Les masques chirurgicaux et de protection FFP - Porphyre n° 561 du 01/04/2020 - Revues
 
Porphyre n° 561 du 01/04/2020
 

Savoir

Le matériel

Auteur(s) : Christine Julien*, Marianne Maugez**

Les masques chirurgicaux et les masques de protection respiratoire filtrants type FFP2 sont utilisés pour se prémunir des infections microbiennes, dont le coronavirus. Leurs niveaux de protection et leurs indications diffèrent.

Transmission par gouttelettes et aérienne

• La transmission par gouttelettes survient lorsque des gouttelettes de salive contenant des agents infectieux sont émises lors de la parole, de la toux ou de l’éternuement d’un patient source(1). En raison de leur taille supérieure à 5 microns, les gouttelettes se déposent dans l’environnement immédiat du patient source, habituellement à 1 à 2 mètres de lui. La contamination survient par contact avec les muqueuses, soit directement quand les gouttelettes sont expulsées, soit indirectement via les mains au contact de l’environnement immédiat du cas source, secondairement portées aux yeux, au nez ou à la bouche. La voie « gouttelettes » nécessite un contact étroit. Microbes concernés : SARS-CoV-2 à l’origine de la maladie Covid-19, virus respiratoire syncytial (VRS), influenza (grippe), adénovirus et bactéries du méningocoque, coqueluche, diphtérie…

• La transmission aérienne se fait par inhalation d’un aérosol de petites particules résultant de la dessiccation des gouttelettes émises par le patient. Ces particules restent en suspension dans l’air, peuvent être transportées par les mouvements de l’air et être responsables à distance de contamination par inhalation. La transmission « air » concerne les particules de taille < 5 microns pouvant être portées sur de longues distances. Microbes concernés : bactérie de la tuberculose, virus de la rougeole, de la varicelle…

• Ces modes de transmission ne sont pas toujours aussi tranchés et certains organismes combinent les deux modes de transmission.

• La transmission interhumaine à SARS-CoV-2 (Covid-19) se fait par la projection de gouttelettes et par un contact direct manuporté ou par l’intermédiaire de surfaces souillées (voir Décryptage p. 11). Une transmission par aérosols est possible lors de soins exposants et générateurs de particules aérosolisées : intubation…

Masques chirurgicaux

• Un masque chirurgical couvre la bouche, le nez et le menton. Ce dispositif médical de classe 1 relève de la directive européenne 93/42/CEE et de la compétence de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Les masques chirurgicaux répondent à la norme européenne NF EN 14683-mars 2006.

• Le masque chirurgical est destiné à éviter que le porteur projette des gouttelettes vers l’entourage. Il préserve aussi celui qui le porte contre les projections de gouttelettes émises par une personne en vis-à-vis (voir Actu p. 8). En revanche, il ne protège pas contre l’inhalation de très petites particules en suspension dans l’air.

• Le marquage CE est obligatoire.

• La norme européenne NF EN 14683 met en avant trois critères d’exigence.

→ L’efficacité de filtration bactérienne (EFB) du matériau filtrant exposé à un aérosol de bactéries particules de taille moyenne de 3 microns. Attention : la mesure de l’EFB évalue uniquement l’efficacité du masque dans le sens de l’expiration, de l’intérieur vers l’extérieur, donc vis-à-vis des gouttelettes émises par le porteur du masque. La norme NF EN 14683 ne permet pas de qualifier l’efficacité d’un masque à protéger contre l’inhalation d’aérosols.

→ La pression de résistance aux éclaboussures. Ainsi, la norme européenne ajoute un test de résistance à la projection de types R, le II R étant plus résistant que le I R. Les masques I R et II R sont dits « résistants aux éclaboussures ».

→ La pression différentielle détermine le niveau de respirabilité du masque pour l’utilisateur.

• Un masque de type I ou I R suffit en cas de « Précaution “gouttelettes” » et déplacement du patient. Les types II sont plutôt utilisés en cas d’actes chirurgicaux (et II R si projections).

