Prendre en charge les plaies aiguës à l’officine

Qui dit plaie, dit contamination que le corps va gérer, notamment grâce à l’aide du lavage « à l’eau du robinet, voire au sérum physiologique, et au savon », explique le Dr Lefort. En plus de l’action des tensioactifs, frotter permet la détersion. « Ce lavage réduit la part de non soi, comme les tissus nécrosés et les corps étrangers, de manière rapide et efficace. » L’urgentiste déconseille les gels « pour leur rémanence », mais recommande le savon de Marseille ou, mieux, d’Alep, « pour ses propriétés hydrophobes. Ainsi, le rinçage élimine le produit, sans même frotter. » Sylvie Palmier, infirmière spécialiste des plaies (Montpellier), prône, elle, les compresses tissées « pour leur effet de microdétersion. »

Les antiseptiques, pas automatiques

La plupart du temps, le lavage suffit. « Plus d’antiseptique de façon non raisonnée », insiste le Dr Lefort. « Demandez-vous si la plaie est accessible à un lavage de qualité. Sinon, envisagez un antiseptique. » De même dans les plaies à haut risque infectieux, telles les morsures. Aucune différence d’efficacité n’a été démontrée entre les molécules, mais « le Dakin est pertinent pour les muqueuses, chez l’enfant… » De même, « arrêter la Fucidine, l’antibiothérapie locale a des indications très précises ! » La voie générale n’est pas non plus systématique. « Ce n’est pas parce qu’une plaie est rouge ou sent un peu mauvais qu’il faut prescrire un antibiotique. » Par contre, « il faut éduquer la population à reconnaître une extension régionale, éventuellement en proposant de marquer le pourtour de la lésion. » Le référentiel de médecine d’urgence 2017(1) indique les situations nécessitant un antibiotique et les molécules recommandées.

Une photo souvenir

Beaucoup de plaies aiguës peuvent être prises en charge à l’officine. Néanmoins, une consultation du généraliste, des urgences ou de structures spécialisées comme SOS Mains, est nécessaire pour une plaie atteignant le derme, les morsures, les lésions de zones à risque, mains, etc. « En cas de doute sur l’orientation, appelez le 15. Un médecin régulateur vous aidera à prendre la bonne décision. » Aucun délai ne contre-indique la fermeture d’une plaie en première intention, même au-delà de six heures, « tout dépendra de son évaluation. » Lors du transfert du patient, maintenir la plaie en milieu humide « avec un tulle gras, avec une petite couche de vaseline, mieux, une interface. » Elle ne séchera pas, ce qui limitera la douleur lors du retrait du pansement par les soignants. « En plus, la vaseline est pro-inflammatoire et aide la détersion. » Le médecin suggère de photographier la plaie et de remettre au patient un court compte-rendu des premiers soins effectués à l’officine pour un meilleur relais des soins et la traçabilité.