“J’ai les jambes lourdes” - Porphyre n° 526 du 27/09/2016 - Revues
 
Porphyre n° 526 du 27/09/2016
 

Exercer

Au comptoir

Auteur(s) : Nathalie Belin

1 Je questionne

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« Que ressentez-vous exactement ? » et « Pouvez-vous me montrer vos jambes ? » permettent de vérifier qu’il n’y a pas de signes d’alerte.

Recherchez certains critères

« Est-ce la première fois ? », « Portez-vous déjà des bas ? » et « Avez-vous pris quelque chose pour vous soulager ? » orientent le conseil.

« Êtes-vous suivi (e) pour une pathologie particulière ? » et selon le cas « Êtes-vous enceinte ? » cernent les conseils associés.

2 J’évalue

Les sensations de jambes lourdes sont le plus souvent bénignes. En plus de mesures d’hygiène de vie, le conseil d’un veinotonique et/ou d’une compression veineuse est du ressort officinal pour soulager. La compression est recommandée lors de la grossesse(1). œdème et/ou rougeur, chaleur et douleur, signes évoquant une thrombose veineuse, nécessitent de consulter en urgence. Un avis ou un suivi médical est nécessaire si : varices, artériopathies ou antécédents de phlébite, port d’une compression médicale, traitements pouvant entraîner douleurs dans les jambes ou œdèmes (tamoxifène, certains anticancéreux dont hormones, statines, inhibiteurs calciques…).

Je passe en revue

Veinotoniques

• Par voie orale. Les flavonoïdes ou citroflavonoïdes, les antioxydants de synthèse ou issus de plantes contribuent à renforcer la contractilité des veines et sont anti-inflammatoires. Exemples : rutine, diosmine, hespéridine, troxérutine, oligo-proanthocyanidines (OPC), vigne rouge, marronnier d’Inde, hamamélis, mélilot, petit houx, extraits d’écorce de pin des Landes (Pycnogénol)… L’heptaminol dans Ginkor Fort, associé à la troxérutine et au ginkgo biloba, vasorégulateur, est un cardiotonique qui favorise le retour veineux. Qu’en attendre ? Leur action, symptomatique, est d’efficacité modeste. Ils améliorent parfois les sensations de lourdeur et de douleur et limitent l’œdème orthostatique. Précautions : l’heptaminol peut augmenter la tension artérielle. Ginkgo biloba et mélilot potentialisent l’action des anticoagulants. Ne pas utiliser la reine-des-prés (dans Veinoflux…) en cas d’allergie aux salicylés. Ne pas associer médicaments ou compléments alimentaires entre eux. Diosmine, troxérutine, hespéridine et rutoside sont, utilisables lors de la grossesse(2).

• En application locale. Les veinotoniques en crème ou gel à effet frais immédiat (le menthol y contribue) soulagent ponctuellemnt, y compris lors de la grossesse, sauf indication contraire du fabricant.

Compression veineuse

« Traitement » de référence de l’insuffisance veineuse, la compression augmente le débit sanguin, améliore l’efficacité de la pompe musculaire du mollet lors de la marche et est anti-œdémateuse. Elle est utile dès les premiers signes de la maladie veineuse pour son action « antalgique ».

• Principe. Il existe quatre classes de compression selon la force de pression exercée à la cheville et dégressive jusqu’à la cuisse : classe 1 (10-15 mmHg), 2 (15 -20 mmHg), 3 (20-36 mmHg) et 4 (> 36 mmHg).

• Indications. La force s’adapte au degré d’insuffisance veineuse. Une classe 2 au moins est indiquée au stade de varice. Les bas de compression inférieure n’ont pas montré d’efficacité(1).

• À l’officine : les classes 1 et 2 peuvent relever du conseil. Les articles de classe 1 améliorent le retour veineux et soulagent l’inconfort. Ils ne sont pas plus « esthétiques » qu’une classe 2 – il y a même moins de choix – mais sont un peu plus faciles à enfiler. Une classe 2 au moins est recommandée lors de la grossesse du fait de l’augmentation du risque thromboembolique jusqu’à six semaines après l’accouchement (six mois en cas de césarienne) ou lors d’un trajet en avion de plus de sept heures ou dès trois à quatre heures de vol si d’autres facteurs de risque sont associés : grossesse, antécédents de thrombose veineuse, varices, contraception estroprogestative…

• Contre-indications : artériopathie évoluée des membres inférieurs, microangiopathie diabétique évoluée.

• Les gammes « confort », « bien-être » ou « maintien » assurent une pression dégressive très inférieure à une classe 1. Elles procurent au mieux un bien-être. Les « sportives », aussi de confort, ne doivent pas remplacer une compression médicale.

4 Je choisis

Selon les symptômes

• Légers et peu gênants (pesanteur le soir…) : veinotoniques oraux et éventuellement locaux ; compression de classe 1.

• Invalidants (jambes douloureuses, œdème vespéral) : compression de classe 2 +/- veinotonique oral, voire local en plus.

• Facteurs de risque de maladie veineuse (hérédité, travail debout ou assis prolongé…), sans signes particuliers : compression de classe 1 ou 2, voire de confort.

Selon le condiv

• Grossesse : compression de classe 2 au moins +/- veinotoniques (voir ci-contre).

• Voyage en avion : compression de classe 2 dans certains cas (voir ci-contre).

• Patient portant déjà une compression : veinotonique oral pour soulager, notamment l’été, en attendant de refaire si besoin un point avec le médecin.

