacie : quelles précautions prendre contre le Covid-19 ? » venant du ministère du Travail, actualisée le 8 mai. « Heureusement que nous n’avons pas attendu cette fiche pour mettre en place les précautions nécessaires dans notre pharmacie depuis le début du confinement », s’exprime une préparatrice sur la page Facebook de Porphyre ! Outre les mesures générales, cette fiche « officine » est divisée en trois parties selon les tâches : préparer, réaliser et vérifier.

Concernant l’organisation du travail, elle préconise le regroupement des tâches par salarié, d’affecter chaque personne à un comptoir de vente fixe et d’espacer les comptoirs ouverts d’un mètre si ce n’est pas déjà le cas. « Nous avons mis pas mal de choses en place mais tout n’est malheureusement pas réalisable », reconnaît Aurore, préparatrice, notamment dans les petites officines.

La fiche met en avant plusieurs dispositions adoptées dès le début du confinement : port du masque, marquage des distances entre les personnes et, à défaut d’un mètre entre le patient et le comptoir, la pose d’un « écran transparent » d’un mètre sur un mètre sur le comptoir, avec une fente pour le passage des documents et des médicaments. Beaucoup d’équipes les ont adoptées, mais pas toutes au vu des témoignages reçus à la rédaction. Certains ont « un pauvre plexiglas tenu par un fil », d’autres ont reçu « un masque chirurgical à faire sécher le soir »… Quand d’autres n’ont rien eu !

Payer sans contact

Le paiement par carte doit être favorisé, notamment sans contact. Les banques ont d’ailleurs augmenté le plafond du paiement sans contact à 50 €. Sinon, invitez le client à insérer sa carte dans le lecteur, nettoyé entre chaque patient. En cas de règlement par chèque, le poser sur le comptoir, recopier les informations de la carte d’identité sans la toucher et mettre à disposition des clients des stylos à usage unique pour la signature.

Préparer les ordos derrière

La fiche préconise aussi de sortir les ordonnances à l’arrière des comptoirs. Un service pour préparer des ordonnances par téléphone est recommandé pour les patients fragiles, afin d’éviter des déplacements supplémentaires. C’est ce qu’ont généralement fait les pharmacies, qui ont aussi développé les livraisons à domicile. Là encore, il faut prendre le temps de nettoyer le véhicule – volant, levier de vitesse, poignées, clé… – avec des lingettes désinfectantes avant de l’utiliser et à la fin de la tournée. Pensez à mettre des lingettes désinfectantes et de la solution hydroalcoolique à bord. Pas de contact direct avec les patients et livrer avec un masque…

La fiche aborde également la réception des livraisons : distances de sécurité lors de la dépose des colis et de la signature du bon de livraison en utilisant son propre stylo… ou pas car une autre fiche de sécurité par métier indique que le livreur peut ne pas faire signer ! La fiche préconise le rangement des produits et des stocks par une seule personne, si possible en dehors des heures d’ouverture de l’officine, avec au besoin le port d’une surblouse, de préférence à usage unique. Difficilement réalisable ! Enfin, si une salle de pause existe, il faut pouvoir faire respecter au moins un mètre de distance entre deux personnes. Avant chaque pause, se laver les mains, retirer son masque et sa blouse. Pas si simple dans les petites pharmacies…

Les points de vigilance

Cette fiche « officine » n’aborde pas le port de gants, l’aération, le nettoyage, le por t du masque des patients et clients. Ces points sont développés dans le protocole national de déconfinement pour les entreprises pour assurer la santé et la sécurité des salariés. Porter des gants est à éviter : « Ils donnent un faux sentiment de protection. Les gants deviennent eux-mêmes des vecteurs de transmission, le risque de porter les mains au visage est le même que sans gants, le risque de contamination est donc égal, voire supérieur. » Mieux vaut se laver les mains très régulièrement et après avoir touché tout objet manipulé par un patient, ordonnance, carte bancaire, produit…

« Si possible, aérez régulièrement l’espace de vente et les locaux de travail », est expliqué dans la fiche « officine », mais le protocole national est plus explicite. Une aération régulière de quinze minutes trois fois par jour est recommandée pour les bureaux. Ce conseil peut s’appliquer aux locaux commerciaux. Laisser les portes ouvertes, dans la mesure où un panneau indique que le nombre de personnes au sein de la pharmacie est limité, est une possibilité. Aérer quinze minutes toutes les trois heures est le conseil donné par le Haut Conseil de santé publique pour le domicile d’une personne malade.

