« Oui aux gestes barrières avec une crème au coucher » - Porphyre n° 562 du 27/04/2020 - Revues
 
Porphyre n° 562 du 27/04/2020
 
DERMOCOSMÉTIQUE

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actus

Auteur(s) : Christine Julien*, Laurence Coiffard,**

Les lavages répétés avec un savon et les nombreuses frictions hydroalcooliques agressent les mains. Une crème appliquée la nuit aide à préserver leur fonction barrière. La choisir sans parfum ni allergènes.

Faut-il se laver les mains avec un savon ?

En temps normal, il faut utiliser un syndet, plus respectueux de la peau, mais nous sommes dans une situation exceptionnelle pour laquelle pains dermatologiques et solutions moussantes n’ont pas été testés vis-à-vis des virus. Il faut être extrêmement détergent. Le savon élimine les saletés et agit au niveau de la membrane lipidique de certains virus.

Le savon altère le film hydrolipidique (FHL), dessèche et déshydrate ?

Le savon assèche les mains. C’est une réaction normale du savonnage. Au contact de l’eau, il y a relargage de la base qui le constitue, d’où le pH autour de 11. Cet effet alcalinisant s’estompe en trois heures et le FHL va se reformer, d’autant plus tard que l’on multiplie les lavages. Le lavage joue aussi sur l’hydratation puisqu’il faut un FHL en bon état pour avoir une peau correctement hydratée.

La friction hydroalcoolique est irritante ?

Oui. L’alcool à 70 % est desséchant et entraîne l’apoptose - la mort - des cellules épidermiques. Les alcools gras, l’alcool cétylique par exemple, sont moins problématiques car ce sont des émollients.

Un émollient adoucit la peau ? Il est à la fois hydratant et anti-inflammatoire ?

Un émollient adoucit la peau parce qu’il l’assouplit. Cela n’a rien à voir avec une action anti-inflammatoire. Les émollients sont en majorité des corps gras : les huiles et leurs triglycérides, les alcools gras… Toutes ces substances lipophiles sont des émollients, mais dépourvus d’action anti-inflammatoire.

Y a-t-il des hydratants aussi émollients ?

Non, ou alors, par abus de langage, on peut appeler hydratants les anti-déshydratants. Ainsi, les émollients constituent le FHL et empêchent évaporation et perspiration excessive, c’est-à-dire une déperdition en eau. Certains les englobent donc dans les hydratants. Les hydratants sont la glycérine, les glycols (propylène glycol…), les polyols (sorbitol…) et les hydratants vrais sont les constituants du NMF (Natural Moisturizing Factors, facteurs naturels d’hydratation, voir encadré).

Faut-il laver les mains irritées ?

Il ne faut pas arrêter les gestes barrières, indispensables, mais appliquer une crème au coucher, en couche épaisse, quand on sait qu’on ne va plus se laver les mains. La crème va rétablir le FHL, en apportant eau, corps gras, et en limitant la perte en eau. Elle restaure l’hydratation des couches supérieures de l’épiderme.

Existe-t-il des actifs anti-inflammatoires ?

Oui, mais en cosmétologie, on n’a pas le droit de les revendiquer en tant que tels. La réglementation permet seulement de parler d’action adoucissante. L’allantoïne, le bisabolol, l’extrait de réglisse… sont anti-inflammatoires et ont un effet adoucissant. Les eaux thermales Avène et La Roche-Posay sont intéressantes.

Quelle est la formule idéale ?

Les crèmes pour les mains sont des émulsions dont il faut regarder attentivement la composition. Ce n’est pas le moment de faire une intolérance, une urticaire ou un eczéma de contact ! Choisir une crème sans allergènes est très important. En officine, les gammes Atoderm de Bioderma ou A-Derma d’Avène et son flacon-pompe sont intéressantes.

Que pensez-vous des crèmes maison ?

J’y suis très défavorable. Un particulier n’a aucun moyen de recontrôler les matières premières, à la différence de l’industrie qui le fait avant de passer en production.

Hydratation

→ Le film hydrolipidique (FHL) recouvre la surface de l’épiderme. Composé d’une phase aqueuse et huileuse, il contient des substances issues de la kératinisation et des produits de sécrétion : cornéocytes, lipides du ciment intercellulaire, composants du NMF (urée, acide lactique et pyrrolidone carboxylique PCA), sueur et sébum.

→ Son rôle : assurer une fonction barrière, maintenir l’hydratation de la peau grâce aux acides aminés et limiter l’évaporation.

→ Les cornéocytes de la couche cornée captent et maintiennent l’eau grâce aux facteurs naturels d’hydratation, ou NMF, composés de substances hygroscopiques : acides aminés, dont sérine, PCA, acide lactique, urée, sucres, minéraux… Les lipides intercellulaires maintiennent le NMF en bon état.

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