Les genouillères de série - Porphyre n° 525 du 30/08/2016 - Revues
 
Porphyre n° 525 du 30/08/2016
 

Savoir

Le matériel

Auteur(s) : Anne-Gaëlle Harlaut

Incontournable dans la pathologie du genou, la classe des orthèses et attelles de genou de série est disparate, sur le plan de la sophistication, des indications, mais également de la prise en charge. Respect de la prescription et conseils de mise en place sont indispensables.

Définition

Les orthèses et attelles de genou de série, communément nommées « genouillères », sont des aides techniques orthopédiques. Ces dispositifs médicaux de classe I visent à maintenir l’articulation dans le cadre du traitement ou de la prévention de blessures et de lésions du genou.

Mode d’action

Elles exercent un effet mécanique en complétant, soutenant, compensant ou renforçant les fonctions motrices dans le but de corriger des déformations, de limiter plus ou moins fortement les mouvements du genou et de permettre, éventuellement, leur rééducation. Schématiquement, une orthèse stabilise l’articulation en permettant son utilisation, l’attelle l’immobilise.

Classification

Il n’y a pas de nomenclature universelle. Les critères de classification sont divers, les dénominations varient selon les fabricants et la LPP n’est pas toujours en phase avec. La frontière entre les types de produits est difficile à définir. La classification prend en compte l’influence sur la mobilité de l’articulation, le degré de sophistication et les indications.

Genouillères « dynamiques »

Elles permettent de conserver une mobilité de l’articulation plus ou moins forte.

• Genouillères élastiques de contention : de forme tubulaire ou « manchon », elles sont en matière élastique, tissu ou néoprène, et permettent une contention plus ou moins forte.

→ Les « simples » ou « de confort » préservent un degré de mobilisation important et ont surtout un effet anti-douleur, anti-œdémateux et proprioceptif – diminution de l’amplitude des mouvements. Exemples : Genouillère standard (Gibaud), Medi Soft et V5 31 (Medi), Genouillère confort (Salva 1), GenuSoft (Thuasne)…

→ Les rotuliennes, avec fenêtre rotulienne ouverte ou fermée, en général munies d’un anneau rotulien en silicone qui emprisonne la rotule et/ou d’un sanglage élastique qui la recentre par rapport au fémur. Elles évitent les mouvements de latéralité et la déviation externe de la rotule observés dans des pathologies traumatiques ou malformatives. Exemples : GenuTrain A3 2 et P3 (Bauerfeind), Genouillère rotulienne (Gibaud), Genumedi (Medi), Silistab Genu (Thuasne)…

→ Les ligamentaires : surtout conçues pour suppléer et protéger les ligaments latéraux, ces orthèses ont en général des baleines latérales de renfort, amovibles ou non, éventuellement maintenues par des sangles transversales réglables. Ces dernières limitent les mouvements contraignants avec une mobilisation sélective en flexion/extension, et stabilisent davantage l’articulation. Elles possèdent en plus fenêtre et anneau rotuliens. Exemples : GenuTrain (Bauerfeind), Genouillère ligamentaire 3 (Salva), Ligastrap Genu et Genu Pro Activ (Thuasne)…

→ Genouillères articulées : souvent plus longues que les précédentes, elles sont munies de renforts latéraux rigides articulés sur toute la hdiv, nommés dans la LPP « articulation mono- ou polycentrique, avec ou sans secteur réglable de mobilité articulaire », maintenus par des sangles auto-accrochables transversales en haut et en bas de la genouillère. En textile et/ou rigides, de forme manchon à enfiler ou à ouverture totale, elles ont parfois des adjonctions qui orientent leur indication : à visée ligamentaire avec des sangles élastiques à positionner pour un effet « strapping » ; rotulienne avec un insert rotulien, des sangles correctrices… ; avec contrôle de l’amplitude articulaire via des cales ; pour gonarthrose avec système de correction du valgus ou du varus ou un insert viscoélastique à effet massant. Exemples : Genulig et Rotulig (SM Europe), Softec et GenuTrain S et S Pro 4 (Bauerfeind), Genugib Open, Stab, Balnéo, Arthrose ou Rom (Gibaud), Stabimed Pro ou D.TEX (Medi), Genouillère articulée ouverte ou fermée (Salva), Ligaflex (Thuasne)… Il existe aussi des genouillères quatre points, rigides et ajourées avec des embrasses rigides antérieures au niveau de la cuisse et postérieures au niveau du mollet, et des sangles de maintien, notament indiquées pour la reprise d’activité lors d’instabilités ligamentaires. Exemples : SecuTec Genu (Bauerfeind), GII Paradigm 5 (Gibaud), M4S (Medi)…