Nettoyer et se masquer

Le protocole national précise les modalités de nettoyage quotidien. « Pour les surfaces, il conviendra d’utiliser des produits contenant un tensioactif (solubilisant les lipides) présent dans les savons, les dégraissants, les détergents et les détachants », estil écrit. Si les risques le justifient, une opération de désinfection peut être effectuée, en plus du nettoyage, avec un produit répondant à la norme virucide NF EN 14476 de juillet 2019, ou d’autres produits comme l’eau de Javel à la concentration virucide de 0,5 % de chlore actif, par exemple 1 litre de Javel à 2,6 % + 4 litres d’eau froide. Il est aussi recommandé de procéder plusieurs fois par jour au nettoyage-désinfection des surfaces et des objets régulièrement touchés « à l’aide de lingettes ou bandeaux nettoyants contenant un tensioactif », en particulier les surfaces en plastique et en acier, les sanitaires, les équipements de travail collectifs, les poignées des portes, les interrupteurs d’éclairage, les écrans tactiles, les combinés téléphoniques, les appareils de paiement, le mobilier, etc.

Quant au port du masque par les clients, il suscite des questionnements. Les pharmaciens interrogés mi-mai constatent que la quasi-totalité des personnes en ont un. Nathalie Bailly souhaite l’imposer à sa patientèle, même si le port du masque par la population n’a pas été rendu obligatoire. Le décret du 11 mai, paru au Journal officiel du 12 mai, précise les modalités de réouverture des commerces. Il prévoit que « l’exploitant peut également subordonner l’accès à l’établissement au port d’un masque de protection type Afnor ou chirurgical. » Le pharmacien peut imposer le port du masque, à condition d’en informer les clients avant l’entrée par une affiche sur la porte et sans risquer de priver les patients d’un accès aux médicaments.

Gérer l’afflux de patients

Si le trafic dans les officines a baissé durant le confinement, un afflux de patients à la sortie du confinement est inévitable. Le maintien de la distanciation physique et des gestes barrières est essentiel. Il est primordial de conserver des mesures d’accueil des patients Covid-19, voire des personnes contacts, puisque les pharmacies sont chargées de leur délivrer des masques. Idem pour les personnes fragiles. Des pharmaciens peuvent être tentés de rouvrir aux clients certaines surfaces de libre-service. C’est possible, sous réserve d’une superficie suffisante permettant une jauge maximale de 4 m2 par personne (Haut Conseil de la santé publique du 24 avril 2020). Ainsi, un établissement disposant d’une surface résiduelle – c’est-à-dire sans les rayons – de 160 m2 pourrait accueillir simultanément quarante personnes ou salariés (160/4). Pour une surface résiduelle de 60 m2, le nombre de personnes tombe à quinze. Ces calculs s’appliquent aux officines.

Autant de mesures contraignantes qui sont la contrepartie pour assurer sa santé et celle des autres.

Ce que dit le Haut conseil de la santé publique

→ La transmission des coronavirus des surfaces contaminées vers les mains n’a pas été prouvée. Cependant, elle ne peut être exclue, à partir de surfaces fraîchement contaminées par les sécrétions. Par ailleurs, les coronavirus survivent probablement jusqu’à trois heures sur des surfaces inertes sèches et jusqu’à six jours en milieu humide. Ainsi, la transmission manuportée à partir de l’environnement est possible.

→ Le virus peut rester infectieux sur des surfaces à température ambiante jusqu’à neuf jours, moins à des températures de plus de 30 °C. Néanmoins, le nettoyage et la désinfection sont efficaces pour réduire la contamination des surfaces par le SARS-CoV-2. Les surfaces sont facilement désinfectables par un contact d’une minute avec une solution d’hypochlorite de sodium à 1 % ou d’éthanol à 62-71 %.

