“Je me suis fait piquer !” - Porphyre n° 552 du 23/04/2019 - Revues
 
Porphyre n° 552 du 23/04/2019
 

Exercer

Au comptoir

Auteur(s) : Nathalie Belin

1 Je questionne

Préciser la demande

« Par quel insecte ? Un moustique ou un hyménoptère, c’est-à-dire abeilles, guêpes, frelons ? », « À quel endroit ? », « Pouvezvous me montrer la piqûre ou me décrire la réaction sur votre corps ? » évaluent le risque de complications et la nécessité d’une consultation en urgence.

Rechercher certains critères

S’il s’agit d’une piqûre d’hyménoptère « Avez-vous déjà fait une réaction allergique ? » Si oui, une auto-injection d’adrénaline est nécessaire, et « Êtes-vous à jour de votre vaccination antitétanique ? », la piqûre étant considérée comme une plaie. Selon le cas, « Quel âge a l’enfant ? » oriente le conseil.

2 J’évalue

Les réactions locales dues aux moustiques et aux hyménoptères relèvent le plus souvent du conseil officinal. Toutefois, les piqûres d’hyménoptères peuvent être responsables de réactions graves (voir Condiv) nécessitant un avis médical :

→ en urgence. piqûre au niveau des voies aériennes car risque de difficultés respiratoires, oculaire, ou piqûres multiples car risque de symptômes généraux en raison de la quantité de venin inoculé ; devant des signes de gravité immédiats tels raucité de la voix, picotements dans la gorge, gonflement des lèvres, malaise… ;

→ rapide. œdème local s’aggravant, urticaire, chez un patient se sachant allergique même après réalisation de l’autoinjection d’adrénaline.

Devant toute réaction anormale ou au moindre doute, appeler le 15 ou le 112, numéro d’urgence européen, utilisable même sans crédit.

3 Je passe en revue

Antihistaminiques locaux

• Isothipendyl, méfénidramium (dérivé de la diphénhydramine), prométhazine. En crème ou gel, ils s’opposent localement à l’action de l’histamine. Les gels, faciles à appliquer, apportent une sensation de frais. Précautions : possibles réactions al lergiques locales à la molécule (eczéma…), photosensibilisation notamment avec la prométhazine. Ne pas utiliser sur dermatoses infectées ou suintantes.

Dermocorticoïde local

• Hydrocortisone. Elle diminue l’inflammation locale (rougeur, œdème) en s’opposant à l’action des médiateurs inflammatoires, histamine et autres. Précautions : peut fragiliser la peau si usage excessif. Ne pas appliquer sous pansement occlusif en automédication, si suspicion d’infection ou de dermatose virale, herpès, varicelle…

Autre médicament antiprurigineux

• Le crotamiton a une action antiprurigineuse dont le mécanisme d’action est mal établi. Des réactions d’hypersensibilité sont possibles.

Agents calmants et apaisants

• Acide glycyrrhétinique ou énoxolone, bisabolol, calamine, extraits de plantes (Aloe vera, calendula…) et huiles essentielles (menthe, lavande, niaouli, tea tree…) sont anti-inflammatoires et antiprurigineux. Le menthol procure un effet frais à l’application. Produits : Apaisyl Après-Piqûres Roll-on, Apaisyl Baby Après-Piqûres, Arnidol Pic, Biovectrol Apaisant Pharmavoyage, Gel Crépitant Apaisant Natura Cinq sur Cinq, Roll-on Apaisant Manouka, Urgo Filmogel Piqûres d’insectes, Mousticare Roll’on Après piqûres, Roller Piqûres Aromapic Pranarôm, Roll-on Après Piqûres Para’kito, Roll-on Piqûres Naturactive… Précautions : pas avant 30 ou 36 mois, surtout en présence d’huiles essentielles non recommandées en cas d’antécédents de convulsions, d’asthme, de grossesse et exposant à un risque de photosensibilisation. Produits utilisables dès 3 mois : Arnidol Pic, Apaisyl Baby…

4 Je choisis

En fonction de la réaction

• Légère à modérée : agent apaisant/antiprurigineux ou antihistaminique.

• Locale plus importante, notamment avec léger œdème : dermocorticoïde.

En fonction du patient

• Enfant : antihistaminique dès 30 mois. Pour les soins apaisants, vérifier les limites d’âge indiquées par le fabriquant. Les huiles essentielles s’utilisent avec prudence avant 7 ans ! Pas de dermocorticoïde avant 6 ans en général.

