Deux heures pour apprendre à sauver des vies - Porphyre n° 538 du 29/11/2017 - Revues
 
Porphyre n° 538 du 29/11/2017
 

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Actus

Auteur(s) : Thierry Pennable

De courtes sessions de sensibilisation aux premiers secours sont rendues accessibles au public. Objectif : transmettre les gestes qui sauvent au plus grand nombre et diffuser une culture du secourisme au sein de la population française.

Deux heures pour s’initier aux gestes qui sauvent. Le ministère de l’Intérieur vient de donner un cadre au dispositif visant à sensibiliser le plus grand nombre aux premiers secours(1). « Former 80  % de la population », tel est l’objectif fixé dans un rapport remis au précédent gouvernement moins d’un an après les attentats terroristes de 2015 et 2016. Ce rapport(2), rédigé par l’urgentiste Patrick Pelloux et le président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF), Éric Faure, venait en réponse aux nombreuses demandes de personnes souhaitant apprendre les gestes de premiers secours indispensables en situation d’urgence vitale.

Des demandes en lien avec la prise de conscience du grand public vis-à-vis de la multiplication des risques de toutes natures en France. Qu’il s’agisse de la menace avérée de nouveaux attentats, de l’augmentation du nombre de personnes blessées ou tuées lors d’inondations ou de tempêtes, ou encore des 20 000 décès annuels dus aux accidents de la vie courante.

« Venez voir à quoi ça ressemble »

Les « gestes qui sauvent » en deux heures, est-ce en soi bien efficace ? Oui, répond sans hésiter Adrien Graton, coordonnateur national des formations auprès de la Protection civile, qui précise : « L’objectif de cette sensibilisation n’est pas de former des secouristes avertis, mais de fournir le minimum de réflexes et de gestes permettant d’intervenir sur des situations d’urgence en attendant l’arrivée des services de secours ». Les sessions, appelées « Gestes qui sauvent » (GQS), sont d’ailleurs présentées comme une « sensibilisation » et non comme une « formation », et ceux qui les dispensent comme des « initiateurs » plutôt que des « formateurs ».

Plus accessible que les formations aux premiers secours, « cette sensibilisation sur deux heures permet de dire au public “Venez voir à quoi ça ressemble”, tout en expliquant “Lorsque vous arrivez sur telle situation, voilà ce qu’il faut faire” », explique Adrien Graton. Alerter correctement les secours, pratiquer un massage cardiaque, utiliser un défibrillateur, arrêter une hémorragie ou installer une victime en position d’attente, « ces deux heures permettent d’instiller quelques bases de secourisme dans la population générale. Elles permettent aussi de dédramatiser l’intervention en situation d’urgence et de dire aux apprenants : maintenant que vous avez vu les gestes, n’ayez pas peur de les utiliser ». Sachant que la première prise en charge d’une victime détermine ses chances de survie. Et que, même si le geste de secours n’est pas parfait, il est toujours plus efficace qu’une absence de réaction.

Susciter l’envie d’en savoir plus

L’autre but de cette sensibilisation est d’inciter à approfondir ces premiers acquis par des formations plus complètes. Un objectif déjà atteint au vu de l’expérience de la Fédération nationale de Protection civile (FNPC) et de la Croix-Rouge française, qui ont mis en place des sessions de sensibilisation dès janvier 2016. La crainte de voir la « Prévention et secours civiques de niveau 1 » (PSC1), formation de base à destination du grand public, délaissée au profit des GQS ne s’est pas vérifiée. Au contraire, le nombre de participants à la PSC1 a augmenté depuis la mise en place des GQS. « En fait, quel que soit le niveau de formation aux premiers secours, les apprenants ont très souvent envie d’en savoir plus et s’informent sur les formations de niveau supérieur », observe le coordonnateur des formations de la Protection civile.