• Description. Un masque chirurgical se présente sous plusieurs formes : « plat à plis », la plus courante, en « bec de canard » et en « coque moulée ».

→ Composition. Il comprend trois ou quatre couches avec, en général, une couche filtrante entre deux couches de non-tissé. Le matériau est la plupart du temps du polypropylène, ou de la cellulose. Sa couleur est variable : blanc orange, bleu, vert, violet… Certains ont des motifs.

→ Taille. Un masque rectangulaire mesure en moyenne 17 cm sur 9 cm.

→ Attaches. Le masque s’attache derrière la tête au moyen de liens ou de lanières, ou grâce à des fixations auriculaires élastiques dites attaches boucles d’oreilles, plus faciles à mettre et à retirer mais qui plaquent moins bien le masque sur le visage.

→ Options. Une couche imperméable pour protéger des liquides biologiques, une visière en plastique pour la protection des yeux, une barrette nasale dans une gaine de protection pour permettre un meilleur ajustement sur le nez, des modèles enfants, plus petits…

• Marques : Acteon, Akzenta, Dach, Demophorius Healthcare, Erenler Medikal, Honeywell, 3M, Max Medical Products, Medline, Moldex… À voir sur le site www.medicalexpo.fr.

Masques FFP

• Un masque FFP (Filtering Facepiece) ou « pièce faciale filtrante » est un demi-masque jetable constitué du matériau filtrant lui-même. Il fait partie des appareils de protection respiratoire (APR) jetables filtrants. C’est un équipement de protection individuelle (EPI) destiné à protéger l’utilisateur professionnel contre les risques liés à son activité et qui relève du règlement européen (UE) 2016/425.

• Le masque FFP protège le porteur contre l’inhalation des gouttelettes et des particules en suspension dans l’air, qui pourraient contenir des agents infectieux. Il préserve des agents infectieux transmissibles par voie « aérienne » et voie « gouttelettes ». Il limite l’inhalation des aérosols (poussières, fumées, brouillards).

• Ces masques FFP sont testés dans le sens de l’inspiration. Les performances de filtration dépendent de l’efficacité du filtre, de l’extérieur vers l’intérieur, et de la présence de fuites au visage. Plus le filtre est efficace, plus il s’oppose au passage de l’air.

• Ils doivent répondre à la norme NF EN 149 + A1-septembre 2009(2), qui spécifie les caractéristiques minimales des « demi-masques filtrants utilisés comme appareils de protection respiratoire contre les particules, sauf pour l’évacuation ». Cette norme, qui évalue l’efficacité des masques à protéger contre l’inhalation d’un aérosol, distingue trois classes de performance selon des essais effectués avec un aérosol de particules de 0,6 micromètre de diamètre médian.

→ Les masques FFP1 filtrent au moins 80 % des aérosols et fuite vers l’intérieur à < 22 %. Le taux de filtration est la proportion d’aérosol qui n’a pas été retenue par le filtre, donc 20 %. Le taux de fuite (à < 22 %) est la proportion d’aérosol qui passe entre le masque et le visage. Les FFP1 sont les moins filtrants des FFP. Ils sont surtout utilisés comme masques anti-poussière pour le bricolage et les travaux divers.

→ Les masques FFP2 filtrent au moins 94 % des aérosols et fuite vers l’intérieur à < 8 %. Usage : dans le bâtiment, l’agriculture, l’industrie pharmaceutique et par le personnel soignant lors d’actes invasifs susceptibles de générer l’émission d’aérosols (endoscopie bronchique…).

→ Les masques FFP3 filtrent au moins 99 % des aérosols et fuite vers l’intérieur à < 2 %. Ce sont les plus filtrants des FFP et ils protègent des particules très fines telles que l’amiante.

La mention NR ou R spécifie si le masque est réutilisable ou non (NR).

