Quand l’officine fait déchanter - Porphyre n° 518 du 02/12/2015 - Revues
 
Porphyre n° 518 du 02/12/2015
 

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Auteur(s) : Annabelle Alix

Le métier de préparateur attire toujours, mais les conditions de son exercice en font partir plus d’un. L’Observatoire des métiers dans les professions libérales a livré à Porphyre les résultats d’une grande enquête sur l’insertion professionnelle des préparateurs.

Les trois quarts des jeunes diplômés préparateurs restent en officine. Pour un temps seulement… Une vaste enquête de l’Observatoire des métiers dans les professions libérales (OMPL), que nous avons pu consulter en avant-première, lève le voile sur les intentions de carrière des jeunes diplômés et des élèves de BP2. Le constat est plutôt mitigé. Trois ans après leur entrée en formation, deux tiers des anciens apprentis sont encore dans la branche. Ce chiffre (66 à 67 %) excède le taux national d’insertion, tous secteurs d’apprentissage confondus (62 %). Il atteint même 70 % chez les préparateurs formés par contrat de professionnalisation. Mais près de la moitié des anciens apprentis auront déserté l’officine trois ans plus tard.

Un préparateur averti en vaut deux

Chez les apprentis, les départs de l’officine débutent dès l’entrée en première année de formation (6 à 8 %), pour se poursuivre après le diplôme. Avec un pic de sorties en seconde année de BP. Année difficile ? Désillusion, une fois bien ancrés sur le terrain ? La prise de conscience des réalités du métier semble avoir un impact sur plus d’un tiers des projets professionnels. Près de la moitié (44,6 %) des élèves en BP2 reconnaissent que leur image de la profession a changé depuis leur entrée en formation. Et pour la majorité d’entre eux, le tableau s’est assombri : salaire trop faible, manque de reconnaissance, de responsabilités ou de perspectives d’évolution, aspect trop commercial du métier…

Ces découvertes sur le terrain ont des conséquences. À peine plus de la moitié (53 %) des élèves en BP2 sondés projettent de travailler en officine à la fin de leur formation. Ces raisons poussent aussi les diplômés vers la sortie. Deux tiers d’entre eux ne se voient pas effectuer toute leur vie professionnelle en officine et 43 % pointent un salaire trop faible. Face à ces déçus de l’officine, il en est de plus avertis. « 2 % des apprentis ont eu une période de travail en officine avant le début de leur formation », pointe l’OMPL dans son étude. Et les chiffres parlent. « Le fait d’avoir travaillé en officine avant la formation révèle peut-être un projet professionnel davantage mûri, qui aboutit à un maintien dans la branche plus fréquent », révèle l’enquête.

L’hôpital comme échappatoire ?

Parmi les diplômés de 2010 à 2014, un tiers des préparateurs a suivi d’autres formations après le BP, et ce taux progresse avec l’ancienneté. 13 % des diplômés se sont tournés vers l’hôpital, également convoité par près de 15 % des BP2. Est-ce une vocation ou un moyen d’échapper aux conditions de travail en officine ? Les réponses des intéressés, diplômés et BP2, semblent accréditer la seconde hypothèse.

29 % des diplômés qui se sont tournés vers l’hôpital entendent avant tout fuir l’aspect commercial de l’exercice officinal et la relation clientèle. Ensuite, seulement, vient la motivation d’effectuer des tâches diversifiées, tout de même citée par un hospitalier sur cinq. Du côté des BP2, s’ils sont attirés par l’hôpital pour acquérir une autre expérience, ils entendent aussi échapper aux horaires contraignants de l’officine, au contact client, percevoir un meilleur salaire et bénéficier de meilleures perspectives d’évolution.

La santé ou la vente comme alternative

Le BP en poche, 6 % des diplômés ont embrayé sur d’autres études dans la santé en raison d’une paie trop faible et 4,5 % occupent un emploi ailleurs qu’à l’officine ou cherchent à le faire. Ceux-là se dirigent généralement vers des métiers connexes, tel que délégué pharmaceutique, ou vers le secteur sanitaire et social, aide-soignant, etc. Certains optent pour les métiers de la vente car ils n’ont pas trouvé d’emploi dans la branche, ou qu’ils ont, eux aussi, jugé le salaire de préparateur insuffisant.

