Les punaises de lit - Porphyre n° 563 du 27/05/2020 - Revues
 
Porphyre n° 563 du 27/05/2020
 

Savoir

Le point sur…

Auteur(s) : Florence Dijon-Leandro

Logements privés, hôtels, maisons de retraite, hôpitaux… les punaises de lit sont partout. Voici quelques conseils pour se protéger des piqûres, apaiser les démangeaisons et se débarrasser de ces insectes.

Un peu d’entomologie*

• Les punaises de lit appartiennent à la famille des Cimicidae, avec près d’une centaine d’espèces. Le terme « punaises de lit » englobe Cimex lectularius, plutôt en zone tempérée, et Cimex hemipterus, plutôt en zone tropicale, principales espèces responsables de piqûres chez l’humain.

• Les insectes adultes (voir photo à droite), bruns à beiges, de forme aplatie, mesurent entre 4 et 7 mm de long et vivent entre 6 et 24 mois.

• Ce sont des insectes hématophages, c’est-àdire qui se nourrissent de sang. Ils introduisent des stylets très fins à travers la peau humaine, jusque dans le vaisseau sanguin, où ils aspirent le sang grâce à leur salive anticoagulante.

• Trois à dix jours après fécondation, la femelle pond 5 à 15 œufs par jour, soit 200 à 500 au total, qui éclosent au bout de sept à quinze jours. Les larves se développent en cinq stades de trois à quinze jours, qui nécessitent un repas sanguin indolore de 10 à 20 minutes.

• La punaise peut vivre 1 à 2 ans sans manger.

• Elle ne vole pas ! Elle parcourt de longues distances via des voyages, des déménagements, la vente ou l’achat d’objets d’occasion…

Épidémiologie

• À partir des années 1950, les punaises de lit se font plus rares dans les pays développés grâce à l’augmentation du niveau de vie et à un recours massif aux insecticides.

• Dans les années 1990, une recrudescence a lieu, surtout dans les villes, avec le développement du tourisme et des flux, et l’interdiction ou la baisse d’efficacité de certains insecticides.

• Tous les départements sont concernés.

• Le gouvernement propose un numéro Vert (0 806 706 806) et le site stop-punaises.gouv.fr pour mieux informer et orienter les victimes d’infestation.

Signes cliniques

• Dermatologiques. Les lésions provoquées par les piqûres sont maculo-papuleuses (voir photo à gauche). La réaction allergique est parfois plus importante, de l’urticaire, rare, à l’exceptionnel choc anaphylactique. Les démangeaisons sont fréquentes, plus intenses le matin. Les délais d’apparition et de disparition des lésions sont très fluctuants, parfois plusieurs semaines. Des séquelles pigmentaires ou cicatricielles sont possibles en cas de grattage intense.

• Psychologiques. Savoir son domicile « envahi » par des parasites n’est jamais agréable. Les réactions psychologiques sont variées et perdurent souvent après l’infestation, avec troubles du sommeil, honte, colère, stress, phobie, isolement social, voire dépression.

• Biologiques. En cas d’infestation sévère, il y a un risque d’anémie par spoliation sanguine.

• Infectieux. Une surinfection bactérienne des lésions reste possible, mais ces insectes ne sont pas vecteurs d’agents pathogènes.

Les repérer

• Les punaises sont actives la nuit et fuient la lumière. Une fois leur repas sanguin achevé, elles regagnent leur cachette : matelas, canapés et sièges en tissu, plutôt en dessous et le long des coutures, cadre et tête de lit, rideaux, interrupteurs, tableaux, tiroirs, bagages, moquette, tapis, plinthes, fentes dans le bois, poches des manteaux, peintures ou tapisseries décollées…

• Elles se repèrent par leurs déjections noires, qui signent le sang digéré, ou par du sang résultant de leur écrasement par l’individu.

• Le recours à des chiens dressés pour identifier les zones infestées est courant. « Ils sont bien meilleurs que les humains pour repérer les punaises. Une détection plus précise évite de traiter au hasard », explique Stéphane Bras, porte-parole de la Chambre syndicale des entreprises dites 3D (dératisation, désinfection et désinsectisation). Les chiens décèlent les phéromones dans les déjections des insectes.

• Les punaises peuvent passer d’un logement à un autre. « Par exemple, durant les vacances, en l’absence de dormeur à piquer, elles rampent jusqu’au logement d’à côté », explique Stéphane Bras. Prévenir les voisins que l’on est infecté n’est pas aisé « alors que les punaises ne sont pas dues à un manque de propreté ! Il ne faut pas rentrer dans une logique d’omerta. Peut-être que les voisins en ont aussi chez eux et ne le disent pas ! »

S’en débarrasser

Une fois identifiées, les punaises sont à éliminer.

