Changement d’objectifs - Porphyre n° 561 du 01/04/2020 - Revues
 
Porphyre n° 561 du 01/04/2020
 
ISABELLE BEZ

Exercer

C’est vous

Auteur(s) : Marianne Maugez

Isabelle partage son temps entre la pharmacie, deux jours par semaine, et le studio photo qu’elle a ouvert dans les Bouches-du-Rhône. Entre raison et passion, elle a trouvé son équilibre.

Inutile de chercher Isabelle derrière le comptoir d’une officine. Depuis deux ans, elle se consacre à la préparation manuelle de piluliers pour une maison de retraite. Elle qui avait choisi ce métier pour « conseiller les patients, les accompagner » a changé son fusil d’épaule. « En 1999, après la naissance de ma deuxième fille, j’ai arrêté de travailler en pharmacie. Je voulais me consacrer à ma vie de famille. La pause a finalement duré dix-sept ans. » La question d’un retour en officine se pose en 2011 quand Milo, le petit dernier, entre au CP. Mais concilier emploi du temps professionnel et vie de famille s’avère plus compliqué qu’elle ne l’avait imaginé, notamment pour organiser les mercredis et samedis.

Focus sur une nouvelle vie

C’est à ce moment-là qu’elle décide de changer de voie et de suivre ses rêves : « J’ai toujours aimé la photographie. Immortaliser un instant, un sourire, pour ensuite partager des souvenirs. » Isabelle passe alors son CAP de photographe en suivant des cours théoriques grâce au Centre national d’enseignement à distance (Cned) et en s’inscrivant à l’École supérieure de l’audiovisuel à Marseille (13) pour suivre les cours pratiques des Ateliers de l’image et du son. Au-delà des prises de vue qu’elle affectionne, elle découvre toutes les techniques qui permettent de passer du statut d’amateur à celui de professionnel : développement manuel des photos avec un appareil argentique, mise en place des flashs, posttraitement des images sur Photoshop.

Une fois diplômée après deux jours d’examen, Isabelle se lance comme professionnelle avec un statut d’auto-entrepreneuse. Chez elle ou au domicile de ses clients, elle organise des séances et fixe sur papier glacé les instants de bonheur. « Je me suis spécialisée en reportage familial, avec les grossesses, les nourrissons, les mariages. Un changement de métier et d’atmosphère. Avant, je suivais les personnes malades, désormais, je ne côtoie les gens que pour les moments heureux. »

Double casquette

En 2016, Isabelle fait néanmoins son retour en pharmacie pour cause de divorce. « Il me fallait un salaire fixe car mes revenus étaient très fluctuants avec la photographie. » Son expérience en officine reste un atout pour elle. Mais pas question de faire n’impor te quoi : « Revenir au comptoir du jour au lendemain me semblait impossible. » Même si le diplôme seul est suffisant pour retrouver du travail, Isabelle est consciente de ses limites et ne se sent pas capable de reprendre là où elle s’était arrêtée. Nouveaux logiciels, nouveaux médicaments, le métier a trop évolué depuis sa formation au CFA de Marseille : « Les génériques n’existaient alors même pas ! J’ai donc trouvé une place en tant qu’employée de pharmacie. Pas de comptoir, je déballais les commandes et m’occupais du rangement. » Un an plus tard, une autre officine marseillaise lui propose le poste qu’elle occupe actuellement.

Depuis, elle s’organise entre ses piluliers deux jours par semaine et les séances photo dans son séjour à Allauch ou dans le studio* qu’elle a ouvert en 2019 à Berre-l’Étang. « C’est parfait ! D’un côté, la pharmacie, qui m’offre une forme de stabilité et me permet de travailler en équipe. De l’autre, mon activité de photographe solitaire, qui génère pas mal de stress, la peur de mal faire, mais qui me comble car rien ne compte plus que le plaisir de mes clients découvrant leurs photos. »

(*) LM-Photographies, Tél. : 06 80 98 16 28.

Isabelle Bez

Âge : 51 ans.

Formation : BP de préparatrice, CAP de photographe.

Lieu d’exercice : Marseille (13).

Ce qui la motive : l’esprit d’équipe.

Si vous étiez une titulaire ?

Je n’ai pas le profil d’un chef d’équipe, je ne serais pas à l’aise pour diriger du personnel.

Si vous étiez une cliente ?

Je ne serais pas fidèle car je vais au plus pratique.

Si vous étiez un médicament ?

Une huile essentielle pour le côté naturel. J’essaie de privilégier les plantes pour me soigner.

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