MAD woman à la fac - Porphyre n° 533 du 29/05/2017 - Revues
 
Porphyre n° 533 du 29/05/2017
 
SANDRA CANTON

Exercer

C’est vous

Auteur(s) : Vincent Béclin

Il y a quelques mois, Sandra a pris le chemin de la fac. Non pour doper ses connaissances mais pour y donner des cours de maintien à domicile, sa spécialité. Une aventure enrichissante…

En décembre dernier, Sandra a troqué, l’espace d’une journée, son comptoir de la pharmacie Delpin pour le bureau d’un amphi de la faculté de pharmacie de Marseille-La Timone (13). Sous ses yeux, non pas des habitués mais des étudiants en sixième année et des pharmaciens venus se spécialiser. De sa bouche ne sont pas sortis des conseils aux clients, mais un cours magistral dans le cadre d’un module intitulé « Le maintien à domicile (MAD) au comptoir ». Objectif : l’apprentissage des dispositifs médicaux, leur bonne utilisation et l’attention à porter aux patients dans ces moments-là. « Les cinq premières minutes du cours ont été très difficiles, j’étais tétanisée, se rappelle-t-elle. Il ne fallait pas me louper car les étudiants ont Internet dans la salle et peuvent vérifier facilement ce que je dis ».

Pour être fin prête, Sandra, référente MAD dans son officine de quartier depuis 2008, n’a pas ménagé sa peine durant son temps libre, entre février et octobre 2016 : « J’ai fait d’innombrables recherches sur le Net, consulté des catalogues et tiré parti de mon expérience, notamment avec les labos. Sans oublier de dévaliser la bibliothèque de la fac. Puis je me suis entraînée à l’oral devant mon mari et mon fils ! »

Une petite canne sur le chemin

Un beau clin d’œil du destin pour cette préparatrice qui a connu « un peu le chaos en milieu scolaire ». Arrivée par hasard en officine, via un stage en classe de troisième, elle n’a pas lâché : « Ça m’a plu, j’ai passé le concours, je suis entrée avec une dérogation, puis j’ai fait le forcing pour intégrer la pharmacie où je suis toujours aujourd’hui, vingt-deux ans après ! »

Dans cette officine, outre le maintien à domicile, elle a passé le CQP dermo-cosmétique pour ajouter une autre corde à son arc : « Au bout d’un moment, on tourne en rond. Soit on se recycle, soit on évolue. Il faut savoir s’intéresser, trouver un équilibre ». Pour le MAD, elle a suivi une formation sur plusieurs semaines - conseil, matériel, tarification, encadrement des patients -, qu’elle met en pratique au quotidien au comptoir. « Le maintien à domicile n’est pas une obligation, mais une solution, une aide, souligne Sandra. Il faut savoir dire les choses en douceur, ne rien imposer aux patients. On place des choses sur leur chemin et on essaie d’entrer peu à peu dans leur maison. On est comme une petite canne ».

Du comptoir à la chambre…

Cet accompagnement, qui va de pair avec le vieillissement de la population et des hospitalisations de plus en plus courtes, repose également sur un contact permanent avec les infirmières, aides-soignantes et aides ménagères - « La mise en relation de tous les soignants est la clé d’un MAD réussi » - et sur une veille sur la législation, les tarifs ou les innovations des fabricants, via leurs catalogues et Internet.

Cette maîtrise a beaucoup compté dans son recrutement par la fac… presque par hasard. C’est en venant voir l’un de ses étudiants, en stage dans la pharmacie de Sandra, que le professeur chapeautant la filière officine a fait sa connaissance, lui qui cherchait une préparatrice pour donner des cours. Après avoir bien discuté, il lui a lancé le défi de venir enseigner à La Timone. « J’ai accompli un gros boulot pour le commentaire d’ordonnance, ça leur a plu. Je leur propose du concret car les étudiants de sixième année ne sont pas toujours prêts à être au comptoir. Il faut apprendre à approcher le patient, savoir quand lui tendre la main ». Après avoir corrigé les examens en avril, la prochaine étape est l’aménagement dans la fac d’une chambre à malade. MAD woman ne se repose jamais !

Sandra Canton

Âge : 37 ans.

Formation : CAP + mention complémentaire, deux années de BP, CQP dermo-cosmétique.

Lieu d’exercice : Marseille (13).

Ce qui la motive : ouvrir des petites boîtes pour y découvrir de nouvelles choses.

Si vous étiez une titulaire ?

Je serais assez exigeante avec mon équipe et je miserais beaucoup sur son éducation, sa formation.

Si vous étiez une cliente ?

Je serais respectueuse de la personne en face de moi et j’en attendrais des conseils et des explications sur mon traitement.

Si vous étiez un médicament ?

Je serais une petite canne auprès des patients, une présence à leurs côtés, un appui solide.

Pourrez-vous respecter la minute de silence en mémoire de votre consœur de Guyane le samedi 20 avril ?


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