Les contraceptions naturelles sont-elles efficaces ? - Porphyre n° 542 du 23/04/2018 - Revues
 
Porphyre n° 542 du 23/04/2018
 

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Décryptage

Auteur(s) : Anne-Gaëlle Harlaut

Des professionnels s’opposent au sujet de la fiabilité de la contraception naturelle (voir actus p.6 ), mais des méthodes d’observation du cycle s’avèrent précises, rigoureuses et fiables avance un collectif multiprofessionnel.(1)

Quelles sont les méthodes naturelles de contraception ?

Outre le retrait, ou coït interrompu, les autres méthodes dites « naturelles » sont surtout basées sur la prévention, comme la méthode Ogino, dite du « calendrier ». Ici, le jour d’ovulation présumé est déterminé par calcul d’après la date des règles. « Elles sont basées sur un cycle standard de 28 jours, avec une ovulation à J14. Or, la femme n’est pas un robot. Elle peut avoir des cycles variables, ovuler à une autre date, d’où le risque d’échec », explique Marion Vallet, sage-femme et formatrice en fertilité. Il existe aussi les méthodes d’observation du cycle (MOC).

Qu’est-ce qu’une MOC ?

Les méthodes d’observation du cycle reposent sur l’observation et l’analyse quotidienne des signes cliniques et biomarqueurs qui permettent de connaître l’avancement du cycle menstruel et de repérer la zone de fertilité. Ceci, afin de limiter le risque de grossesse ou, au contraire, d’en augmenter les chances. Ces signes sont surtout la qualité de la glaire cervicale et/ou la température basale et/ou le dosage qualitatif d’hormones sur bandelette urinaire.

Quelle est la différence avec les autres méthodes ?

Les MOC se basent sur l’observation en temps réel et de façon individuelle pour chaque femme.

Quelles sont les MOC les plus utilisées ?

Empirique, la MOC la plus connue est celle des températures, avec une hausse de la température basale d’environ 0,5 °C au moment de l’ovulation. Depuis les années 1960, d’autres protocoles sont développés et enseignés. Ils reposent principalement sur l’observation de la quantité et de la qualité de la glaire cervicale – la sensation d’écoulement, l’abondance, son aspect filant et élastique lors de l’ovulation –, associée ou non à d’autres marqueurs. Les plus connues sont les méthodes Billings, FertilityCare, sympto-thermique et Marquette (voir Repères ).

Ces méthodes sont-elles fiables ?

C’est variable mais les études de fiabilité regroupent souvent toutes les méthodes naturelles, y compris par prévision, sous une même rubrique. « On avance ainsi encore souvent un taux de grossesse d’environ 20 % sans aucune distinction de méthode ! », regrette Marion Vallet. L’OMS annonce 25 % de grossesse la première année en utilisation courante pour les méthodes de connaissance de l’ovulation. « Or, pour les MOC récentes, des études scientifiques montrent une bonne fiabilité ». En utilisation correcte, 1,1 % pour Billings, 0,5 % pour Creighton ou 2,1 % pour Marquette. La méthode symptothermique, qui fait l’objet d’une distinction en utilisation correcte par l’OMS, présente un taux de grossesse de 0,4 %, très proche de celui de la pilule (0,3 %).

Pourquoi recourir à ces méthodes ?

Les motivations constatées sont très diverses : volonté d’arrêter ou impossibilité médicale de continuer les hormones, conviction religieuse, effets indésirables d’autres méthodes, désir de retrouver un cycle naturel, de partager en couple la responsabilité contraceptive… Il n’y a pas de typologie d’utilisatrice mais, nuance la sage-femme, « ces méthodes peuvent être employées par tous, à condition d’avoir un couple stable et motivé car elles nécessitent un apprentissage. »

Comment apprendre les MOC ?

En France, ces méthodes sont enseignées par des instructeurs, professionnels de santé ou non, formés dans des associations. La formation comporte en général une séance sur le cycle féminin, des séances d’apprentissage, puis un suivi des couples et de leurs tableaux d’observation quotidienne tous les quinze jours, et ce pendant plusieurs mois. Le conjoint est invité à participer : « Ce n’est pas seulement une contraception. C’est une approche différente de la sexualité de couple, c’est logique qu’il soit impliqué », explique Marion Vallet.

Où se renseigner sur les MOC ?

Il n’existe pas encore de site institutionnel en français. Il faut tâtonner sur Internet pour trouver associations et informations. Certains instructeurs proposent des formations pour les professionnels de santé. « Nous réfléchissons à créer une fédération inter-méthodes pour mieux renseigner les professionnels et le grand public », conclut Marion Vallet.

(1) Publiée le 6 mars par un collectif de professionnels de santé en réponse au communiqué de presse de la Fédération nationale des collèges de gynécologie médicale (FNCGM), Alerte sur les méthodes de contraception naturelle.

(2)https://m2mformation.wixsite.com/monsite

NOTRE EXPERTE INTERROGEE

→ Marion Vallet, sage-femme, enseignante, monitrice formatrice Méthode de l’ovulation Billings, co-rédactrice de la tribune Stop à la désinformation à propos des méthodes naturelles de contraception (1), créatrice de l’organisme de formation M2M Formation santé et fertilité.(2)

Repères

principales méthodes d’observation du cycle (MOC) et leur principe.

→ Méthodes Billings ou FertilityCare, dite encore Creighton : observation de la glaire cervicale.

→ Méthode sympto-thermique : associe l’observation de la glaire et la température basale, voire la position du col utérin.

→ Méthode Marquette : associe l’observation de la glaire et des tests urinaires des hormones LH et œstradiol.

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