Un manifeste contre un fléau

Difficile de concilier dénutrition et riche société occidentale. Pourtant, cet état toucherait de 20 à 40 % des patients hospitalisés. Un collectif de soignants, patients, politiques et économistes a pris la parole pour dénoncer ce fléau. Il a formulé dix propositions et invite à signer une pétition(1) car, comme le souligne son fondateur, le Dr Éric Fontaine, président de la Société francophone de nutrition clinique et métabolisme (SFNEP), au CHU de Grenoble (38), « maigrir, c’est mourir ». Ce que ne contredit pas le Dr David Seguy, responsable du service nutrition de l’hôpital Huriez à Lille (59). Cité par La Voix du Nord, il explique que cette pathologie, causée par un apport trop faible en calories et nutriments essentiels, touche « 10 % des enfants et près d’une personne âgée sur deux qui arrive aux urgences ». La dénutrition est une perte de chance car une sous-alimentation peut « compliquer une pathologie préexistante » et aggraver une santé chancelante, notamment en ouvrant la porte à des infections nosocomiales. Les pratiques actuelles, inadaptées, engendrent des coûts estimés à 20 milliards d’euros. Le collectif propose de « nourrir correctement 100 % des malades » en bloquant le forfait journalier à 6 €, loin des 3,73 € par jour pour les repas, et d’augmenter le personnel de gériatrie car « on ne peut pas nourrir en cinq minutes quelqu’un qui ne mange pas », pointe Éric Fontaine. Une consultation dentaire bien remboursée à la retraite et des professionnels mieux formés sont également suggérés.