Le contrat « pro », le mal-aimé

Malgré leur nombre en recul d’année en année, les anciens « contrats pro » s’insèrent mieux dans la branche que les ex-apprentis. 81 % d’entre eux restent en officine une fois diplômés. Plus âgés, ils sont probablement plus matures et peuvent s’avérer plus débrouillards. Leur projet est souvent plus réfléchi, près d’un quart d’entre eux (21 %) travaillaient déjà en officine avant de se lancer dans la formation. Ils savaient donc à quel métier s’attendre. 44 % des contrats pro exerçaient déjà dans la pharmacie qui a signé leur contrat de formation. La moitié d’entre eux est ensuite recrutée dans la pharmacie, pour seulement un tiers des anciens apprentis. « Pour les “contrats pro”, il s’agit, dans certains cas, d’une promotion d’employés en pharmacie […] qui occupent ensuite un poste de préparateur dans la même officine », conclut l’OMPL.

L’enquête

« L’insertion des bénéficiaires d’un contrat d’apprentissage ou de professionnalisation »

→ Problématique : une baisse du nombre de préparateurs en début de carrière est observée.

→ Objectif : caractériser les deux populations de candidats au BP (apprentis et contrats de professionnalisation) et l’usage des deux dispositifs ; mesurer l’insertion des diplômés et analyser leur mobilité en début de carrière.

→ Finalité : proposer des pistes pour ajuster la politique de formation de la branche et optimiser les moyens alloués.

→ Méthodologie : enquête téléphonique réalisée en février 2015 auprès de 100 pharmaciens, questionnaire en ligne auprès de 1 033 anciens élèves et de 981 BP2 ; étude quantitative à partir de données de la caisse de retraite Klesia.

En chiffres

→ 53 110 préparateurs en officine (22 616 employeurs).

→ 8 000 élèves en formation BP chaque année (4 000 BP1, 4 000 BP2), dans 65 organismes de formation.

→ 80 % en apprentissage et 15 % en contrat de professionnalisation.

Sur les années 2010 à 2014, le taux de réussite au BP a été de 92 %. Plus de la moitié des diplômés exercent un temps dans l’officine qui les a formés.

Les titulaires forment encore !

Plus d’un tiers des titulaires (37 %) ont recruté un candidat au BP dans les cinq dernières années.

Un sur trois forme pour garder

• 37 % des titulaires accueillent des élèves pour les garder une fois diplômés. Les autres, seulement pour « former des préparateurs ».

• Les titulaires qui n’ont pas pris d’élèves les cinq dernières années l’expliquent par l’absence de besoin (29 %), une installation trop récente (16 %), un manque de disponibilité (14 %) ou des raisons financières et de conjoncture économique (13 %).

Ils préfèrent les apprentis

• 57 % des titulaires préfèrent les apprentis aux contrats de professionnalisation en raison d’un « coût moins important » et d’une certaine « malléabilité des apprentis », plus jeunes. Mais 5 % préfèrent embaucher des « contrats pro », plus âgés, donc plus matures.

• 45 % recruteraient l’un ou l’autre parce qu’ils ne connaissent pas bien les différences.

La motivation, critère de choix

• Pour 30 % des titulaires, la motivation du candidat est le critère déterminant l’embauche. Sont aussi mentionnés la qualité du relationnel avec la clientèle (26 %), la présentation et l’expression du candidat (22 %), ses compétences techniques (20 %), sa personnalité (17 %), son expérience professionnelle (15 %) et les références de son CV (12 %).

• En vue d’une embauche pérenne, les titulaires préféreraient recruter un préparateur en formation, plutôt qu’un préparateur expérimenté ou très diplômé.

La formation au tutorat séduit peu les titulaires

• Seuls 15 % des titulaires ont suivi une formation au tutorat. Celle-ci « semble se limiter, dans la majorité des cas, à une information ou à une sensibilisation en CFA », précise l’OMPL. Huit employeurs ont jugé cette formation utile. Les autres estiment qu’elle ne leur a pas apporté grand-chose.

Un niveau faible ?

• Un tiers des pharmaciens a rencontré des difficultés durant la formation des élèves.

• 37 % pointent un niveau trop faible du candidat ou un problème de compétences, 27 % se plaignent d’un manque de maturité et 23 % ont été confrontés à une attitude ou à un relationnel défaillant.

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