Mon ongle est jaune et s’effrite ! - Porphyre n° 562 du 27/04/2020 - Revues
 
Porphyre n° 562 du 27/04/2020
 

Au comptoir

Auteur(s) : Nathalie Belin

1 Je questionne

Préciser la demande

« D’autres ongles sont-ils atteints ? », « La peau autour de l’ongle est-elle blanchâtre ? », « Est-ce que la peau est irritée entre les orteils ou les doigts ? », « Pouvezvous me montrer ces lésions ? » visualisent l’atteinte et en déterminent l’importance.

Rechercher des facteurs de risque

« Êtes-vous suivi pour une pathologie particulière ? » débusque des facteurs de risque imposant un avis médical. « Pratiquez-vous un sport type natation, de combat, escalade…? », « Portez-vous des chaussures de sécurité ? » recherchent des facteurs de risque pour adapter le conseil.

Cibler le conseil

« Avez-vous déjà employé un produit pour vous traiter ? » oriente le choix du traitement et les conseils d’utilisation à détailler.

2 J’évalue

Assez fréquentes, bénignes, parfois inesthétiques, les mycoses de l’ongle, ou onychomycoses, peuvent être douloureuses, notamment si l’ongle est épaissi. Elles sont contagieuses.

Parallèlement aux mesures d’hygiène, une prise en charge à l’officine est possible à condition que l’atteinte concerne deux ongles au plus et se limite à l’extrémité distale et/ou latérale de l’ongle.

Un avis médical est recommandé si plus de deux ongles sont concernés et/ou s’il y a une atteinte de la base de l’ongle (matrice), si celui-ci est très épaissi et/ou se décolle, ou encore en cas d’échec d’un premier traitement. Dans ces situations, un prélèvement unguéal éliminera d’autres causes (voir Condiv), identifiera le cas échéant le champignon responsable, permettra de réduire les zones épaissies par procédé mécanique, grattage, découpage, ou chimique par l’urée, et/ou de prescrire un antifongique per os en cas d’atteinte matricielle. Consulter également en cas de diabète, d’immunodépression ou de troubles circulatoires périphériques, tels un syndrome de Raynaud et une artérite.

3 Je passe en revue

Vernis médicamenteux

Ces vernis sont des antimycosiques à large spectre, actifs sur les dermatophytes, qui sont des champignons microscopiques filamenteux, sur des levures comme Candida et sur certaines moisissures. Réservés à l’adulte, les vernis s’appliquent jusqu’à repousse complète de l’ongle sain, soit environ six mois pour les ongles des mains, et neuf mois pour ceux des pieds, voire davantage.

Amorolfine 5%. Exemples : LocerylPro et génériques. Limes, lingettes nettoyantes et spatules sont fournies avec LocerylPro et certains génériques. En pratique : une application par semaine. Avant toute application, éliminer les traces de vernis résiduelles avec un dissolvant, limer la surface de l’ongle avec une lime neuve, et la nettoyer à l’aide d’une lingette ou d’une compresse imbibée de dissolvant. Appliquer le vernis sur toute la surface de l’ongle atteint à l’aide d’une spatule, puis la nettoyer avec la lingette avant de traiter éventuellement un autre ongle. Ne pas essuyer la spatule sur le bord du flacon pour ne pas contaminer le vernis. Une fois sec, celui-ci résiste à l’eau et au savon. Précautions : possible sensation de brûlure passagère après l’application. En cas de réaction allergique (urticaire, érythème…), interrompre le traitement.

Ciclopirox. Exemples : Myconail 80 mg/g ; Onytec 80 mg/g, Mycoster 8%, remboursés sur prescription médicale. En pratique : à appliquer quotidiennement sur les ongles atteints. Myconail et Onytec : hydrosolubles, ils ne nécessitent qu’un lavage des ongles à l’eau avant toute nouvelle application recommandée le soir après la toilette. Celle-ci se fait en débordant sur la peau environnante, et si possible sous le bord libre de l’ongle. Le vernis sèche en une trentaine de secondes, mais les ongles traités ne doivent pas être lavés les six heures suivantes. Mycoster 8%: appliquer le soir. Utiliser un dissolvant une fois par semaine afin d’enlever la couche filmogène susceptible à la longue de nuire à la pénétration du principe actif. Précautions : brûlures ou prurit passagers sont possibles sur les zones d’application. Eczéma et éruption cutanée au-delà du site d’application sont décrits.

Urée à 40%

Puissant kératolytique, l’urée à 40% est utilisée en « pré-traitement » ou parallèlement à l’application d’un vernis médicamenteux, lorsque l’ongle est épaissi, donc de préférence sur avis médical. Exemples : Onyster avec pansements occlusifs, Xérial 40. En pratique : une application par jour sur les ongles atteints pendant une à trois semaines sous pansement occlusif. Une fois la zone pathologique de l’ongle éliminée, ce qui peut nécessiter l’intervention d’un dermatologue ou d’un pédicure-podologue, le traitement antifongique doit être débuté ou poursuivi.

