« Les masques se portent selon des modalités précises » - Porphyre n° 561 du 01/04/2020 - Revues
 
Porphyre n° 561 du 01/04/2020
 
CORONAVIRUS SARS-COV-2

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Actus

Auteur(s) : Christine Julien*, Pr Didier Lepelletier**

La transmission par goutelettes du coronavirus SARS-Cov-2 nécessite des mesures barrières et le port d’un masque chirurgical ou FFP2 dans certaines conditions. Le professeur Lepelletier, éminent expert (voir ci-contre), explicite les indications de ces protections au 18 mars 2020.

Que sait-on de la transmission du SARS-CoV-2 ?

C’est un virus émergent qu’on ne connaissait pas il y a trois mois (voir aussi p. 11). Face à un germe émergent pathogène respiratoire, les précautions « Air »(1) sont appliquées d’emblée. L’agent infectieux ne sédimente pas mais reste en suspension dans l’air. C’est le cas de la rougeole, qui est la maladie infectieuse la plus transmissible que l’on connaisse, et également vrai pour la tuberculose respiratoire. Les précautions « Air » ont été recommandées au début de l’épidémie du SARS-CoV-2 car la transmissibilité de cet agent n’était pas connue, avant de savoir que ce virus se comporte comme un virus respiratoire classique, tels le virus syncytial et celui de la grippe, et que son mode de contamination se fait probablement via les gouttelettes.

Que dire des masques chirurgicaux ?

Portés par les personnes infectées, ces dispositifs médicaux sont efficaces pour protéger les personnes qui se trouvent à proximité d’un patient infecté qui tousse. Leur indication est précise (voir aussi p. 44) et dépend des conditions de tolérance sur le visage, de la manière dont ils sont mis, de l’intégrité du masque, la partie filtrante, les élastiques, et des conditions du soin. Si le masque est mouillé, la partie filtrante n’est plus efficace.

Si les stocks étaient illimités, est-ce que tout le monde porterait un masque chirurgical ?

Je ne suis pas sûr qu’il faudrait dire à tout le monde d’en porter. Les masques chirurgicaux devraient être réservés aux professionnels de santé infectés symptomatiques ou en contact avec une personne symptomatique. Au cas où l’épidémie toucherait la quasi-totalité de la population, tout le monde pourrait porter des masques en étant formé à leur usage. Ce qui arrive par exemple en cas d’épidémie de maladies respiratoires à l’étage d’un Ehpad. Si malgré la mise en place de mesures « gouttelettes » et de lavage des mains, l’épidémie se développe à d’autres étages, nous mettons en quarantaine l’étage et tous les soignants et résidents de l’Ehpad portent un masque chirurgical.

Qu’en est-il des masques FFP2 ?

Comme nous n’en sommes pas là avec le SARS-CoV-2 (au 18 mars 2020, NDLR), nous adoptons une politique de rationalisation adaptive et évolutive. En restant au départ sur les indications très limitées des masques FFP2, portés uniquement dans les services hospitaliers à risque de transmission par voie « aérienne », par exemple en cas de tuberculose ou de rougeole. Dans le cas particulier du SARS-CoV-2 encore mal connu, le soignant porte un masque FFP2 s’il s’approche très près d’un patient infecté et pratique un soin qui génère un aérosol. Ces critères très pragmatiques, raisonnables et réalisables sont issus de l’étude sur l’épidémie du SARSCoV apparue en 2004, qui a 80 % de génome commun avec le SARS-CoV-2.

Qui doit porter quoi ?

Pour la protection du personnel soignant, il n’y a pas de différence entre un masque FFP2 et un masque chirurgical. Sachant que le masque chirurgical associé à une hygiène des mains protège mieux le soignant que le masque chirurgical seul. Il n’y a pas lieu de porter un masque chirurgical pour la population générale. Ils doivent être réservés aux patients ou soignants symptomatiques, surtout présentant une toux, voire aux personnes immunodéprimées, ou pour les soignants qui sont au contact de patients symptomatiques. Avec hygiène des mains pour tout le monde !

À l’officine, mieux vaut se tenir à au moins un mètre des clients ou les servir derrière une vitre. Et se laver les mains avec un produit hydroalcoolique après chaque contact avec un objet donné par le client (carte Vitale, carte bancaire, etc.). Ces mesures barrières simples sont efficaces.

(1) Outre les précautions standard, s’ajoutent le port d’un masque FFP2 pour le soignant et d’un masque chirurgical pour le malade, ce dernier étant dans une chambre individuelle, idéalement en pression négative, avec sorties limitées, etc.

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