Attelles d’immobilisation

« Non articulées » et aussi appelées « attelles de Zimmer », les attelles d’immobilisation visent à bloquer les mouvements de l’articulation, y compris flexion et extension, dans une position définie, en extension totale (0°) ou en flexion de 20°. Le plus souvent en tissu non élastique fort, munies de renforts métalliques rigides latéraux et postérieurs, et de velcros ou clips pour les fermer, elles peuvent être monobloc ou avoir des panneaux mobiles adhésifs sur eux-mêmes qui permettent une ouverture totale, notamment pour les soins. Exemples : Attelle de genou 0° ou 20° (Gibaud), Attelle de genou (Medi), Monobloc Standard 6 et 3 volets universelle (Salva), Ligaflex Immo (Thuasne)… Certaines y associent la cryothérapie avec poches de gel réfrigérant. Exemples : Attelle Stabi- froid (Altéor), Attelle de genou Kit Compressive cryothérapie (Ezy Wrap)…

Indications

Les genouillères sont utilisées en traumatologie préventive et curative, en rhumatologie et pour suppléer certaines déficiences/malformations articulaires. Le choix dépend de l’affection et de sa gravité.

• Genouillère élastique de contention simple : antalgie, maintien proprioceptif, prévention secondaire dans l’arthrose, reprise d’activité après traumatisme, œdème post-opératoire, troubles musculo-squelettiques…

• Rotulienne et articulée fémoro-patellaire : instabilité rotulienne, subluxation de la rotule, gonarthrose, lésion du ménisque, tendinopathie rotulienne, chondropathie…

• Ligamentaire : instabilité ligamentaire, lésions traumatiques de ligaments telles qu’entorses bénignes à gravité moyenne, suite et séquelles d’entorses, reprise du sport.

• Articulées : entorses, instabilité chronique, rééducation post-opératoire, reprise du sport, instabilité ligamentaire, gonarthrose…

• Attelles d’immobilisation : pré- ou post-intervention chirurgicale, entorse grave, rupture des ligaments croisés, choc direct, arthrite…

Législation

Prescription

Par un médecin ou un kiné sur une ordonnance indépendante des autres produits de santé, précisant si possible l’atteinte et le port.

Inscription LPP

Elles sont inscrites au titre II Orthèses et prothèses externes > Orthèses > sous-sections…

• Orthèses élastiques de contention des membres (section D) > Catégorie élastique en un sens extensible autre sens, classes de pression I, II, III sous la dénomination « Genouillère », code LPP 201D02.5, tarif : 17,69 €, auxquel peuvent s’ajouter des suppléments :

→ évidement rotulien avec ou sans fenêtre pour genouillère, code 201D04.2 (1,61 €) ;

→ baleinage articulé ou non pour genouillère, code 201D04.3 (2,58 €) ;

→ amortisseurs pour genouillère et chevillère, code LPP 201D04.4 (2,58 €).

À noter : une genouillère « armée DV4 » (201D06.4 à 13,16 €) inscrite dans « Divers » comporte un double tissage élastique où s’interposent un coussin en caoutchouc mousse pour un effet thermique et deux armatures souples de ressorts serpentins (exemple : Gibortho DV4 pour gonarthrose douloureuse).

• Appareils divers de correction orthopédique (section 7) sous ces deux dénominations :

→ genou, attelle et orthèse non articulée, code LPP : 2124338, tarif LPP : 57,23 € ;

→ genou, attelle et orthèse articulée, code LPP : 2152211, tarif LPP : 102,29 €.

• Prix unitaire : non réglementé, donc dépassement possible, le tarif de vente étant lié au degré de sophistication des genouillères.

• Délai de renouvellement : non spécifié, il est « assujetti à une prescription qui prend en compte les modifications physiologiques ou pathologiques du patient ».

En pratique

L’essayage de la genouillère est indispensable. L’adapter sans gêne ressentie, ni glissement lors de la marche, sans comprimer l’articulation. Ajuster au fur et à mesure si un œdème est en cours de résorption.

Les attelles d’immobilisation se portent le plus souvent au-dessus du pantalon.

La durée du port, fonction de la pathologie, est à préciser par le médecin.

La laver à la main avec savon et eau à 30 °C maximum ; retirer les renforts latéraux amovibles. Rincer et laisser sécher à l’air libre.

Avec l’aimable relecture de Daniel Carray, orthopédiste, masseur-kinésithérapeute, enseignant à l’ACPPAV de Poissy (78).

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