• Description. Un masque FFP se présente sous différentes formes : conique ou « coque moulée », en « bec de canard » le plus souvent…

• Composition. Les demi-masques de protection filtrants sont composés d’une pièce faciale et d’un dispositif de filtration intégré. Ils peuvent être équipés d’une valve ou soupape d’expiration pour améliorer le confort, et munis ou non d’un joint facial. La valve respiratoire laisse passer l’air à l’expiration et se ferme lors de l’inspiration. Elle évite la condensation à l’intérieur du masque ou la buée sur les lunettes et aide à inspirer et expirer facilement. Certains modèles existent en plusieurs tailles. La tenue est assurée par des élastiques ou des brides de fixation. Le matériau est en général du polypropylène ou du polyester.

• Marques : les mêmes que les chirurgicaux.

Indications générales

Une protection efficace est un équipement adapté au risque, portée au bon moment par la bonne personne et selon des modalités précises.

• Porté par une personne contagieuse, le masque prévient la contamination de son entourage en évitant la projection de sécrétions des voies aériennes supérieures ou de salive pou vant contenir des agents infectieux transmissibles par gouttelettes et/ou par voie aérienne. L’efficacité du masque est évaluée par la limitation de la diffusion de particules contaminées dans le milieu environnant.

• Porté par une personne saine, le masque vise à la protéger contre le risque d’inhalation d’agents infectieux transmissibles par voie gouttelettes et/ou aérienne. L’efficacité du masque est évaluée par son pouvoir filtrant limitant l’inhalation de particules contaminées.

Cas du SARS-CoV-2

La Société française d’hygiène hospitalière (SF2H) et la Société de pathologie infectieuse de langue française (Spilf) ont émis, dans le cadre de l’épidémie de coronavirus, des recommandations les 4 et 14 mars 2020.(3)(4)

• Le port d’un masque chirurgical est réservé(3) :

→ aux personnes présentant des signes d’infection respiratoire évoquant un Covid-19 et/ou aux patients Covid-19 ;

→ aux professionnels de santé, aux personnes chargées des premiers secours et du transport sanitaire en cas de contact avec l’une des personnes citées ci-dessus ;

→ au personnel de santé en contact avec une personne présentant des signes d’infection respiratoire, et en absence d’acte invasif sur la sphère respiratoire. Dans ce cas, soignant et soigné portent un masque.

• Les masques de type FFP2 sont réservés aux personnels soignants réalisant des gestes médicaux invasifs ou des manœuvres au niveau de la sphère respiratoire susceptibles d’aérosoliser le virus comme l’intubation, les fibroscopies ou les aspirations.

• Pas de masque pour la population non malade.

Mise en place

• Masque chirurgical.

→ Se laver les mains à l’eau et au savon ou avec une solution hydroalcoolique.

→ Placer le masque sur le visage, le bord rigide vers le haut, côté le plus rembourré sur le nez, et l’attacher. Pincer la barrette nasale avec les deux mains pour l’ajuster au niveau du nez. L’appliquer sur le visage en le tenant par les liens (ou les élastiques), liens supérieurs noués sur le haut de la tête et liens inférieurs noués au niveau du cou, en les tendant assez pour bien le déplier et le plaquer sous le menton. Le masque doit recouvrir nez, bouche et menton. Une fois ajusté, ne plus le toucher. Mettre d’éventuelles mentions et le côté coloré à l’extérieur.

→ Remplacer le masque dès qu’il est humide. Ne pas réutiliser de masque à usage unique.

→ L’ôter par l’arrière et ne pas toucher l’avant pour limiter le risque de contamination.

→ Le jeter dans une poubelle fermée avec les déchets ménagers, ou selon la filière Dasri en cas de soins sur une personne Covid-19+ (qui est malade) ou de maladies respiratoires.

→ Se laver les mains à l’eau et au savon ou avec une solution hydroalcoolique.

