La vaccination en officine est un franc succès - Porphyre n° 541 du 20/03/2018 - Revues
 
Porphyre n° 541 du 20/03/2018
 

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Actus

Auteur(s) : Magali Clausener

L’expérimentation de la vaccination contre la grippe par les pharmaciens a rencontré une large adhésion des officinaux et des patients dans les deux régions où elle est testée, malgré les contraintes administratives. La praticité est notamment plébiscitée.

C’est le 6 octobre 2017 que l’expérimentation de la vaccination contre la grippe par les pharmaciens a débuté dans deux régions, la Nouvelle-Aquitaine et Auvergne-Rhône-Alpes. Une première en France qui a suscité des débats dans la profession ainsi que des polémiques avec les infirmiers. Cinq mois plus tard, les premiers chiffres prouvent que les pharmaciens se sont largement impliqués dans cette nouvelle mission et que les patients ont plébiscité ce service.

Aussitôt demandé, aussitôt fait !

5 030 pharmaciens se sont formés et engagés dans ce dispositif expérimental : 2 046 en Nouvelle-Aquitaine et 2 984 dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, répartis dans 2 809 officines. Au 5 mars 2018, on recensait 159 139 patients vaccinés dans les pharmacies : 58 168 en Nouvelle-Aquitaine et 100 971 en Auvergne-Rhône-Alpes.

« L’expérimentation a été un succès. Les patients nous ont demandé de les vacciner sans que nous leur proposions vraiment », remarque Laurence Cornier, titulaire à la pharmacie Tremon-Cornier à Agen (47). Dans cette officine, les deux pharmaciens ont vacciné environ 70 personnes. Idem à la pharmacie de l’Hôtel-Dieu à Lyon (69), où officiaient également deux pharmaciens. À la pharmacie Barrier-Vallet à Allevard, une petite commune de l’Isère, entre 50 et 60 personnes ont été vaccinées. Dans d’autres, les chiffres varient entre une dizaine et une quarantaine de patients. Cependant, dans les communes rurales, les pharmaciens n’ont pas voulu mettre en difficulté les infirmières de leur secteur.

Diplomatie avant tout

« Saint-Gervais-d’Auvergne est une petite commune avec beaucoup de personnes âgées. J’ai pris le parti que les patients qui étaient auparavant vaccinés par une infirmière continuent de l’être », explique ainsi Pascal Saint-Cricq, titulaire, qui a vacciné une dizaine de personnes. « Nous n’avons vacciné que ceux qui le demandaient pour ne pas nous mettre en porte-à-faux avec les infirmières », relate une pharmacienne d’une commune de 1 600 habitants en Auvergne-Rhône-Alpes, qui en a réalisé environ trente. Quant aux médecins, les pharmaciens n’ont pas eu de remarques de leur part. « Ils sont débordés, et plutôt favorables à la vaccination par les pharmaciens. Certains nous ont même envoyé des patients », note Alexis Barré, titulaire à la pharmacie de l’Hôtel-Dieu à Lyon.

Quand c’est pratique, c’est automatique

Et les patients n’ont eu aucune réticence. Au contraire. « Pour certains, c’est plus simple que de prendre rendez-vous avec le médecin ou l’infirmière. Le pharmacien est plus accessible », observe Mahmoud Bouaziz, titulaire au Cap-Ferret (33), qui a vacciné une vingtaine de personnes. Si certains officinaux fixaient un rendez-vous, beaucoup vaccinaient immédiatement la personne. D’autres se sont adaptés en fonction du personnel présent à la pharmacie. Quant aux préparateurs, ils ont été informés et ont joué le jeu.

« Ils proposaient la vaccination aux personnes éligibles », relate Josiane Vallet, titulaire à Allevard. « Toute l’équipe devait être convaincue par cette mission », ajoute Pascal Saint-Cricq.

Prêts à recommencer

Tous les titulaires interrogés se déclarent satisfaits. À quelques bémols près. L’aspect administratif, avec la déclaration des vaccinations à l’Agence régionale de santé (ARS) et à l’Ordre des pharmaciens, est jugé trop lourd. Autre inconvénient, le temps passé à l’officine pour le patient. Il doit répondre à un questionnaire, puis rester un quart d’heure après l’acte afin que le pharmacien s’assure que tout va bien. « Pour certains, cela paraissait trop long », souligne Laurence Cornier. Même si « cela permet de discuter avec la personne », explique une pharmacienne qui s’est lancée dans l’expérimentation. Jean-Philippe Brochot, pharmacien à Biarritz (64) regrette cependant la petite cible concernée (voir encadré) : « Nous avons dû refuser certains clients car ils n’étaient pas éligibles. » Josiane Vallet aimerait « vacciner ceux, notamment des jeunes, qui ne vont jamais chez le médecin. »

Malgré ces remarques, tous sont prêts à recommencer lors de la prochaine campagne de vaccination contre la grippe. « Parmi toutes les nouvelles missions du pharmacien, j’étais la plus réticente pour la vaccination et, finalement, c’est la plus facile à réaliser, car il y a eu un engouement des patients », confie Laurence Cornier. « Par rapport à la chaîne du froid, c’est cohérent que le pharmacien vaccine », explique Romain Dallot, titulaire de la pharmacie Burdigala à Bordeaux (33). La ministre de la Santé a saisi la Haute Autorité de santé pour élargir la vaccination par les infirmiers et les pharmaciens. Le tabou de vacciner à l’officine est tombé.

Un dispositif encadré

→ L’expérimentation votée dans le cadre de la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2017 doit durer jusqu’en 2020. Les officinaux doivent suivre une formation et être autorisés par l’ARS pour vacciner les 18 ans et plus, ciblés par les recommandations vaccinales, excepté les femmes enceintes, les personnes jamais vaccinées contre la grippe et celles à risque (troubles de la coagulation…). Une évaluation sera réalisée en 2020, après un premier bilan cette année.

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