5 J’explique

La sensation de jambes lourdes résulte d’une stase (stagnation) veineuse, le plus souvent chronique, qu’il est possible de limiter par une certaine hygiène de vie. Porter un article de compression est préconisé à tous les stades pour restreindre les symptômes, y compris l’été.

Les veinotoniques ne sont que symptomatiques. Ils ne remplacent en aucun cas la compression médicale (ils sont moins efficaces !), notamment si elle est recommandée : varices, grossesse…

6 Je conseille

Veinotoniques

• Voie orale : cure de deux à trois mois ou vingt jours par mois. L’action est progressive sur quelques semaines.

• Voie locale : des massages légers circulaires de crème de la cheville vers le haut de la cuisse stimulent la microcirculation locale. Attendre 20 minutes avant d’enfiler une compression pour ne pas détériorer les fibres. Les gels pénètrent plus vite.

Compression veineuse

• Type d’article : aucune différence d’efficacité entre collants, bas ou chaussettes, à choisir selon les goûts/besoins. Attention, le haut d’une chaussette ou d’un bas ne doit pas comprimer une varice. Lors de la grossesse, choisir un collant de taille réglable : Varisma Comfort opaque, Radiante Microvoile ou Qoton, Venoflex Kokoon, Sigvaris Diaphane ou Opalis…

• Matière et facilité d’enfilage conditionnent confort, esthétisme et observance.

→ Port d’un premier article de compression : préférer la microfibre douce et souple et/ou les articles faciles à enfiler. Exemples : Varisma Douceur, Radiante Microvoile ou Sensation, Sigvaris Diaphane, chaussettes Venoflex Fast, Varisan Diva ou Ethéré…

→ En été : mailles en polyamide-élasthanne fines et transparentes. Exemples : Varisma Veinus, Radiante Voile Invisible, Venoflex Incognito Absolu, Sigvaris Divin éclat, Varisan Diva… Le lin apporte une sensation de fraîcheur et permet à l’humidité de vite s’évaporer : chaussettes Venoflex Fast Lin, Sigvaris Origin Lin… Bas et mi-bas avec technologie BasFix de Radiante suppriment l’effet garrot.

→ En automne-hiver : mailles semi-opaques ou opaques (Radiante Microvoile ou Sensation, Varisma Comfort opaque, Venoflex Kokoon, Sigvaris Diaphane, Varisan Ethéré…) ou côtelées (Varisma Zen, Venoflex Simply coton fin…) avec fibres thermorégulatrices (BeCool) ; laine Mérinos qui ne gratte pas (chaussettes Venoflex Fast Laine, collant Sigvaris Kylmä, etc.)…

→ En cas de peaux sensibles ou réactives, préférer les fibres naturelles comme le coton (mélange polyamide-élasthanne-coton ; Radiante Qoton, Varisma Comfort Coton, Venoflex Fast Coton, Sigvaris Instinct Coton…), le lin, le bambou (chaussettes Sigvaris Bambou), la soie (Varisan Soie et Seta?24, chaussettes Sigvaris Soyance…).

→ En pratique : à enfiler le matin en commençant par le pied, zone la plus difficile à mettre car la plus compressive. Dérouler sans laisser de plis. Les porter quotidiennement, jusqu’au coucher, ou seulement lors des activités à risque en cas de troubles légers ou en prévention : longs trajets, station debout ou assise prolongée…

En cas de difficulté d’enfilage, utiliser un enfile-bas ou superposer deux bas de compression inférieure. Pas de crème hydratante, qui peut endommager les fibres, rendre l’enfilage difficile, voire compromettre l’adhérence des bas autofixants. Laver à 30, voire 40 °C, et sécher à plat.

Hygiène de vie

• Éviter prise de poids excessive, bains chauds prolongés et exposition des jambes à la chaleur.

• Limiter la station debout ou assise prolongée, notamment jambes croisées. Marcher régulièrement, y compris lors de longs trajets en train ou en avion, en déroulant le pas pour bien faire fonctionner la « pompe » du mollet.

• Porter des chaussettes de compression lors d’activités physiques avec à-coups, telle la course à pied.

(1) Évaluation des dispositifs de compression médicale à usage individuel, utilisation en pathologies vasculaires, HAS, septembre 2010.

(2) Selon le Centre de référence sur les agents tératogènes (Crat).

Le condiv

Les sensations de jambes lourdes sont le plus souvent les premières manifestations d’une insuffisance veineuse chronique (IVC), qui survient lorsque le réseau veineux ne peut plus assurer un drainage correct.

→ Causes : varices ou retour veineux défaillant (anomalie des valvules créant une stase dans le réseau veineux superficiel, ankylose de la cheville, immobilisation…), maladie post-thrombotique après une thrombose veineuse profonde.

→ Facteurs de risque : âge, sexe féminin, grossesse, obésité, antécédents familiaux de varices ou d’ulcères des membres inférieurs, sédentarité.

→ Signes cliniques : « jambes lourdes », fatigue ou tension douloureuse, impatiences (sensations d’engourdissement en étant immobile), œdème vespéral de la cheville. Signes d’autant plus évocateurs si favorisés par la station prolongée debout ou assise, la chaleur, la grossesse et, à l’inverse, améliorés par le froid, les jambes surélevées, la marche. Varicosités ou varices sont parfois associées.

→ Complications : au stade de varices, risque de rupture ou thrombose veineuse superficielle pouvant gagner le territoire profond ; aux stades sévères, des troubles trophiques apparaissent, dont le stade ultime est l’ulcère veineux.

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