Exercer
Les mots pour…
Auteur(s) : Lydia Pouga
Répondre aux objections de la vaccination.
À vous d’entendre les craintes, de réexpliquer les grands principes et de combattre les idées reçues par une argumentation juste et précise.
L’adhésion des Français à la vaccination repart à la hausse
→ Pour les adolescents/adultes : les couvertures vaccinales continuent à diminuer avec l’âge, en partie par négligence. 20 % des adultes ignorent « où ils en sont ».
→ Pour certains vaccins : les réticences sont ciblées. Sur le vaccin contre le papillomavirus, avec moins de 20 % de couverture chez les jeunes filles par crainte d’effets indésirables auto-immuns, et la grippe saisonnière, avec moins de 50 % chez les sujets à risque. Son « intérêt » a été remis en cause depuis l’épisode AH1N1.
Seuls 2 % des personnes interrogées
40 % des Français ignoreraient le principe de la vaccination
Utiliser un langage compréhensible par tous : « Le vaccin mime l’entrée dans l’organisme d’une bactérie ou d’un virus mais, comme ils ne sont plus virulents, ils entraînent la production de défenses immunitaires sans transmettre la maladie. En cas de contact futur avec les maladies correspondantes, le corps peut se défendre rapidement et efficacement. »
Vacciner, c’est se protéger soi-même de maladies infectieuses parfois graves, mais aussi les autres, en particulier les personnes fragiles. Moins la maladie circule, moins elles risquent de l’attraper : « Si le taux de vaccination est suffisant, on peut même éradiquer une maladie. Ça a été le cas de la variole, qui tuait cinq millions de personnes par an dans le monde avant ! »
Les vaccins contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite sont obligatoires en France. On pourrait rappeler que tout refus expose à une amende, voire à une peine de prison, mais c’est peu le cas en réalité. Menacer pour convaincre ne porte guère ses fruits. Mieux vaut insister sur les succès de la politique française : « Ces maladies graves existent toujours mais sont très rares aujourd’hui dans notre pays grâce à cette politique vaccinale. »
Certains l’expriment, d’autres hésitent à montrer leurs réticences. Soyez attentif aux signes qui les révèlent : « Je prendrai le vaccin plus tard », « Je ne suis pas en forme, je verrai ça une autre fois », moue boudeuse, froncement des sourcils…
L’objectif est de faire exprimer les craintes, les raisons, fondées ou non, pour y répondre. Aux attaques vindicatives (« Le médecin l’a mis, c’est qu’il faut le faire »), préférer une question ouverte : « Quelque chose vous gêne avec ce vaccin ? », « Vous semblez craindre de vous faire vacciner, pouvez-vous me dire pourquoi ? »…
Déformé, amplifié par le bouche à oreille, le risque d’effets indésirables des vaccins est le frein principal. C’est une réaction naturelle à entendre avant de recadrer. Prendre un risque immédiat pour d’éventuels bienfaits à long terme n’est pas évident…
Rappeler le statut de médicament : « Oui, en effet, comme tout médicament, les vaccins comportent un risque d’effets indésirables. »
La balance bénéfices/risques est largement en faveur du vaccin. La notion, non familière du grand public, s’explique par des exemples : « Les pneumocoques sont responsables de méningites et autres infections graves, qui peuvent être mortelles dans 30 % des cas chez les enfants. Le vaccin expose surtout à un risque éventuel de fièvre et de rougeur localisée durant 24 à 48 heures. Il n’y a pas photo ! » Apportez des éléments scientifiques (voir encadré) !
Certains patients documentés les abordent, mieux vaut se préparer à répondre. Gardez une ligne directrice scientifique.
→ « Les sels d’aluminium auraient de graves effets ? « . Expliquer leur intérêt (« Ce sont des adjuvants utilisés depuis plus de soixante ans dans certains vaccins pour accroître leur efficacité »), rassurer (« Aucune donnée scientifique ne permet à ce jour de prouver leur implication dans la survenue de troubles neurologiques »), cautionner (« Le Haut Conseil de la santé publique estime qu’il n’y a aucune raison de remettre en cause ces vaccins »
→ « Les vaccins sont responsables d’autisme… » Le lien entre autisme et vaccins a été établi par un seul médecin britannique, Andrew Wakefield, dont les travaux ont depuis été reconnus par la communauté scientifique comme frauduleux et falsifiés. « Cette idée reçue a malheureusement diminué la vaccination anti-rougeole dans les pays anglo-saxons, avec une hausse des décès liés à cette maladie. »
→ « … ou de sclérose en plaques ». Aucune étude n’a pu montrer qu’il y avait plus de cas chez les personnes vaccinées contre l’hépatite B ou les papillomavirus par rapport à des personnes non vaccinées
Parfois, le patient s’en remet à vous : « Avez-vous fait vacciner vos enfants ? »
→ Vous êtes pro-vaccination : à vous de choisir de livrer ou non votre expérience mais éviter le prosélytisme « blouse blanche » (« Moi, je sais qu’il faut le faire »), qui ne donne pas de clés rationnelles à la décision. Ajoutez un argument fort et juste : « Il y a eu des cas de rougeole dans la région, cela nous rappelle l’intérêt du vaccin », « Je me protège et je protège mes patients les plus fragiles. Vous-même vivez avec vos parents, non ? »
→ Vous êtes réticent/négligent. Seuls 46 % des professionnels de santé se sont vaccinés contre la grippe cet hiver.