Solutions non médicamenteuses

Alternatives aux médicaments, ces solutions filmogènes renferment des composants à visée fongistatique, tels que piroctone olamine et huiles essentielles, tea tree notamment, des kératolytiques comme l’urée et/ou des composés créant un environnement défavorable à la prolifération du germe comme l’acide acétique, l’acide lactique, le lactate d’éthyle, le propylène glycol… Exemples : solution à appliquer avec un pinceau (Excilor, Scholl Mycoses des ongles, Urgo Filmogel ongles abîmés, Nailner Pinceau, Naloc, MavaMed…) ou sous la forme d’un « stylo » (Excilor Stylet, Nailner Stylo…).

En pratique : appliquer une à deux fois par jour, le soir de préférence pour éviter les frottements du vernis dans les chaussures ou son élimination par lavage.

4 Je choisis

En première intention si forte suspicion d’onychomycose : amorolfine ou ciclopirox en vernis selon les préférences afin de favoriser l’observance.

En cas de doute et d’atteinte légère : solution non médicamenteuse.

5 J’explique

Les ongles poussant lentement, il faut deux à trois mois pour observer une amélioration. En l’absence de progrès après trois mois, un avis médical est nécessaire. Si oui, poursuivre les applications jusqu’à la repousse totale de l’ongle sain.

6 Je conseille

Appliquer régulièrement Une bonne observance est indispensable dans tous les cas. Pour appliquer l’amorolfine, choisir un jour fixe de la semaine où l’on dispose d’un peu de temps ; mettre une alarme sur son portable pour ne pas oublier l’application.

Éviter l’utilisation de vernis et d’ongles artificiels durant le traitement pour ne pas fragiliser davantage les ongles atteints.

Traiter un intertrigo le cas échéant Indispensable pour éviter toute récidive de l’onychomycose. Proposer des dérivés azolés sous forme de crème. Exemples. Éconazole 1%: Pevaryl, Fongiléine, Myleugyne, MycoApaisyl…; isoconazole 2%: Fazol… En poudre pour les zones plantaires afin d’éviter la macération : deux applications par jour jusqu’à disparition complète des lésions. La poudre peut également être utilisée pour décontaminer les chaussettes, par exemple le matin avant de les enfiler, et les chaussures, classiquement un poudrage deux à trois fois par semaine. Exemples : MycoApaisyl, Fongiléine, Pevaryl…

Limiter contagion et récidives Ne pas échanger chaussettes et chaussures et utiliser du linge de toilette individuel.

Traiter si besoin une transpiration excessive des pieds et prévoir un chaussage adéquat dans les lieux publics, piscine, dojo, gymnase… Des sprays protecteurs à base d’alcool, d’antiseptiques type chlorhexidine et/ou d’agents à visée antifongique (piroctone olamine…) peuvent être proposés pour préserver la peau lors d’activités qui se pratiquent pieds nus. Exemples : Urgo Prévention Mycoses, Excilor spray 3 en 1…

Soigner son hygiène. Se sécher soigneusement les pieds après la toilette. Préférer le port de chaussures en cuir, pas trop serrées, et de chaussettes en coton.

Surveiller régulièrement ses pieds : plantes des pieds, espaces interdigitaux, ongles.

Ne pas couper les cuticules, ces petites peaux à la base de l’ongle qui le protègent, mais les hydrater et les repousser doucement si elles gênent. Traiter toute atteinte rapidement, et idéalement prendre rendezvous chez le pédicure, qui peut limer voire découper les parties touchées.

Le condiv

Le plus souvent, l’onychomycose, ou mycose de l’ongle, touche les ongles des pieds. Elle est parfois associée à un intertrigo, qui est une irritation cutanée dans une zone où deux surfaces se frottent l’une contre l’autre.

Agents pathogènes. Les dermatophytes sont les plus fréquents, surtout au niveau des pieds. Les levures type Candida touchent plus souvent les mains. Une atteinte par des moisissures est rare. Le champignon pénètre par le bord latéral de l’ongle, l’extrémité distale ou via la matrice. Peu à peu, il envahit l’ongle, jusqu’à le détruire.

Signes cliniques : changement de couleur, avec coloration opaque ou blanchâtre avec petits îlots de pigmentation brune en bande, coloration jaune ou noire, épaississement, aspect friable ou décollement de l’ongle. Il existe un risque de surinfection bactérienne.

Transmission : par contact direct ou indirect via des objets ou un sol contaminés, essentiellement en présence de facteurs favorisants.

Facteurs favorisants : lieux chauds et humides, chaussures serrées, troubles circulatoires (artérite), microtraumatismes locaux, psoriasis qui altère la kératine, déficit de l’immunité (diabète…). Rare chez l’enfant, la prévalence de l’onychomycose augmente avec l’âge.

Autres causes d’onychopathies : inflammatoire (eczéma, psoriasis…), mécanique (microtraumatismes répétés…) ou plus rarement tumorale et médicamenteuse (cytotoxiques, anti-EGFR, photosensibilisants, tels doxycycline, isotrétinoïne…).

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