Déconfinement prudent en CFA

La reprise des cours dans les Centres de formation des apprentis (CFA) n’a pas concerné la totalité des jeunes. Les directeurs sont en effet très vigilants sur les conditions sanitaires et ont d’ailleurs pris toutes les mesures pour qu’élèves et personnel puissent travailler en sécurité.

« Pour le déconfinement, chaque centre de formation fait en fonction de ses possibilités et de ses décisions. Il n’y a pas de généralités. Certains ne reprendront qu’en septembre, d’autres l’ont fait le 11 ou le 18 mai, ou bien le 2 juin », prévient d’emblée Marie-Pierre Gillo, directrice du CFA de Juvisy (91) et Poissy (78). Le déconfinement dépend aussi de l’année d’études. Ainsi, il n’y aura pas de reprise des cours des apprentis de BP2 de préparateur en pharmacie au CFA de Paris. « Il n’est pas prévu que les deuxièmes années reviennent physiquement au CFA », explique aussi Florence Hertel, directrice du CFA d’Avignon (Vaucluse). Marie-Pierre Gillo prévoit que des élèves de deuxième année viennent au CFA suivre des cours, mais par petits groupes et selon leur progression individuelle. « Ce ne sera pas avant le 2 juin en fonction de l’état sanitaire en Île-de-France et de l’évolution de cette période de déconfinement », précise la directrice du CFA. Quant aux BP1, le CFA d’Avignon les accueillera éventuellement début juin, mais uniquement pour les travaux pratiques. Les CFA de Paris et de Juvisy-Poissy préfèrent poursuivre l’enseignement à distance. « Les cours de cette façon ont très bien fonctionné. Les jeunes ont été assidus », souligne Philippe Plisson, directeur du CFA de Paris. Pour les travaux pratiques, il envisage, comme Marie-Pierre Gillo, leur renforcement lors de la deuxième année afin de ne pas pénaliser les apprentis.

Masques, SHA et distanciation physique

Dans tous les cas de figure, la reprise de l’activité s’est effectuée dans un environnement sécurisé au maximum. Les directeurs de CFA ont donc dû anticiper l’annonce de la réouverture le 7 mai par le Premier ministre. Le CFA de Paris a fait appel à une entreprise pour désinfecter les locaux À Avignon, un plan de reprise d’activité a été élaboré. « Nous avons mis en place des sens de circulation, revu la jauge des salles puisqu’il faut réduire le nombre d’élèves pour respecter la distanciation physique, acquis du gel hydroalcoolique et des masques de protection. Nous avons commencé à recevoir du public, mais sur rendez-vous et avec une prise de température à l’entrée », explique Florence Hertel, qui a organisé une visioconférence avec le personnel et les enseignants, soit soixante-dix personnes, pour présenter ce plan. Tous ceux exerçant au CFA ont reçu le plan de reprise et des fiches pratiques. Marie-Pierre Gillo a aussi établi un plan de déconfinement : « Nous avons opté pour des demi-journées de cours et pas de déjeuner sur place. Nous avons réalisé une signalétique pour indiquer les sens de circulation, on ne rentre ainsi pas par où on sort. On a dédoublé voire détriplé les classes afin que chaque élève dispose d’un espace de 4 m2 autour de lui. Nous avons des distributeurs de gel hydroalcoolique et le port du masque est obligatoire. Chacun doit s’occuper de nettoyer son matériel. Nous avons d’ailleurs mis en œuvre des procédures et rédigé un avenant au règlement intérieur. » Enfin, une formation vidéo sur les gestes barrières et le respect des procédures a été réalisée. « On s’est vraiment calqué sur le plan général des entreprises. »

Pour en savoir plus

→ Fiche du ministère du Travail https://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/ covid19_pharmacie_v080520.pdf

→ Protocole national de déconfinement pour les entreprises https://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/protocole-national-de-deconfinement.pdf

→ Responsabilité de l’employeur et droit de retrait https://travail-emploi.gouv.fr > Le ministère en action > Coronavirus-Covid19 > Questions-réponses par thème

Les risques psychosociaux

Vécu comme une « libération » par certains, le déconfinement a pu être source de tensions et de risques psychosociaux pour ceux qui ont continué à travailler à l’extérieur, notamment dans les officines, où la pression a été forte. L’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) en a listé plusieurs pour le personnel soignant et médico-social.

