Je veux vermifuger mon animal - Porphyre n° 537 du 25/10/2017 - Revues
 
Porphyre n° 537 du 25/10/2017
 

Exercer

Au comptoir

Auteur(s) : Florence Leandro

1 Je questionne

Préciser la demande

« C’est un chien ? Un chat ? » détermine les risques et les traitements qui peuvent différer, tels les trichures absents chez le chat. « Voulez-vous prévenir ou éliminer des vers déjà présents ? » cible le produit et peut conduire à orienter directement vers un vétérinaire (voir « J’évalue »).

Rechercher certains critères

« Combien pèse-t-il ? » conditionne le dosage car certains produits indiquent un poids minimum – un chihuahua est très léger ! –, « Quel est son âge ? » et « Quel est son mode de vie ? Il vit à l’intérieur ? Il sort ? Il a des contacts avec d’autres animaux ? » et, si c’est un chien, « Il va à la chasse ? » établissent le niveau de risque et indiquent à quelle fréquence traiter.

Guider le conseil

« Qu’utilisez-vous habituellement ? », « En avez-vous parlé au vétérinaire ? », si oui, « Que vous a-t-il dit ? » renseignent sur le suivi de l’animal et les traitements déjà recommandés, voire prescrits, et leur usage.

2 J’évalue

Toute leur vie, chiens et chats risquent d’être contaminés par des vers. L’infestation est parfois asymptomatique, ou avec des signes variables, mais évocateurs : troubles digestifs, vomissements, prurit anal et frottements de l’arrière-train sur le sol (« signe du traîneau »), amaigrissement, retard de croissance, poil terne… Les vermifuges ou antiparasitaires internes ou anti-helmintiques (voir encadré) sont utilisés en curatif et/ou en préventif. Plusieurs sont du ressort officinal sans ordonnance. Une consultation vétérinaire est nécessaire en cas de forte altération de l’état général, de résistance à un traitement bien conduit, ou d’effets indésirables graves. Attention : certains vers sont transmissibles à l’homme. La contamination, notamment des enfants par des ascaris, entraîne un risque de troubles digestifs, d’atteinte viscérale due à une larve migrante, d’eczéma, voire de kyste oculaire et de cécité. Celle par des ankylostomes est plus rare, plutôt en zone tropicale, par passage transcutané. Dipylidium caninum cause des troubles digestifs, les ténias échinocoques conduisent à une zoonose essentiellement rurale et plus grave, notamment au niveau du foie avec kystes multiloculaire et hydatique.

3 Je passe en revue

Principes actifs et cibles

• Pipérazine classée à part car uniquement ascarifuge. Elle agit par blocage neuromusculaire et entraîne le décrochement des vers de la paroi digestive de l’animal.

• Sur les nématodes : les tétrahydropyrimidines (pyrantel, morantel…), les lactones macrocycliques (milbémycine oxime) et les imidazothiazoles (lévamisole) agissent à des niveaux différents mais tuent le ver par paralysie.

• Sur les ténias : la niclosamide inhibe l’absorption du glucose par le ténia ; le praziquantel provoque la contraction, puis la désagrégation des vers dans l’intestin.

• Les polyvalents : le nitroscanate perturberait le métabolisme énergétique des vers. Les benzimidazolés (albendazole, flubendazole, oxibendazole, mébendazole, oxfendazole…) et le fébantel, prodrogue du fenbendazole, désorganisent les cellules intestinales des vers. Ils sont surtout actifs sur les nématodes, mais également sur certains cestodes, parfois à des posologies plus élevées.

Galénique

• Les formes per os : liquides avec sirops de pipérazine, semi-solides avec les pâtes orales en seringue préremplie ou solides avec des comprimés appétents ou non.

• Les autres formes sont sur ordonnance et permettent parfois de traiter en même temps parasites internes et externes. Exemples : pipettes Stronghold, Broadline…

4 Je choisis

Selon l’âge

• Chiots et chatons : un sirop de pipérazine suffit en général contre les ascaris.