• Femme enceinte : dermocorticoïde.

5 J’explique

Le traitement local apaise les démangeaisons et limite œdème et douleur. Il peut être associé à du paracétamol en cas de douleur importante et/ou à un antihista minique par voie générale si les démangeaisons sont très gênantes. Un antihistaminique de 2e génération, peu sédatif, est recommandé : cétirizine ou loratadine, contre-indiqué en cas de risque de rétention urinaire (troubles urétro-prostatiques) ou de glaucome par fermeture de l’angle. Consulter si les symptômes ne régressent pas après 24 heures.

6 Je conseille

La conduite à tenir

• Piqûre d’abeille : retirer le dard le plus rapidement possible, ce qui permet de limiter le volume de venin injecté, en veillant à ne pas appuyer sur la poche à venin. En pratique : utiliser une lame non tranchante comme le bord d’un couteau, un ongle, une carte de crédit…, passée parallèlement à la peau plutôt qu’une pince à épiler au risque de rompre la poche à venin. L’intérêt de l’Aspivenin est controversé.

• Piqûre d’autres hyménoptères : le venin étant thermolabile, c’est-à-dire sensible aux variations de température, il est possible de l’inactiver par une variation brutale de température. En pratique : approcher prudemment une source de chaleur, briquet, cigarette, sèche-cheveux… quelques minutes puis appliquer du froid, glaçon, poche de froid. Nettoyer puis désinfecter la zone piquée avec de la chlorhexidine ou du Dakin. Enlever les bagues en cas de piqûres au niveau d’un doigt car risque d’œdème. S’assurer que la vaccination antitétanique est à jour.

Utilisation des topiques

Pas d’application sur des zones étendues, à proximité des yeux ou des muqueuses. En cas d’exposition au soleil, couvrir les zones d’application avec un vêtement. Pour le dermocorticoïde, ne pas augmenter la fréquence des applications au risque de fragiliser la peau.

Autres types de piqûres

• Végétaux : même prise en charge avec topiques, traitement par voie générale selon l’intensité des manifestations.

• Animaux marins. Méduses : rincer avec de l’eau de mer ou du sérum physiologique ; pas d’eau douce qui fait éclater les cellules urticantes. Ne pas frotter. Désinfecter, puis même type de prise en charge. Oursins : désinfecter et retirer les épines avec une pince à épiler ou du ruban adhésif épais ; consultation médicale en cas d’échec. Vives : protocole chaud/froid (voir plus haut) pour inactiver le venin, désinfection, antalgique.

Prévention des piqûres

• Moustiques : prévoir répulsifs cutanés et sprays vêtements.

• Hyménoptères : ne pas marcher pieds nus dans l’herbe, éviter parfums qui les attirent et gestes brusques, car ces insectes ne piquent que pour se défendre

• Pour les personnes allergiques, avoir sur soi un téléphone portable, pour pouvoir vite appeler les secours, et une trousse d’urgence. Outre l’auto-injection d’adrénaline (Epipen, Jext, Emerade, Anapen…), elle doit comporter au minimum un corticoïde et un antihistaminique à prendre selon les recommandations médicales. Un bilan allergologique est à prévoir en vue d’une désensibilisation.

Le condiv

Les répulsifs ne sont pas efficaces sur les piqûres d’hyménoptères : abeilles, guêpes, frelons, bourdons.

→ Caractéristiques : l’abeille se distingue de la guêpe par la morphologie de son aiguillon qui ne lui permet de piquer qu’une fois. Après la piqûre, l’aiguillon est arraché de l’insecte avec le sac à venin et reste en place le plus souvent sur la peau piquée. Le bourdon est en général peu agressif. Le frelon peut piquer plusieurs fois mais même avec une seule piqûre, la quantité de venin injectée étant souvent importante, les réactions sont plus sévères.

→ Trois types de réactions. Locale : douleur, rougeur, œdème local, démangeaison. Le gonflement peut être important au niveau des lèvres, de la bouche, du cou et entraîner des difficultés respiratoires. Toxique : liée à des piqûres multiples. Les signes locaux sont plus intenses et associés à des signes généraux : vomissements, diarrhées, hypotension, convulsions. Allergique : survient chez une personne déjà sensibilisée (a déjà eu une piqûre) avec urticaire généralisé, rougeur et gonflement important, œdème de la face, de la langue et du larynx, difficultés respiratoires, troubles digestifs, vertiges, perte de connaissance.

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