Pourquoi informer sur les directives anticipées ? - Porphyre n° 528 du 06/12/2016 - Revues
 
Porphyre n° 528 du 06/12/2016
 

S’informer

Décryptage

Auteur(s) : Thierry Pennable

La Haute Autorité de santé incite les professionnels de santé à sensibiliser le grand public à la rédaction de directives anticipées pour exprimer ses volontés au cas où un jour cela ne serait plus possible. Et propose une fiche pour le grand public.

De quoi s’agit-il ?

Les directives anticipées permettent à toute personne majeure de formuler ses choix concernant les soins qui lui seront prodigués si elle n’est plus capable d’exprimer sa volonté. Ces directives permettent d’énoncer des souhaits sur la poursuite ou l’arrêt d’une réanimation ou d’autres traitements ou actes médicaux, sur le maintien artificiel des fonctions vitales ou le refus d’un endormissement profond et permanent jusqu’à la mort (voir Le point sur, Porphyre n° 527). Elles portent également sur d’autres attentes comme la volonté de finir sa vie à domicile ou des souhaits inhérents à ses convictions religieuses.

Comment fonctionnent-elles ?

Toute personne majeure, qu’elle soit en bonne santé, atteinte d’une maladie grave ou en fin de vie, peut rédiger des directives anticipées. Elles ne seront utilisées que si elle devient incapable de communiquer et d’exprimer sa volonté, par exemple lors d’un état d’inconscience prolongé et jugé définitif. Ces directives sont valables sans limite de temps mais peuvent être modifiées ou annulées à tout moment.

Pourquoi aborder ce sujet ?

« Dans le cadre des soins palliatifs, il est nécessaire de pouvoir anticiper ce qui peut arriver, rappelle le Dr Vincent Morel, responsable de l’équipe mobile de soins palliatifs du CHU de Rennes (35). Lors des débats publics préalables à la rédaction des lois et des plans relatifs aux soins palliatifs, les patients ont fait savoir qu’ils n’étaient pas suffisamment entendus. Ils ont notamment exprimé leur refus de l’acharnement thérapeutique et leur souhait que leur confort soit assuré. De leur côté, les professionnels de santé ont soulevé l’importance de disposer des volontés du patient dans les situations où celui-ci ne peut plus s’exprimer ». C’est pour répondre à ce besoin partagé de connaître et de faire connaître les volontés du patient qui ne peut plus parler que les autorités sanitaires ont choisi de communiquer sur les directives anticipées. Pour éviter également que la loi de 2016 sur les droits des malades et des personnes en fin de vie ne reste aussi méconnue que la loi Leonetti de 2005.

Qui va en parler ?

La Haute Autorité de santé a édité deux guides d’aide à la rédaction des directives anticipées(1), l’un destiné aux professionnels de santé en avril 2016 et l’autre au grand public en octobre 2016. Ainsi que des modèles de formulaires pour les personnes déjà gravement malades et pour celles qui pensent être en bonne santé au moment de la rédaction (octobre 2016). La publication de ces outils s’accompagne d’une campagne d’information sur les droits des patients en fin de vie destinée aux professionnels de santé en décembre 2016 et d’une autre à destination du grand public prévue pour février 2017. La HAS sollicite également « tout professionnel de santé [qui], en fonction de son niveau de compétence, est tenu de délivrer une information au patient ou de le réorienter vers le médecin s’il ne peut répondre lui-même ».

Comment en discuter ?

« Il s’agit de délivrer un message simple », explique le Dr Morel, pas de se projeter vers des soins spécialisés dans des situations complexes. « La proposition principale étant, si un jour vous avez peur de ne pas être écouté parce que vous ne serez plus conscient, sachez que vous pouvez rédiger des directives anticipées et que vos souhaits seront respectés ». Il ne s’agit pas non plus de rentrer dans l’écriture des directives, mais de donner un premier niveau d’information. Lorsque des questions plus précises ou plus spécialisées se posent, chaque professionnel peut orienter vers les documents mis à disposition par la HAS ou vers le médecin traitant.

Quand le faire ?

Il s’agit surtout d’être disponible pour guider les personnes sensibilisées aux directives anticipées et qui vont poser des questions. Pour ceux qui veulent aller plus loin, le guide de la HAS destiné aux professionnels(1) présente les situations dans lesquelles le sujet des directives peut être abordé.

(1) Les guides et modèles de la HAS sont disponibles sur le site www.has-sante.fr > Outils, guides & méthodes > Parcours de santé > Organiser les parcours.

NOS EXPERTS INTERROGÉS

→ Dr Vincent Morel, président de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (SFAP) de 2012 à 2015, responsable de l’équipe mobile de soins palliatifs du CHU de Rennes.

→ Dr Marie-Hélène Rodde-Dunet, chef de service de l’évaluation de la pertinence des soins et améliorations des pratiques et des parcours à la Haute Autorité de santé (HAS), et Dr Caroline Latapy, chef de projet au sein de ce service.

Repères

→ 2005. Les directives anticipées sont inscrites dans la loi du 22 avril 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie, dite loi Leonetti.

→ 2012. Seuls 2,5 % des personnes décédées cette année-là avaient rédigé des directives anticipées.

→ 2016. La loi du 2 février, dite loi Claeys-Leonetti, crée de nouveaux droits en faveur des malades et des personnes en fin de vie et renforce la portée des directives anticipées.

Pourrez-vous respecter la minute de silence en mémoire de votre consœur de Guyane le samedi 20 avril ?


Décryptage

NOS FORMATIONS

1Healthformation propose un catalogue de formations en e-learning sur une quinzaine de thématiques liées à la pratique officinale. Certains modules permettent de valider l'obligation de DPC.

Les médicaments à délivrance particulière

Pour délivrer en toute sécurité

Le Pack

Moniteur Expert

Vous avez des questions ?
Des experts vous répondent !