“Je voudrais soulager mes douleurs d’arthrose” - Porphyre n° 533 du 29/05/2017 - Revues
 
Porphyre n° 533 du 29/05/2017
 

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Au comptoir

Auteur(s) : Nathalie Belin

1 Je questionne

Préciser la demande

« Où avez-vous mal ? Au genou, à la hanche, aux doigts… ? » et « La douleur est-elle plus importante que d’habitude ? » déterminent la poussée douloureuse d’arthrose et la localisation. « Avez-vous consulté ? », « Que vous a-t-on dit et prescrit ? » vérifie le diagnostic et fait le point sur les traitements : de fond, antalgiques…

Rechercher certains critères

« Prenez-vous des médicaments pour le diabète, le sang, le cholestérol ou l’asthme ? », « Êtes-vous allergique aux crustacés ? » pistent des contre-indications à certains anti-arthrosiques d’action lente. « Supportez-vous les anti-inflammatoires et l’aspirine ? » vérifie l’absence d’allergie ou d’antécédent d’ulcère gastro-duodénal afin de conseiller certaines plantes.

2 J’évalue

Les douleurs arthrosiques nécessitent plusieurs mesures pour être soulagées : anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), infiltrations d’acide hyaluronique, de corticoïdes, orthèses… Un diagnostic et un suivi sont indispensables pour évaluer l’évolution de la maladie et l’efficacité du traitement. En parallèle, une automédication peut être proposée : des anti-arthrosiques d’action lente, s’ils n’ont pas été prescrits, éventuellement associés à des plantes ou à d’autres antioxydants, et des anti-inflammatoires pour aider à réduire la douleur.

3 Je passe en revue

Anti-arthrosiques symptomatiques d’action lente (AASAL)

Le sulfate ou chlorhydrate de glucosamine à 1 500 mg et le sulfate de chondroïtine à 1 200 mg sont les anti-arthrosiques symptomatiques d’action lente (AASAL) les plus étudiés. Constituants du cartilage, ils stimulent in vitro la synthèse de protéoglycanes qui forment la matrice cartilagineuse et protègent des radicaux libres. Ils peuvent aider à soulager l’arthrose de la hanche, du genou et des doigts, mais pas du dos, en limitant les poussées douloureuses sur le long terme. L’association glucosamine + chondroïtine apporte selon des études un meilleur soulagement. Ces actions sont cependant modestes, d’où leur déremboursement.

• Glucosamine. Chlorhydrate : Structoflex, Voltaflex, Flexea 750 mg/cp ou gél. Sulfate : Dolenio, Osaflexan cp ou sachet 1 500 mg. Effets indésirables : troubles digestifs, céphalées, fatigue, réactions cutanées, saignements et augmentation de l’INR avec les AVK, perturbations de la glycémie chez le diabétique, exacerbation possible de l’asthme, hypercholestérolémie. Contre-indications : allergie aux crustacés. Utiliser avec prudence sous anticoagulant, diabète, asthme, risque cardio-vasculaire.

• Chondroïtine sulfate : Chondrosulf 400 mg, Structum 500 mg. Effets indésirables : troubles digestifs, rares réactions allergiques. Précautions : avec les AVK.

• Insaponifiables d’avocat et de soja (Piasclédine…) : ils stimuleraient la synthèse du collagène du cartilage. Effets indésirables : troubles digestifs, régurgitations à odeur lipidique, rare hypersensibilité.

Plantes en usage traditionnel

L’ortie, l’extrait sec d’harpagophyton (300 mg par jour au moins) et du cassis dès 170 mg inhibent prostaglandines et/ou médiateurs inflammatoires. Leur action est progressive et plutôt dans les douleurs chroniques. Par prudence, pas d’harpagophyton en cas d’ulcère gastroduodénal. Les dérivés salicylés de la reine-des-prés et du saule agissent plus vite mais sont contre-indiqués en cas d’allergie à l’aspirine et d’antécédents d’ulcère.

Des plantes riches en antioxydants ont un intérêt pour soulager des douleurs articulaires : extrait de raisin et propolis (Neogil) dans les douleurs chroniques, curcumine du curcuma et extrait de mangoustan, dans les aiguës. Précautions : pas de propolis en cas d’allergie aux piqûres d’abeille et de curcumine avec les AVK.

Autres

• Vitamines et minéraux. Manganèse, zinc, vitamine C et cuivre, anti-oxydant, aident à réduire l’inflammation et à renforcer l’os et ses tissus de soutien.

• Oméga 3 issus de poissons. EPA, DHA(1) (Phytalgic, Novalgic Triple action…) : intérêt mal évalué. Précautions : risque d’augmenter l’effet d’un anticoagulant.

• Collagène (Chondro-Aid Arkoflex Collagène+…). Il soulage les douleurs selon certaines études, sous forme biodisponible, type hydrolysat, et à 10 g par jour.

• Soufre organique. Essais cliniques encourageants à 1,5 g par jour de méthyl-sulfonyl-méthane (MSM).

• Acide hyaluronique. Ce constituant du cartilage pourrait avoir un intérêt à 50 mg par jour selon certaines études.

4 Je choisis

En fonction du patient

• Sous anticoagulants : éviter oméga 3 et, sous AVK, glucosamine et curcumine.

• Diabète, asthme ou risque cardio-vasculaire : surveillance sous glucosamine.

Selon la douleur

• Modérée : AASAL. Si insuffisant, ajouter oméga 3, harpagophyton, cassis…

• Importante : association glucosamine/ chondroïtine + plantes +/- oméga 3.

5 J’explique

L’action des AASAL est retardée, de quatre à six semaines. Sans efficacité après trois mois, essayer une autre référence car les associations plantes/AASAL ont des compositions très variables.

6 Je conseille

Utilisation

Prendre les AASAL aux repas en cure de quatre à six mois, puis arrêt six à huit semai-nes du fait de l’effet rémanent. Prendre les plantes aux repas pour limiter les troubles digestifs. Éviter le cumul d’antioxydants (oméga 3, zinc, cuivre…) car leur tolérance à forte dose et au long cours est mal connue.

Hygiène de vie

• Maigrir. Tout excès de poids favorise l’arthrose et aggrave son évolution.

• Une activité physique en dehors des poussées est bénéfique. Le liquide articulaire circule mieux et un muscle tonique absorbe mieux les contraintes.

• Mettre l’articulation au repos lors des poussées et recourir aux aides à la marche (canne…) pour la soulager.

(1) Acides eicosapentaénoïque (EPA) et docosa-hexaénoïque (DHA), acides gras polyinsaturés.

Le condiv

→ L’arthrose se caractérise par une dégénération progressive du cartilage, associée à des lésions osseuses et à une inflammation de la membrane synoviale. Les articulations les plus touchées sont le genou, la hanche et les doigts.

→ Typiquement, la douleur arthrosique apparaît lors d’efforts et est calmée par le repos. Elle est accentuée lors de poussées inflammatoires, au cours desquelles elle persiste même au repos. Elle s’accompagne d’un enraidissement progressif de l’articulation, puis de déformations articulaires.

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