« Je voudrais soulager mon rhume des foins ! » - Porphyre n° 532 du 02/05/2017 - Revues
 
Porphyre n° 532 du 02/05/2017
 

Exercer

Au comptoir

Auteur(s) : Nathalie Belin

1 Je questionne

Préciser la demande

« Quels sont vos symptômes exactement ? Votre nez coule ? Est bouché ? Vos yeux piquent ou coulent ? » et « Avez-vous de la fièvre ? » précisent les signes et le diagnostic différentiel de rhinopharyngite.

Rechercher certains critères

« Est-ce la première fois que cela vous arrive ? » et « Avez-vous déjà consulté un médecin ? » établissent la notion de récidive lors des périodes de pollinisation et vérifient qu’un diagnostic a été posé. Si les réponses sont oui à « Êtes-vous asthmatique ? » et « La gêne respiratoire est-elle importante ? », un avis médical s’impose.

Choisir l’automédication

« Avez-vous pris quelque chose pour vous soulager ? » et, selon le cas, « Êtes-vous enceinte ? » orientent le choix du produit.

2 J’évalue

Les symptômes du rhume des foins peuvent relever d’une prise en charge initiale à l’officine. Recommander un avis médical si le diagnostic n’a jamais été posé et/ou si l’automédication ne soulage pas assez. Consulter doit être systématique chez l’enfant, en cas d’asthme ou de gêne respiratoire importante. En cas de doute sur le diagnostic (rhinopharyngite, rhinite chronique…), un « autotest » dosant les IgE totales sur une goutte de sang peut être proposé aux adultes : Alere Allergie Home Test, Mylan MyTest Allergie… En sachant que certains patients non allergiques ont un dosage élevé en IgE et que, inversement, il est bas chez certains allergiques.

3 Je passe en revue

Anti-H1 oraux

• Cétirizine, loratadine. Ils bloquent l’action de l’histamine, qui déclenche la réaction inflammatoire. Traitements de référence, ils sont efficaces sur les symptômes nasaux et oculaires. Effet indésirable : possible somnolence mais rare avec la loratadine. À savoir. Les anti-H1 de première génération (Polaramine, Phenergan…) ne sont pas recommandés en raison du risque de somnolence et d’effets anticholinergiques : constipation, rétention urinaire… La pseudoéphédrine (vasoconstricteur local dans Actifed Rhinite Allergique…) n’est pas justifiée pour soulager l’obstruction nasale en raison du risque de poussées hypertensives, de rétention urinaire… ; dans cette situation, un corticoïde local est efficace.

Par voie nasale

• Les cromones. Elles inhibent la dégranulation des mastocytes et la libération des médiateurs de l’inflammation. Efficacité moindre que les anti-H1 et les corticoïdes locaux. Bien tolérées, elles peuvent être utilisées au long cours.

• Corticoïdes locaux (béclométasone). Anti-inflammatoires puissants, ils sont le traitement le plus efficace sur les symptômes nasaux et sont actifs sur ceux oculaires. Effets indésirables : picotements, sécheresse nasale, rare épistaxis.

• Autres. Sprays d’action mécanique : ils déposent un film protecteur sur la muqueuse nasale qui réduit le contact avec les allergènes. Par prudence, ne pas associer à un autre traitement local, au risque de diminuer son efficacité. Resvératol : anti-inflammatoire naturel d’origine végétale. Des études chez des enfants ont montré une réduction des symptômes de l’allergie et du recours aux anti-H1 oraux. Huiles essentielles : antihistaminiques et anti-inflammatoires pour estragon et basilic tropical, ainsi que matricaire en cas de crise ou camomille romaine en traitement de fond. Un avis médical est nécessaire en cas d’asthme, d’antécédents de convulsions et avant 12 ans. Ne pas utiliser durant la grossesse.

En collyre

• Anti-H1 (lévocabastine dans Allergiflash…) : action rapide, utiles en traitement d’attaque pour calmer les symptômes.

