Les officinaux remplissent leur mission avec succès… et plaisir - Porphyre n° 525 du 30/08/2016 - Revues
 
Porphyre n° 525 du 30/08/2016
 
DISPENSATION DES AUTOTESTS VIH

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Actus

Auteur(s) : Christine Julien

Décollage de la mission réussi. Un an après son arrivée en officine, en septembre 2015, le test d’orientation diagnostique du VIH est entré dans les mœurs des clients et des 11 000 pharmacies qui l’ont référencé. La Société française de lutte contre le sida (SFLS) a présenté, courant juillet, une enquête sur sa dispensation en pharmacie. Les deux vagues de questionnaires (voir encadré) avaient pour objectifs d’évaluer les pratiques de délivrance, l’impact des formations suivies pour en accompagner la vente, les besoins complémentaires des officinaux, et de cerner le profil des acheteurs.

Les tendances se confirment

Près de 90 % des répondants ont acheté des autotests dans les trois mois qui ont suivi leur sortie. Intégré au groupe de travail de la SFLS, Jean-Félix Albrecht, en sixième année à la faculté de Nancy, a largement contribué à l’élaboration du questionnaire et à l’analyse des résultats, dans le cadre de sa thèse. « 87 % des pharmacies l’avaient en stock au moment de l’enquête, dont la moitié d’entre elles étaient prêtes pour le 15 septembre 2015, jour J de la mise à disposition. Les autres ont suivi une formation mais n’ont pas référencé le test ». Sans surprise, les officines urbaines et de centre commercial en ont davantage vendu que les rurales (8 ou 4 versus 1 à 2 par mois sur la période d’enquête).

Les acheteurs sont plutôt des hommes (70 % en 2015 et 80 % en 2016), entre 18 et 50 ans, les moins de 25 ans représentant un peu plus du tiers. D’après les officinaux, plus de deux tiers des acquéreurs ne s’étaient jamais fait dépister. Un bon point de légitimité pour cet autotest. En revanche, son prix fait partie des points négatifs relevés dans les verbatim des répondants lors des premiers questionnaires en 2015. « Le prix de vente, en moyenne de 27,03 €, varie de 18 à 40 €. Certains trouvaient ça dommageable de se voir confier une mission d’éducation et de prévention de la santé avec un produit au coût d’achat élevé. Quelques pharmacies ont confié le vendre presque à prix coûtant ».

Plébiscite pour plus de communication

90 % des répondants en 2015 (versus 70 % en 2016) se sont formés. L’e-learning a fait le plein (70,5 % en 2015, 62,3 % en 2016), suivi par les documents Mylan, le présentiel – le plus apprécié – (Corevih, Utip, répartiteurs, etc.) et le document Cespharm. Malgré tout, les formations gagneraient à davantage aborder la façon de gérer un test positif (un seul signalé dans les enquêtes). « Certains évoquent la peur de la réaction de la personne ». Ils regrettent aussi « l’essoufflement de la communication après le 30 septembre ». Autre inconvénient, la délivrance obligatoire d’une « grosse boîte Dasri inadaptée » à une dispensation discrète. « D’ailleurs, certains ne la donnent pas ». Quand « d’autres placent directement les autotests en libre accès au milieu des préservatifs et tout ce qui concerne la sexualité pour banaliser l’achat ». Aux répondants qui reprochent aux formations leur silence sur les réseaux locaux de prise en charge de la séropositivité, Jean-Félix leur conseille de collecter eux-mêmes ces numéros « pour ne pas avoir à les chercher quand ils en auront besoin ». Et de les noter sur la fiche Cespharm prévue à cet effet.

Ces quelques incompréhensions sur les mesures pratiques d’accompagnement ou les obligations légales pour la dispensation n’entachent pas l’enthousiasme des répondants. Ni celle de Jean-Félix, qui, en attendant de passer sa thèse ce mois-ci, travaille dans une grosse officine de Nancy. En cinq minutes ou en une demi-heure selon les personnes, il dispense autotest et conseils au rythme des questions posées. Il en a même pratiqué in situ. « Isolé, au calme, vous avez le temps de parler. Je préfère presque, c’est plus instructif ». Et d’ajouter : « Aller à l’essentiel tout en s’adaptant à son public, voilà le défi du pharmacien ». Et du préparateur !

Méthodologie et nombre d’autotests vendus

→ Questionnaire en ligne auto-administré de 60 questions, élaboré par le groupe médicaments/pharmaciens de la Société française de lutte contre le sida (SFLS) avec Jean-Félix Albrecht pour sa thèse de pharmacie, « Mise en place des autotests de dépistage du VIH, de la formation aux premières dispensations ».

→ Deux vagues de questionnaires : automne 2015 et printemps 2016.

→ Répondants : officines acheteuses de tests et/ou ayant suivi des formations (10 795 en 2015 et 10 354 en 2016). 80 % de pharmaciens et 20 % de préparateurs.

→ Réponses analysées : 294 en 2015 et 209 en 2016.

→ Biais de l’étude : échantillons non exclusifs, questionnaire auto-déclaratif, implication variable dans le VIH.

→ Ventes d’autotests aux officinaux par Mylan au 19 juillet 2016 : 126 195, dont 40 079 pour la région parisienne, 9 321 pour la Normandie, 9 241 en Rhône-Alpes et 9 073 en Paca.

Pour suivre les communications à venir sur ces résultats : http://sfls.aei.fr/commission-pharmaciens-medicaments

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