Ciel, mes bijoux !

« Elle n’est pas là, la dame aux boucles d’oreilles ? » Voilà ce que l’on entend parfois au comptoir de la pharmacie d’Emerainville (77) où travaille Glawdys. Il faut dire qu’avec les bijoux qu’elle fabrique et porte, elle ne passe pas inaperçue. « À l’officine, cela déclenche un sourire, les gens sont curieux et cela permet souvent de passer la barrière de la blouse. » Cette passion remonte à l’enfance : « Vers 10 ans, je faisais des bracelets. J’ai toujours aimé partir d’une matière brute et en faire quelque chose qui me plaît. Puis, je me suis intéressée à l’art, à la création, à ce qui n’est pas conforme. ».

Bague à l’âme

Glawdys trace toutefois sa voie dans la santé, aimant s’occuper des gens et leur apporter du réconfort. D’une première année de médecine à Bobigny (93), après un bac en sciences médico-sociales, elle garde de mauvais souvenirs – « Il y avait beaucoup de méchanceté entre élèves, j’ai vite eu envie de partir et de travailler ». Tout le contraire du BP de préparateur, obtenu en 2006 au CFA de Paris, où elle se sent tout de suite à l’aise. Elle découvre notamment les joies du préparatoire, où elle fabrique – toujours le côté manuel – pommades, gélules, homéo…

S’ensuivent plusieurs expériences professionnelles, avec du bon – petite équipe, préparatoire, vente de produits ethniques… – et du moins bon – soucis avec un collègue ou un patron, licenciement économique… –, entre Paris et la Seineet-Marne, où elle réside désormais. Une période de chômage en 2015 fait resurgir son envie de bijoux. Oublié le bague à l’âme ! « J’ai acheté de la pâte Fimo, créé quelques bijoux, mais ce n’était que pour moi. À force de m’entendre dire d’en vendre, j’ai timidement franchi le pas. » Et ce, à travers des expos via des connaissances ou associations, avec des bijoux ethniques et d’autres en rapport avec des événements : vacances, Noël, fête des Mères… Tout s’accélère début 2018 quand une amie fleuriste sur un marché l’appelle. « Elle en avait marre de me voir “galérer” et m’a proposé un marché artisanal trois semaines plus tard ! J’ai dû fabriquer en urgence un stock de bijoux et créer mon auto-entreprise, mais ça a été un bon tremplin. » Il lui faut aussi établir une grille de prix : « J’avais du mal à faire payer au début. C’est une activité que je pratique avant tout par plaisir. » Et chaque création – boucles d’oreilles, bagues, broches, badges pour la pharmacie, porte-clés, colliers**… – répond à un processus particulier : « Quand je fais un bijou, il faut que j’aie le moral et quand ça ne me plaît pas, je jette ! J’ai le cerveau en ébullition et le moindre détail a son importance.»

Coup de collier

Les œuvres les plus folles de Glawdys naissent souvent la nuit, comme ces gélules ou médicaments enfermés dans de la résine pour des bijoux 100 % pharmacie, ces boucles d’oreilles en forme de bretzel ou de planche à découper avec du saucisson pour une charcuterie !

Autre coup d’accélérateur, la mise en ligne de photos de ses bijoux contenant des gélules sur la page Facebook « Tu sais que tu es préparateur quand…» « Le lendemain, j’avais plein de commentaires, plus de 1 000 likes et des commandes ! » Glawdys n’en oublie pas pour autant son métier. « Je fais ça sur mon temps libre mais je voudrais bien que ce soit un bon à-côté.» Avec un petit coup de collier, cela devrait être partie gagnée.