Revers de la médaille d’une mission vaccinale bien remplie, l’intérêt des vaccins est remis en cause. Rappelez : « Ces maladies ont pratiquement disparu en France parce que la population est massivement vaccinée. Si la couverture diminue, elles reviendront. Elles existent d’ailleurs encore ailleurs dans le monde. »
En Allemagne, certains parents ont tenté d’immuniser leurs enfants en organisant des réunions entre enfants rougeoleux et enfants sains. Une idée à réfuter : « Le vaccin entraîne la même réponse immunitaire, mais sans induire la maladie. Il protège en évitant le risque de séquelles parfois graves liées à la maladie. »
La vie quotidienne, l’alimentation ou un rhume exposent à un nombre d’antigènes bien supérieur à ceux contenus dans les vaccins : « Même polyvalent, il n’y a aucun risque d’effet néfaste ou de surcharge du système immunitaire de votre bébé. »
Le vaccin est un médicament indispensable loin d’être le plus rentable pour l’industrie pharmaceutique : « C’est un médicament long et compliqué à fabriquer, dont 50 à 70 % du temps de production sont consacrés aux contrôles qualité. »
Ce double statut est une originalité française qui trouble les pistes. Pour argumenter : « Le statut d’obligation n’est pas en rapport avec la dangerosité de la maladie. D’ailleurs, le comité d’orientation de la Concertation citoyenne sur la vaccination a récemment proposé de rendre les onze vaccinations obligatoires. » À noter : nombre d’objections sont traitées dans les publications de l’OMS ou de l’Inpes.
Préparez un document à remettre avec quelques sources fiables.
→ Le site institutionnel www.vaccination-info-service.fr donne l’info validée sur les vaccins, maladies, aspects pratiques.
→ Le site inpes.santepubliquefrance.fr et ses brochures à télécharger au sein de l’espace vaccination.
→ Le sitemesvaccins.net propose un carnet de vaccination électronique, un point sur les vaccinations individuelles…
(1) Baromètre santé 2014, Inpes.
(2) Guide des vaccinations, Inpes 2012.
(3) Aluminium et vaccins, avis et rapports, Haut Conseil de la santé publique, 2013.
(4) Julie Leask, 2011, Target the fence-sitters, Nature, 473, 443-445.
(5) Étude de l’ANSM et l’Assurance maladie : http://bit.ly/2ndtjPG
(6) Enquête 2017, cabinet conseil FSNB Health & Care.
• Diphtérie : 50 % de mortalité. • Tétanos : 30 % de mortalité chez les plus de 60 ans. • Poliomyélite : 20 à 40 % de séquelles neuro-musculaires. • Coqueluche : 3 % de mortalité et 0,7 % de séquelles neurologiques chez le nourrisson. • Haemophilus influenzae de type b : avant la vaccination, première cause de méningite, avec une mortalité de 5 %. Sans traitement, la maladie est mortelle dans 100 % des cas. • Pneumocoque : jusqu’à 30 % de mortalité et 15 % de surdité chez l’enfant. • Hépatite B : 10 % d’évolution vers une infection chronique avec risque de cirrhose et de cancer du foie. • Rougeole : 1 à 3 % de complications graves, 0,2 à 0,5 % de mortalité. • Oreillons : 1 % d’encéphalite, avec 1 à 5 % de décès dans ce cas. • Rubéole : chez la femme enceinte infectée, risque de transmission au fœtus de 90 %, avec risque de malformations graves. • Grippe : 0,2 % de morts, dont 90 % sont des personnes âgées et 5 % des femmes enceintes. • Papillomavirus : plus de 99 % des cancers du col de l’utérus sont liés à une infection chronique à papillomavirus.
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