Santé sur tous les fronts

C’était il y a 18 ans, mais ses souvenirs restent intacts. « J’étais en cours de pharmaco, au CFA de Toulouse (31), quand nous avons entendu une explosion. » C’était celle de l’usine AZF, le 21 septembre 2001. Un choc. Des images apocalyptiques en boucle à la télé et, sur le terrain, tout un système de soins qui se met en place. « J’ai vu un réseau de secours s’organiser autour de cette catastrophe. Le travail d’équipe, la solidarité pour aider les victimes et les soigner », se souvient Christelle. C’est une révélation pour la future préparatrice. Elle décide qu’un jour, elle aussi, elle interviendra au sein d’une structure de secourisme.

Des études financées en nocturne

Après son BP toulousain, elle s’inscrit à l’institut de formation d’orthopédisteorthésiste de l’Acppav à Poissy (78). Originaire de la région parisienne, son entrée à l’école signe un retour aux sources pour Christelle : « J’étais descendue dans le Sud-Ouest pour mon BP car j’avais beaucoup de connaissances à Toulouse, mais en entendant parler de la formation de Poissy, j’ai eu un coup de foudre. Je n’ai pas hésité à faire demitour. » C’est loin d’être une sinécure. Christelle finance sa formation en travaillant trois nuits par semaine dans une pharmacie ouverte 24 heures sur 24. « Je voulais travailler en officine, mais sans être cantonnée au comptoir. Je me suis accrochée et j’en suis fière. » S’ensuivent la rencontre avec son futur mari et deux beaux bébés, en 2008 et 2009, mais Christelle n’oublie pas l’objectif qu’elle s’est fixé à Toulouse.

Un rêve devenu réalité

Une fois ses fils Victor et Gabin « devenus plus autonomes », elle se lance enfin, en 2015. « J’avais davantage de temps pour moi. J’ai pu me concentrer sur une nouvelle formation. » Elle intègre alors l’unité locale de la Croix-Rouge française, à Pontoise (95), pour devenir équipier secouriste(1). Elle suit les formations de premiers secours en équipe, de niveaux 1 et 2, et apprend les gestes qui sauvent. « Deux formations de 35 heures chacune, à chaque fois sur mes congés payés, pour savoir prendre en charge un arrêt cardiaque, un traumatisme, et même une hémorragie externe. » Christelle découvre un autre monde et s’épanouit.

Sus aux jaloux !

Aujourd’hui, elle jongle entre vie de famille, travail et bénévolat auquel elle consacre environ 10 à 15 heures par mois. « Le week-end et les jours de repos, je rejoins mon équipe à Domont (95) pour des astreintes en poste de secours. Nous sommes présents lors de rencontres sportives, de soirées étudiantes ou toute autre manifestation avec du public. »

Christelle regrette quand même de ne pas être davantage soutenue par son entourage. « Je parle peu de mon engagement autour de moi, car je ne suis pas toujours comprise. Certains pensent que je ferais mieux de me calmer et de rester tranquille chez moi. » Elle aimerait bien consacrer davantage de temps à ces activités de secours, mais il faut également composer avec la vie familiale… Cette battante ne compte pourtant pas céder au chant des mauvais esprits. « Je rencontre beaucoup de bénévoles issus du milieu de l’urgence, infirmiers, médecins, pompiers, tous passionnés comme moi. On s’encourage mutuellement. »

Et la prochaine étape ? Christelle, avec un sourire malicieux, fait une pirouette. Nul doute, l’histoire n’est pas finie !