• Adultes : privilégier les associations qui élargissent le spectre anti-helmintique. Si possible, alterner les molécules pour éviter de générer des résistances.

Selon l’état

• Reproduction : mébendazole, flubendazole, milbémycine, praziquantel ou nitroscanate sont utilisables durant la gestation, la lactation et chez les mâles reproducteurs. Éviter fébantel et oxfendazole.

• La mutation du gène MDR1, fréquente chez certaines races comme le colley ou le berger australien, contre-indique notamment les lactones macrocycliques.

Selon le lieu

Dans les zones à risque d’échinococcose (rurales du Nord-Est, dans le Massif central et les Alpes), choisir le praziquantel, le plus efficace.

Selon la galénique

Si l’animal est « facile », opter pour les comprimés, éventuellement cachés dans de la nourriture ou une barre appétente : Médi-Croc, Observence… Sirops et pâtes permettent un dosage précis et une administration directe dans la gueule.

5 J’explique

Vermifuger régulièrement et en même temps les animaux de la maison évite leur contamination et une possible zoonose. Les vers sont rarement visibles : anneaux de ténia en grains de riz sur la marge anale, vers ronds parfois vomis… Leur absence ne signe pas une non-infestation et/ou la guérison. Les méthodes à base d’herbe, d’ail ou d’oignon sont inefficaces.

6 Je conseille

Administrer

• Respecter les modalités d’emploi des fabricants pour une protection correcte sans surdosage : traiter deux jours d’affilée, une diète quelques heures avant…

Les vermifuges ne sont pas rémanents, répéter alors les administrations dans l’année pour une protection continue. Le rythme est imposé par le niveau de risque :

→ chez le chiot ou le chaton, toutes les deux semaines entre 15 jours et 2 mois, puis tous les mois jusqu’à 6 mois ;

→ chez la femelle gestante/allaitante, le risque de réactivation des vers inactifs est maximal. Vermifuger quelques jours avant une saillie prévue (= accouplement), quinze jours avant et quinze jours après la mise-bas et en même temps que les chiots/chatons jusqu’à l’arrêt de l’allaitement ;

→ chez l’adulte, deux fois par an minimum et quatre fois pour ceux qui sortent, voire six fois ou plus pour ceux en meute ou en zone à fort risque d’échinococcose.

→ Avant de vacciner : vermifuger quelques jours avant car les vers peuvent diminuer la réponse immunitaire au vaccin, et donc son efficacité.

Contrôler l’environnement

• Coupler avec la lutte contre les parasites externes. Dipylidium caninum a pour hôte intermédiaire la puce.

• Éviter de laisser jouer les enfants dans des bacs à sable ayant pu être contaminés par des déjections d’animaux car il y a relargage des œufs dans l’environnement.

• Jeter rapidement les crottes de l’animal fraîchement vermifugé à la poubelle pour éviter toute réinfestation.

• Dans une région à risque d’échinococcose, bien laver les fruits et les légumes ramassés, éliminer les rongeurs, tenir le chien en laisse lors des promenades…

Vente associée

Des antiparasitaires externes adaptés à l’animal et au niveau de risque (voir Porphyre n° 534, juillet-août 2017).

Le condiv

Les vers parasites susceptibles de coloniser le tube digestif du chien et du chat appartiennent au groupe des helminthes, avec :

→ les nématodes ou vers ronds : ascaris avec Toxocara canis chez le chien ou Toxocara cati chez le chat, ankylostomes, trichures appelés trichocéphales ;

→ les cestodes, vers plats ou ténias : Dipylidium caninum, ténias équinocoques.

→ Modes de transmission : ingestion de formes immatures présentes dans le milieu extérieur, contamination maternelle via le placenta ou le lait. Les ascaris sont présents chez la quasi-totalité des chiots et chez les chatons.

→ Risque pour l’animal : les ascaris représentent la première cause de mortalité chez les jeunes en l’absence de traitement. Ankylostomes et trichures sont hématophages, d’où des diarrhées sanglantes et une anémie.

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