• Le meilleur moyen d’empêcher les piqûres est de se débarrasser des punaises de lit. Délivrer des messages clairs aux victimes. Le canton de Genève (Suisse) propose par exemple des informations pratiques sur www.ge.ch/punaises-lit/toutes-nos-publications-punaises-lit.

• Les mesures mécaniques constituent le premier niveau d’action. Aspiration, lavage du linge à 60 °C, nettoyage vapeur à 120 °C ou brossage : ces mesures peuvent suffire en cas de faible infestation. Elles sont une étape de préparation du logement avant le passage de professionnels. À savoir : la congélation des vêtements fragiles et des petits objets est possible, mais la plupart des congélateurs domestiques ne permettent pas d’atteindre au moins – 18 °C. Préférer les congélateurs armoire ou coffre, souvent plus puissants, sans ouvrir la porte durant 72 heures.

• Le recours à une entreprise spécialisée est recommandé pour en venir à bout. Les traitements insecticides sont efficaces mais ne touchent pas aux œufs. Plusieurs passages sont nécessaires pour couper les cycles de reproduction. Une autre technique combine vapeur sèche, gels insecticides et terre de diatomée (voir Info+), un insecticide naturel en poudre blanche abrasive issu de restes fossilisés de micro-algues. À manipuler avec précaution car les poussières peuvent être source d’irritations pulmonaires.

• Les traitements thermiques « sont des traitements de volume et permettent d’atteindre le point zéro. Les stades larvaires et adulte sont tués. La punaise cuit ou congèle », souligne Stéphane Bras.

Prévention

• En déplacement ou en voyage : inspecter la chambre d’hôtel en arrivant. Ne pas poser la valise ou les vêtements sur le lit. Bien les laver en rentrant.

• En cas d’achat d’occasion : inspecter et nettoyer les objets et les meubles avant de les introduire chez soi. Laver les vêtements à 60 °C.

• Maintenir l’habitat en bon état limite les cachettes. Entretenir peintures et tapisseries, jointer les plinthes, refixer les interrupteurs…

• Inutile de proposer les répulsifs disponibles en pharmacie pour prévenir les piqûres, ils ne seront pas efficaces. De nombreux sprays (Écologis, A-Par…) mentionnent les punaises de lit dans leurs « cibles ». Attention, le recours répété et inapproprié aux insecticides entraîne l’émergence de résistances et un risque de toxicité pour les membres du foyer.

Soulager

Contre les démangeaisons, conseiller un topique anti-histaminique (Apaisyl, Onctose…) et/ou dermocorticoïde (Cortapaisyl, Onctose hydrocortisone…), voire un anti-histaminique per os.

Orienter

• Vers une société spécialisée référencée par la Chambre syndicale des entreprises dites 3D, sur www.cs3d.info, afin de détecter les punaises et de les éradiquer. Compter quelques centaines à plusieurs milliers d’euros selon la nature de l’infestation, le type de logement…

• Vers un médecin lorsque l’impact dermatologique ou psychologique devient majeur.

(*) L’entomologie est la partie de la zoologie, c’est-à-dire de l’étude des animaux, qui porte sur les insectes.

Questions de clients

→ Dois-je me séparer de mes meubles ?

C’est une option radicale très souvent envisagée mais qui est rarement nécessaire car les traitements appliqués par les professionnels permettent une décontamination complète. Dans le cas contraire, il faut apporter les meubles en décharge et les détruire. Ne les déposez en aucun cas n’importe où et ne les revendez pas, sous peine de déplacer l’infestation.

→ Pourquoi suis-je la seule à être piquée, nous sommes pourtant deux dans le lit !

Il arrive qu’un seul membre du couple soit touché, sans que l’on sache trop pourquoi, un peu comme avec les moustiques. Ou que les piqûres soient quasi imperceptibles, avec uniquement un minuscule point d’entrée et aucune rougeur ni démangeaison.

Info +

→ La poudre de terre de diatomée présente une abrasivité fatale pour les punaises. Elle se colle à la carapace de la punaise et la blesse peu à peu. Elle meurt ainsi de déshydratation.

En savoir +

→ Les punaises de lit Cimex lectularius et Cimex hemipterus - Biologie, lutte et santé publique, Delaunay P., Berenger J.-M., Izri A., Jourdain F., Perrin Y., Robert V., 2e édition, Centre national d’expertise sur les vecteurs (Cnev), 2015.

Avec l’aimable participation de Stéphane Bras, porte-parole de la Chambre syndicale des entreprises dites 3D (dératisation, désinfection, désinsectisation), et de Juliette Cloppet-Mouchet et Mélanie Michaud, infirmières de santé publique, service dermatologie des Hôpitaux universitaires de Genève (Suisse).

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