La PSC1 en première année du BP

Le CFA de Paris rue Planchat, lui, n’a pas attendu ce div pour former les futurs préparateurs en pharmacie. Même si cela ne figure pas au référentiel. « Depuis plus de trente ans, le Centre de formation professionnelle de la pharmacie Paris Île-de-France (CFPP) offre une formation PSC1 aux premiers secours aux futurs préparateurs en pharmacie », rapporte Catherine Sanchez, formatrice et référente des formations secourisme. La formation PSC1, qui dure sept heures pour le grand public, a été adaptée. Elle est ici dispensée sous la forme de trois sessions de quatre heures intégrées au cursus de la première année du BP. « Il est tout à fait logique d’apprendre les conduites à tenir en cas d’urgence dans une formation à un métier de santé. D’autant que l’officine est identifiée comme un lieu de premier recours en cas de difficulté », estime Catherine Sanchez, préparatrice de formation. Un exemple à suivre pour les rédacteurs du futur référentiel de compétences, à l’heure où une formation aux premiers secours devrait être dispensée par toutes les universités proposant des cursus de santé.

(1) Arrêté du 30 juin 2017 instituant une sensibilisation aux « gestes qui sauvent », Journal officiel du 16 septembre 2017.

(2) Rapport de la mission de préfiguration sur la généralisation au plus grand nombre de nos concitoyens de la formation aux gestes qui sauvent, Patrick Pelloux et Éric Faure, 20 avril 2017.

Les Français et les gestes qui sauvent(2)

→ 55 % des Français déclarent avoir suivi une formation ou une initiation aux gestes de premiers secours.

→ 29 % affirment avoir suivi une formation courte (initiation aux gestes qui sauvent).

→ 70 % des personnes n’en ayant jamais suivi pensent avoir besoin d’une formation aux premiers secours.

(1) Sondage Ifop pour la Croix-Rouge, novembre 2016.

3 questions à… Christophe Talmet, responsable du pôle formation à la Croix-Rouge française.

“En formation, les personnes passent à l’acte, ce qui est primordial”

Quel est l’intérêt des formations courtes ?

Depuis plus de six ans, la Croix- Rouge a largement diffusé les formations « Alerter, masser, défibriller », dites AMD. Avec ces enseignements très courts de 40 minutes, les personnes passent à l’acte, ce qui est primordial en cas d’urgence vitale. Elles vont s’agenouiller à côté de la victime, et même si elles ne se souviennent pas de tout ce qu’elles ont vu en formation, elles savent qu’il faut alerter et masser. En situation, la conduite à tenir est rappelée par le régulateur du Samu et la gestuelle revient immédiatement.

Est-il possible de se former à partir de documents ?

Dans l’absolu, un apprentissage théorique est possible mais ça ne sert à rien. Les documents sont interprétés par le lecteur et le geste ne sera le plus souvent pas conforme aux recommandations. De plus, face à une hémorragie ou à un arrêt cardiaque, tous les témoins sauveteurs sont confrontés à un stress qui entraîne des hésitations et des difficultés à se souvenir des gestes vus sur des documents. Après un exercice sur un mannequin, la personne sait qu’elle peut faire le geste qu’elle a déjà réussi. Elle est en confiance.

Que dire des formations en e-learning ?

Elles laissent également une place à l’interprétation. Lors des sessions en présentiel, certaines personnes formées en e-learning apportent des réponses variables aux différentes situations proposées. Il faut alors les ramener vers une réponse consensuelle et validée.

Où se renseigner ?

→ Protection civile « Initiation aux gestes qui sauvent », formation gratuite de 2 heures. Renseignements sur www.protection-civile.org, « Formations » dans le menu « La protection civile », ou par téléphone, au 04 66 28 99 57.

→ Croix-Rouge française « Initiation aux premiers secours », formation de 1 h 30, coût : 10 €.

Renseignements sur www.croix-rouge.fr, rubrique « Je me forme », ou par téléphone, au 01 44 43 11 00.

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