Pendant le confinement, les équipes officinales, fortement sollicitées, ont dû s’adapter à de nouvelles conditions de travail. Si la période a pu être « galvanisante », « la charge de travail et l’implication psychologique ont été intenses. Le risque d’une grande fatigue physique et psychique, au sortir de la crise sanitaire, est à anticiper pour ces salariés. Ce risque peut être majoré par un sentiment de “passage à vide” après cette période si intense d’un point de vue professionnel et personnel », explique l’INRS.

Autre risque pointé : « les sentiments de frustration, de colère, de ne pas avoir eu les moyens pour prendre en charge certains patients, mais aussi de ne pas avoir eu les équipements de protection individuelle (EPI) adaptés, peuvent renforcer ces symptômes psychiques. » Enfin, « la peur d’être contaminé, et par ricochet de pouvoir contaminer ses proches, peut également être vécue comme traumatisante. »

Des choix ont été imposés par le condiv

Ces propos rejoignent le témoignage de Laurence*, adjointe dans une pharmacie de Marseille (Bouches-du-Rhône) : « La tension nerveuse était importante. Il fallait absorber la peur des gens et celle de l’équipe, car certains redoutaient d’être contaminés. Les patients ne respectaient pas toujours les consignes et la distanciation sociale. J’ai essayé d’être souple, mais nous étions tendus. De plus, l’ambiance était lourde en raison du confinement. On ne pouvait pas sortir de chez soi et il était difficile d’avoir les moyens d’extérioriser toute cette tension », relate l’adjointe. Les conditions de travail ont été éprouvantes : « Nous étions en sous-effectif, car trois personnes n’ont pas pu venir travailler. J’ai tout donné. Je n’ai qu’une envie : prendre des vacances ou ne pas aller travailler puisque partir n’est pas forcément possible. » Dans le même temps, la période a permis de vivre des moments intenses. « Cela nous a énormément soudés au sein de l’équipe. Nous organisions tous les soirs, après la fermeture, un apéritif pour décompresser », commente Laurence, qui émet quelques inquiétudes avec le déconfinement et le retour des autres membres de l’équipe. « J’ai peur d’avoir trop de ressentiment vis-à-vis de ceux qui n’ont pas travaillé durant cette période et que cela ressorte. Ne va-t-il pas aussi y avoir une fracture entre ceux qui étaient là et les autres ? », s’interroge-t-elle.

« Il y a effectivement des salariés soucieux d’arriver à un point de rupture, commente Valérie Langevin, expert d’assistance conseil à l’INRS. Le fait de tenir ou pas va dépendre de la manière dont l’employeur va prendre en compte le mode de dégradation du fonctionnement de l’officine et en parler avec ses salariés. Nous avons tous vécu la crise de manière différente du fait de notre situation familiale ou de notre état de santé. Des personnes n’ont pas pu aller travailler mais la situation n’était pas forcément confortable. Des choix ont été imposés par les circonstances et personne n’a été plus avantagé que d’autres. » Dans ce condiv, le ou les titulaires ont un rôle à jouer. « L’employeur doit reconnaître les différentes situations et les efforts accomplis par ceux qui sont venus travailler, détaille Valérie Langevin. Au retour des salariés absents, il est important qu’il prenne le temps de les accueillir, qu’il intègre leur temps d’adaptation nécessaire par rapport aux mesures prises, et qu’il fasse un bilan de ce qui s’est passé, de ce qui a bien et moins bien fonctionné pour la reconstitution des équipes. Et qu’il soit attentif aux tensions qui peuvent survenir afin de les désamorcer. »

(*) Le prénom a été modifié.

Vous sentez-vous régulièrement en insécurité dans vos officines ?


Décryptage

NOS FORMATIONS

1Healthformation propose un catalogue de formations en e-learning sur une quinzaine de thématiques liées à la pratique officinale. Certains modules permettent de valider l'obligation de DPC.

Les médicaments à délivrance particulière

Pour délivrer en toute sécurité

Le Pack

Moniteur Expert

Vous avez des questions ?
Des experts vous répondent !