Une voie lactée

Ellen Combes ne tarit pas d’éloges sur le métier de préparatrice. Mais cette jeune femme a plus de réserves sur la formation qui l’a menée au comptoir. Le programme très dense du BP « ne permet pas d’aller au bout des apprentissages », estime-t-elle. Un poil frustrée, elle a toujours su que le BP ne serait qu’une étape. En 2009, quand elle quitte ses Pyrénées-Orientales pour la Savoie, où vit son compagnon, elle choisit de multiplier les expériences, préférant les remplacements à un poste fixe. Elle profite de la flexibilité de son emploi du temps pour s’inscrire en DU d’homéopathie à Lyon (69) et en DU de phytoaromathérapie à Besançon (25). Malgré une période « chargée », avec des semaines de travail de six jours, elle ne regrette ni l’investissement personnel, ni l’investissement financier : « Mes conseils sont devenus plus pertinents, et je me suis sentie plus légitime au comptoir ».

Diversification réussie

En 2010, une grossesse un peu compliquée oblige Ellen à rester quelque temps en retrait de la pharmacie. Le repos n’étant pas sa tasse de thé, elle décide de rejoindre le réseau Savoie éducation diabète (Savédiab). La préparatrice assiste notamment à des réunions organisées par une maternité sur la diététique et les besoins des bébés. « Cela m’a amenée à me questionner sur l’alimentation pour le mien. » Au-delà, Ellen s’interroge sur son rôle en tant que professionnelle de santé. Et voit là une belle occasion d’accompagner les futures mamans.

Après son congé maternité, elle a la chance d’intégrer une officine qui croit en son projet et l’incite à suivre la formation « Conduite pratique de l’allaitement maternel, de la grossesse au sevrage » avec l’organisme AM-F (Allaitement maternel formation). Ce stage de quatre jours ne répondant pas à toutes ses interrogations, elle enchaîne avec une formation de consultante en lactation avec le Centre de recherche, d’évaluation et de formation à l’allaitement maternel (Crefam), à raison de six semaines reparties sur un an et demi. Au programme, beaucoup de mises en situation et de pratique -nbsp;comment positionner bébé au sein, manipuler un tire-lait…-, ce qui la réjouit : « Je me suis révélée dans mes capacités à pouvoir mener à bien un projet ».

Activité de suite

Après l’obtention de son diplôme au Crefam, Ellen met sur pied des consultations personnalisées à la pharmacie pour répondre aux nombreuses questions des futures mamans : « L’allaitement est un voyage dans l’inconnu pour beaucoup d’entre elles », souligne-t-elle. Elle se rapproche aussi de l’association Pharmacies amies de l’allaitement maternel (Phaam), créée en Italie, en traduit les documents de référence et obtient pour son officine le label de certification en 2015 : « Une première en France ! »

La belle aventure s’arrête en 2018 avec la mutation de son mari en Ardèche. Ellen profite d’un deuxième congé maternité pour se lancer un nouveau défi, ouvrir un cabinet de consultante en lactation. « C’est important pour moi de rester en officine car j’aime le métier de préparatrice, mais je voulais développer ce projet personnel en parallèle. » Depuis décembre 2019, elle travaille donc 25 heures en pharmacie et a intégré un pôle médical à Annonay (07) en auto-entrepreneuse, aux côtés de médecins, ostéopathe… De nouvelles rencontres et une expérience à partager avec les élèves du Crefam où, depuis peu, elle intervient aussi comme formatrice. La boucle est bouc-lait !