• Masque FFP2. Idem mais avec une étape de contrôle d’étanchéité en plus, appelée fit check, pour vérifier le bon positionnement. Obstruer brièvement la surface filtrante avec les mains ou avec une feuille de plastique, et inhaler quelques secondes. Si l’étanchéité est bonne, le masque se plaque légèrement sur le visage.

Utilisation

• Durée de protection : se conformer aux recommandations du fabricant. Un masque chirurgical se porte quatre heures maximum, un APR huit heures maximum. Le changer immédiatement s’il est souillé ou mouillé. Ne pas réutiliser un masque dès lors qu’il a été manipulé et ôté du visage. De nouvelles recommandations du 14 mars(4) précisent que les soignants peuvent garder le même masque pour soigner plusieurs patients sous certaines conditions.

• Étanchéité d’un FFP : elle dépend de l’ajustement. Barbe, moustache ou favoris peuvent gêner la mise en place et mettre en cause l’efficacité.

• Acceptabilité : résistance respiratoire et chaleur à l’intérieur des masques FFP peuvent limiter leur usage. La présence d’une soupape réduit la résistance lors de l’expiration et améliore le confort. Pour un enfant, lui expliquer les raisons du port et l’aider à le mettre en place.

Législation

• Inscription à la LPP. Non pour les masques chirurgicaux. Les FFP, eux, ne sont pas concernés.

• Délivrance. Dans le cadre du Covid-19, les masques chirurgicaux et FFP2 ne sont pour l’heure pas autorisés à la vente par les officines jusqu’au 31 mai 2020. Ils sont à distribuer gratuitement à certains professionnels sur présentation d’un justificatif d’activité. La liste de ces professionnels et les modalités de délivrance évoluent au fil de l’épidémie.

(1) Pandémie grippale : utilisation et dimensionnement des stocks État de masques respiratoires, Haut Conseil de la santé publique, juillet 2011.

(2) La norme a été amendée en 2009 en ajoutant + A1 : 2009, ce qui permet de classer les masques en réutilisables R ou non réutilisables NR.

(3) Avis relatif aux indications du port des masques chirurgicaux et des appareils de protection respiratoire de type FFP2 pour les professionnels de santé , Société française d’hygiène hospitalière (SF2H), 4 mars 2020.

(4) Avis relatif aux conditions de prolongation du port ou de réutilisation des masques chirurgicaux et des appareils de protection respiratoire de type FFP2 pour les professionnels de santé, Société française d’hygiène hospitalière (SF2H), 14 mars 2020.

Mémento de la délivrance

→ Rappeler les indications du masque chirurgical et du masque FFP2.

→ Expliquer la pose, la durée de port et les précautions en cas de délivrance à une personne qui l’ignorerait, autre qu’un soignant.

→ Rappeler les autres mesures barrières : se laver les mains (voir Le point sur p. 48), tousser ou éternuer dans son coude, utiliser des mouchoirs en papier.

Info +

→ Le gouvernement français a aussi réquisitionné les masques de protection respiratoire de types N95, N99, N100, P95, P99, P100, R95, R99, R100. Il s’agit de normes américaines. Les masques de protection respiratoire doivent répondre aux normes du National Institute for Occupational Safety and Health selon leur degré de résistance à l’huile. Classe N : aucune résistance. Ce sont les masques N95, N99 et N100. Le chiffre après la lettre indique le pourcentage de filtration des particules en suspension. Classe R : masque résistant à l’huile 8 heures maximum (R95, R99 et R100). Classe P : masque totalement résistant à l’huile (P95, P99 et P100).

Info +

→ Mécanismes* de filtration des aérosols. Les médias (matériaux) filtrants des appareils de protection respiratoire utilisés sont constitués de fibres. Plusieurs mécanismes interviennent pour piéger les aérosols par un support fibreux, comme des forces d’attraction intermoléculaires et électrostatiques.

(*) Les appareils de protection respiratoire – Choix et utilisation, M. Guimon, Institut national de recherche et de sécurité, ED 6106, août 2019.

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