• Cromones (Humex Collyre conjonctivite allergique, Naabak, Ophtacalm, Ophtacalmfree, Opticron…) : surtout utiles en prévention ou au tout début de la gêne oculaire, ou en relais de l’anti-H1.

4 Je choisis

Selon la gêne

• Symptômes légers et/ou débutants : cromones en spray nasal et collyre si besoin et/ou spray de resvératrol +/- spray d’action mécanique +/- anti-H1 oral.

• Symptômes gênants : anti-H1 oral + corticoïde nasal +/- anti-H1 collyre.

En fonction du patient

• Grossesse : traitement local, collyre ou spray nasal, y compris béclométasone si nécessaire. Un anti-H1 oral, cétirizine ou loratadine, peut si besoin être utilisé.

• Enfant : anti-H1 (dès 6 ans pour la cétirizine sécable) + spray nasal cromones ou resvératrol +/- spray nasal d’action mécanique, en attendant un avis médical.

• Recherche d’un produit naturel : spray nasal au resvératrol ou d’action mécanique et/ou huiles essentielles.

5 J’explique

Le traitement n’est que symptomatique mais il doit apporter une amélioration rapide, dans les 24 à 48 heures, surtout sous anti-H1 oral. Sinon, un avis médical est indispensable.

Après une à deux semaines d’automédication, si les symptômes sont toujours présents, mieux vaut un avis médical pour adapter si besoin le traitement.

Si un bilan allergologique est prévu (tests cutanés), arrêter tout traitement antihistaminique oral ou local au moins cinq jours avant pour ne pas fausser les résultats.

6 Je conseille

Lavages de nez et des yeux

Les lavages de nez (eau de mer isotonique ou hypertonique en cas de congestion nasale, éventuellement enrichie en manganèse, indiqué en cas de terrain allergique), et, en cas de conjonctivite, les lavages oculaires (Dacudoses, Dacryum, Ophtaxia…) aident à éliminer les allergènes. Ils sont à conseiller systématiquement pour améliorer le confort et l’efficacité des traitements locaux. À réaliser juste avant ces derniers.

Administration

• Cromones : plus efficaces en les démarrant à l’apparition des symptômes.

• Corticoïdes locaux : efficacité optimale après deux à trois jours. Un anti-H1 permet en attendant de soulager la gêne. Ne pas l’arrêter trop tôt. En automédication, il peut être poursuivi durant quatre à six semaines. L’interrompre en cas de poussée d’herpès labial. Pour éviter un saignement de nez, pulvériser du côté opposé à la cloison nasale, qui est très vascularisée.

• Collyres : orienter vers des formules sans conservateurs, surtout en cas de prise au long cours (cromones par exemple).

• Sprays d’action mécanique : loin des autres traitements par voie nasale.

• Huiles essentielles : pas plus d’une semaine de prise continue par voie orale.

Prévention

Éviter de sortir quand la concentration en pollens dans l’air est élevée : milieu de journée, présence de vent. Aérer la maison tard le soir en l’absence de vent. En voiture, fermer les vitres et les entrées d’air (climatisation, ventilation…). Après une balade, changer ses vêtements et se doucher, cheveux compris.

Le condiv

La rhinoconjonctivite allergique saisonnière, ou rhume des foins, est liée à une inflammation d’origine allergique de la muqueuse naso-sinusienne déclenchée par l’inhalation de pollens (arbres, graminées, etc.).

→ Signes cliniques : éternuements, rhinorrhée claire et congestion nasale plus ou moins importante. Il peut y avoir un prurit nasal, parfois des céphalées et des troubles transitoires de l’odorat, des symptômes oculaires (prurit, larmoiements), une toux et une dyspnée. Ces symptômes peuvent entraîner des troubles du sommeil et une gêne dans les activités. Environ 20 % des patients atteints de rhinite allergique font des crises d’asthme.

→ Évolution : le plus souvent favorable. Les symptômes diminuent au cours de la vie chez environ un patient sur deux, voire disparaissent.

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